Passionné depuis son enfance par la physique quantique et le clavecin, Philippe Clévenot suit pourtant les cours de l'Ecole supérieure d'art dramatique de Strasbourg. Il participe à l'aventure du Théâtre de l'Espérance avec Jean Jourdheuil et Jean-Pierre Vincent et intègre en 1976 le collectif du Théâtre national de Strasbourg.
Ce comédien à la longue silhouette maigre, voûtée et au physique d'intellectuel torturé apparaît épisodiquement à l'écran depuis son passage dans Les camisards (1970), le film culte du réalisateur René Allio. Il est bien difficile de classer cet interprète qui a joué tour à tour le fiancé éconduit, lunaire et burlesque (Céline et Julie vont en bateau, 1973, de Jacques Rivette), le détenu politique, grave et combatif (Yeux des oiseaux, 1982, de G. Auer), le flic vichyste, tortionnaire impassible (Blanche et Marie, 1984, de Jacques Renard) ou encore le mari juif en proie à des pulsions suicidaires au côté de Nathalie Baye (De guerre lasse, 1987, de Robert Enrico). Le jeu stylisé de Philippe Clévenot, sa diction incisive et scandée lui permettent d'apporter une certaine théâtralité, jamais excessive, aux personnages qu'il interprète et ressent avec justesse (" Ressentir, ce n'est pas une question d'émotion ; le texte est là, et il n'y a jamais rien à forcer, ce serait trop simple de pleurer quand on dit qu'on pleure ! Non, ressentir, c'est savoir que l'on est, à tel moment, juste, pas juste au sens de minimum, mais juste juste ").
Plutôt solitaire, secret et marginal, cet acteur mystérieux évolue particulièrement bien dans l'univers étrange d'Hugo Santiago (Les trottoirs de Saturne, 1984). On sent cet acteur " habité ", toujours emporté par la passion de jouer. Même dans ses rôles les plus modestes, celui d'un mécène protecteur et encourageant dans Camille Claudel (1988) de Bruno Nuytten ou d'un accordeur aveugle dans Embrasse-moi, (1988) de Michèle Rosier, sa grande maîtrise, sa compétence et sa ferveur professionnelle étonnent. L'austérité de son allure n'empêche pas ce lettré sensible d'interpréter des rôles loufoques, comme le suggèrent le curé allumé, pourvoyeur de cadavres des Deux Fragonard (1988) de Philippe Le Guay, ou encore le professeur jovial et planant de Roselyne et les lions, (1988) de Jean-Jacques Beineix. Il tourne également avec Bertrand Blier (Merci la vie, 1990), Patrice Leconte (Le mari de la coiffeuse, 1990), ou encore Nicole Garcia (Place Vendôme, 1997).
Au théâtre, Philippe Clévenot interprète les rôles les plus fous du répertoire classique sous la direction de metteurs en scène comme Bernard Sobel, Matthias Langhoff ou Peter Zadek. Son interprétation de Jouvet dans Elvire Jouvet 40, pour laquelle il reçoit le Molière du meilleur acteur en 1988, le fait connaître du grand public. Pensionnaire à la Comédie-Française en 1986 et 1987, il quitte cette maison pour exercer librement son talent dans des rôles qu'il se plaît à choisir pour leur difficulté. Il a ainsi été Cotrone le Magicien dans Les géants de la montagne de Pirandello et, en 1998, il est l'inquiétant Schlink dans une pièce de Brecht, Dans la jungle des villes, mise en scène par Stéphane Braunschweig.
1970 | Camisards (Les) | René Allio |
1972 | Moine (Le) | Ado Kyrou |
1973 | Céline et Julie vont en bateau | Jacques Rivette |
1973 | Escapade (L') | Michel Soutter |
1973 | France Société Anonyme | Alain Corneau |
1973 | Mariage à la mode (Le) | Michel Mardore |
1974 | Histoire de Paul | René Féret |
1975 | Conquistadores (Les) | Marco Pauly |
1978 | Flamme Empor | Eberhard Schubert |
1979 | Cocktail molotov | Diane Kurys |
1979 | West Indies | Med Hondo |
1981 | Chanson du mal aimé (La) | Claude Weisz |
1981 | Eaux profondes | Michel Deville |
1982 | Yeux des oiseaux (Les) | Gabriel Auer |
1984 | Blanche et Marie | Jacques Renard |
1984 | Mystère Alexina | René Féret |
1985 | Diesel | Robert Kramer |
1985 | Swing troubadour | Bruno Bayen |
1985 | Trottoirs de Saturne (Les) | Hugo Santiago |
1987 | Camille Claudel | Bruno Nuytten |
1987 | De guerre lasse | Robert Enrico |
1987 | Embrasse-moi | Michèle Rosier |
1988 | Deux Fragonard (Les) | Philippe Le Guay |
1988 | Je t'ai dans la peau | Jean-Pierre Thorn |
1988 | Roselyne et les lions | Jean-Jacques Beineix |
1989 | Eden miseria | Christine Laurent |
1990 | Coup suprême (Le) | Jean-Pierre Sentier |
1990 | Mari de la coiffeuse (Le) | Patrice Leconte |
1990 | Merci la vie | Bertrand Blier |
1992 | Place d'un autre (La) | René Féret |
1995 | Mordbüro | Lionel Kopp |
1997 | Disparus | Gilles Bourdos |
1997 | Place Vendôme | Nicole Garcia |
2000 | Malraux, tu m'étonnes ! | Michèle Rosier |