Paulette Coquatrix quitte les études précocement. Son oncle, le producteur Adolphe Osso la place à un poste de secrétaire au service des scénaristes, sous la direction Saül Collin. Au contact de cet homme " brillant et cultivé ", Paulette Coquatrix se prend de passion pour les arts, le théâtre, la danse et la littérature. Pendant la guerre, elle s'intéresse tout particulièrement à la mode qui lui permet de " manifester au moins sur le plan vestimentaire une certaine indépendance " et devient modiste. A la Libération, Bruno Coquatrix - son mari - l'incite à devenir costumière de théâtre. Formée par le costumier Jacques Costet, elle signe ses premières créations pour la scène sous le nom de Paulette Catherine. Sous ce patronyme, elle conçoit les costumes du cabaret Le Baccara que dirige son mari en 1949 et habille, dès 1947, les différentes opérettes mises en musique ou produites par ce dernier : Maharadjah , Le Chevalier Bayard (1948), Baratin (1949), Monsieur Bourgogne (id.), Il faut marier maman (1950) et La route fleurie (1952).
D'Une femme par jour (1948) à Zazie dans le métro (1960), Paulette Coquatrix, couturière et costumière pour le cinéma, pose sa griffe sur une trentaine de films français des années cinquante.
Intéressé par le cinéma, Bruno Coquatrix crée avec Ray Ventura la société Hoche Productions en 1946. Dès lors, Paulette Coquatrix est amenée à superviser la création de nombreux costumes, collaborant avec les grands créateurs du moment comme Rosine Delamare, Marc Doelnitz et Georges Annenkov et habillant à plusieurs reprises Dany Robin, Danielle Darrieux ou encore Michèle Morgan. Si elle conçoit ses premiers costumes en 1948 - sous le patronyme de Paulette Catherine - pour le film de Jean Boyer Une femme par jour ; il faudra attendre quatre ans avant qu'elle appose définitivement son nom avec Femmes de Paris (id., 1952). A l'aise avec l'ensemble des genres cinématographiques alors en vogue, Paulette Coquatrix est " fière d'être le seul costumier de cinéma à créer également des robes de style pour films historiques, des robes modernes et indémodables pour les films sur notre époque et des robes à la dernière mode pour ses clientes personnelles ". Mariée au principal artisan des comédies musicales à la française, Paulette Coquatrix s'oriente tout naturellement vers le film musical. Après le " film opérette " Une femme par jour, elle dessine les costumes de Femmes de Paris, un hommage au cabaret avec de grandes figures des nuits parisiennes : Micheline Dax, Robert Lamoureux, Roger Pierre, l'orchestre de Ray Ventura et Nadine Tallier, ancienne présentatrice de Bobino. Pour French Cancan (1954), Jean Renoir lui demande de reproduire les bibis des cancanières du Moulin Rouge ; la même année elle crée les robes de la chanteuse de cabaret interprétée par Micheline Presle dans Les Impures (Pierre Chevalier). L'année suivante, elle exécute les robes de Marguerite la nuit (Claude Autant-Lara), puis - toujours en collaboration avec Rosine Delamare - de la comédie musicale Bonsoir Paris, bonjour l'amour (Ralph Baum, 1956) et de Baratin (Jean Stelli, id.), adaptation pour l'écran d'une pièce de son époux. Avec ces robes fendues ou froufroutantes, ces chemises à jabot, manches ballon, dos nus et justes au corps, Paulette Coquatrix restitue avec talent l'apparat féminin des soirées dansantes. La costumière excelle aussi dans les films du Milieu avec ces vamps et filles de petite vertu. En 1955, elle habille l'adaptation du roman Francis Carco M'sieur la Caille (André Pergament), avec Jeanne Moreau et Marthe Mercadier. Deux ans plus tard, elle conçoit les robes de Dominique Wilms dans Le Grand bluff, puis celles portées par Danik Patisson et Tilda Thamar pour Incognito, deux films réalisés par Patrice Dally avec Eddie Constantine. Pour les films d'époque ou historiques, Paulette Coquatrix puise son inspiration dans les ouvrages de référence en histoire du costume - principalement du XVIIe au premier quart du XXe siècle. Elle habille les deux grandes productions en costumes de Sacha Guitry : Si Versailles m'était conté (1953) et Napoléon (1954). Pour ce dernier film et ses 6 300 figurants en costume, elle réalise tuniques en coton satiné, brodées ou drapées, agrémentées de noeuds. La même année, elle pare la star hollywoodienne Yvonne De Carlo, courtisane dans La Castiglione (Georges Combret), de robes à crinoline, chemisiers en dentelles, corsages, chapeaux et voilettes. Suivent, entre autres, Le Rouge et le Noir (Autant-Lara, id.) ; Frou-Frou (Augusto Genina, id.), C'est arrivé à Aden (Michel Boisrond, 1956), Sans Famille (André Michel, 1957), Signé Arsène Lupin (Yves Robert, 1959) et ses robes pour Alida Valli. Pour sa dernière collaboration avec le cinéma, Paulette Coquatrix signe l'ensemble mauve que porte Yvonne Clech dans Zazie dans le métro (Louis Malle, 1960) : une capeline ornementée d'une fleur sur la poitrine assortie à une robe en feutrine de coton et franges.
