Fille d'un couple d'acteurs célèbres, Romy Schneider grandit en Bavière près de Berchtesgaden, lieu de villégiature d'Adolf Hitler. Son père est proche du régime nazi. Après la guerre, sa mère, la comédienne Magda Schneider, décide de prendre en main la carrière de sa fille, entrée à l'école des Beaux-Arts de Cologne, mais qui a fait des débuts prometteurs à ses côtés en 1953 dans Lilas blancs de Hans Deppe. Le cinéaste Ernst Marischka engage la mère et la fille pour Les Jeunes années d'une reine (1954). Elles tournent ensuite 7 films ensemble, Magda imposant sa fille comme la figure de la jeune héroïne allemande, fraîche et romantique. Le triomphe des trois Sissi (1955-1957), inspirés de la vie de l'impératrice d'Autriche Élisabeth de Wittelsbach, fait de Romy Schneider une célébrité mondiale. Mais la jeune actrice, en désaccord avec cette image de princesse de conte de fées, refuse un 4e Sissi et rompt avec une mère qui rêve pour sa fille d'un destin tout tracé.
Star internationale, comédienne passionnée et tourmentée, Romy Schneider s'est réinventée à chacun de ses rôles.
1958 est une année charnière pour Romy Schneider : Pierre Gaspard-Huit lui confie le rôle principal de Christine, que sa mère avait tenu en 1933 dans Liebelei de Max Ophuls dont ce film est le remake. Elle aurait choisi sur photo son partenaire, Alain Delon, un jeune premier peu connu, farouche et libre, venu d'un milieu populaire, qui est tout son contraire. Le couple tombe amoureux et Romy Schneider décide de s'installer à Paris, dans un pays dont elle ne parle pas la langue. Ce départ est vécu comme une trahison par les Allemands et un scandale par ses parents, privés de leur manne financière. Pour se démarquer de son image de jeune ingénue, Romy Schneider choisit de jouer une élève amoureuse de sa professeure dans un film jugé scandaleux, Jeunes filles en uniforme de Géza Radványi (1958). À Paris, elle rencontre Luchino Visconti qui lui donne sa vraie première chance en 1961 comme partenaire d'Alain Delon dans la pièce de théâtre Dommage qu'elle soit une putain du dramaturge anglais John Ford. Visconti lui donne la même année un premier rôle dans le film à sketchs Boccace 70. Clin d'oeil à ses débuts, l'actrice retrouvera le réalisateur en 1972 pour le rôle de Sissi dans Ludwig ou Le Crépuscule des dieux avec Helmut Berger. En 1962, Romy signe avec La Columbia un contrat pour 7 films et s'installe à Hollywood. Elle tourne un premier film avec Otto Preminger, Le Cardinal (1963), qui dénonce l'Église catholique comme une organisation politique complaisante envers le nazisme. L'actrice s'essaie à des genres nouveaux, comme la comédie, donnant la réplique à Woody Allen dans Quoi de neuf Pussycat ? de Clive Donner (1964) ou à Jack Lemmon dans Prête-moi ton mari de David Swift (1963). Le système de production américain, organisé autour du "star system", donne à la carrière de Romy une dimension internationale. En 1962, elle tourne sous la direction d'Orson Welles Le Procès, adapté du roman de Franz Kafka. Elle renouvelle son jeu dans un rôle de composition, jouant sans maquillage et s'impliquant avec passion sur le tournage en suivant de près le travail du réalisateur. Mais elle quitte Hollywood à la suite de sa rupture avec Alain Delon. En 1964, désireuse de se réinventer, elle s'engage dans l'aventure du film d'Henri-Georges Clouzot, L'Enfer, resté inachevé. Romy accompagne le réalisateur dans toutes ses expériences visuelles. Passionné par l'art contemporain et l'art cinétique, le cinéaste expérimente tous azimuts, notamment sur le corps de Romy Schneider, révélant son potentiel sensuel et érotique dans des visions hallucinatoires. Après l'arrêt du film, Romy retourne en Allemagne, où elle rencontre le metteur en scène Harry Meyen, dont elle a un fils, David, en 1966. Elle trouve un ilot de sécurité auprès de ce grand intellectuel juif allemand, passé par les camps de concentration. Pendant deux ans, l'actrice se consacre à son fils et à son mari et s'éloigne des écrans. En 1968, Alain Delon lui permet de revenir au premier plan dans La Piscine de Jacques Deray, en l'imposant dans le principal rôle féminin. Le triomphe du film marque un nouveau départ dans la carrière de Romy Schneider. La même année, sa rencontre avec Claude Sautet est décisive. Tous deux ont pour leur métier le même investissement passionné. Ils tournent ensemble un premier film, Les Choses de la vie en 1969. Puis viendront Max et les ferrailleurs (1970), César et Rosalie (1972), Mado (1976), avec le compagnonnage