Paulette Coquatrix habille les représentations de nombreuses scènes parisiennes, la plupart liées à son mari Bruno Coquatrix (L'Européen, le Saint-Georges, la Comédie-Caumartin, l'Atelier, le Théâtre Fontaine, Marigny ou encore l'Ambigu-Comique). Costumière et couturière pour le théâtre, Paulette Coquatrix crée et réalise les costumes pour les pièces et opérettes suivantes : Mobilette (mise en scène : Jean-Marc Thibault, 1953), La Volupté de l'honneur (Jean Mercure, id.), Une Visite de noces (id.), L'Amour des quatre colonels (Jean-Pierre Grenier, 1954), La Mouette (André Barsacq, 1955), Un monsieur qui attend (Pierre Dux, id.), Ne faites pas l'enfant (Michel de Ré, 1957), Coquin de printemps (Jacques-Henri Duval, 1958). Spécialisée dans les toilettes féminines, elle crée les robes de Simone Paris pour L'Ami de la famille (Bernard Blier, 1955) et exécute pour L'Etonnant Pennypacker (Jean-Pierre Grenier, 1958) des " robes délicates et somptueuses " inspirées de la Guerre de Sécession. A Lyon, Paulette Coquatrix habille pour le théâtre des Célestins les représentations de Schnok (Fred Pasquali, 1952), L'Homme qui se donnait la comédie (Daniel Gélin, 1955), Jupiter (Jacques-Henri Duval, 1956), et exécute les robes de Danielle Darrieux dans Le Chandelier (Fernand Ledoux, 1959). Enfin, elle conçoit les costumes de la pièce Sodome et Gomorrhe (Charles Gantillon) présentée lors du Festival de Lyon-Charbonnières en 1958.
De nombreuses actrices sont clientes de l'" Atelier Paulette Coquatrix ", sa propre marque de confection, parmi elles Dany Carrel pour qui " ses robes sont créées pour s'adapter à sa personnalité " ou encore Audrey Hepburn, avant d'être habillée par Givenchy.
A la mort de son mari en 1979, Paulette Coquatrix co-dirige L'Olympia avec son neveu Jean-Marc Boris jusqu'en 2001.
1948 | Une femme par jour | Jean Boyer |
1952 | Femmes de Paris | Jean Boyer |
1953 | Si Versailles m'était conté | Sacha Guitry |
1954 | Castiglione (La) | Georges Combret |
1954 | French Cancan | Jean Renoir |
1954 | Frou-Frou | Augusto Genina |
1954 | Impures (Les) | Pierre Chevalier |
1954 | Napoléon | Sacha Guitry |
1954 | Rouge et le noir (Le) | Claude Autant-Lara |
1954 | Scènes de ménage | André Berthomieu |
1954 | Vicomte de Bragelonne (Le) | Fernando Cerchio |
1955 | Affaire des poisons (L') | Henri Decoin |
1955 | Amant de Lady Chatterley (L') | Marc Allégret |
1955 | M'sieur la Caille | André Pergament |
1955 | Marguerite de la nuit | Claude Autant-Lara |
1956 | Aventures d'Arsène Lupin (Les) | Jacques Becker |
1956 | Baratin | Jean Stelli |
1956 | Bonsoir Paris, bonjour l'amour | Ralph Baum |
1956 | C'est arrivé à Aden | Michel Boisrond |
1957 | Coin tranquille (Le) | Robert Vernay |
1957 | Grand bluff (Le) | Patrice Dally |
1957 | Incognito | Patrice Dally |
1957 | Mimi Pinson | Robert Darène |
1957 | Sans famille | André Michel |
1957 | Thérèse Etienne | Denys de La Patellière |
1958 | Chéri, fais-moi peur | Jack Pinoteau |
1958 | Désordre et la nuit (Le) | Gilles Grangier |
1958 | Miroir à deux faces (Le) | André Cayatte |
1958 | Tant d'amour perdu | Léo Joannon |
1959 | Chemin des écoliers (Le) | Michel Boisrond |
1959 | Signé Arsène Lupin | Yves Robert |
1959 | Yeux de l'amour (Les) | Denys de La Patellière |
1960 | Zazie dans le métro | Louis Malle |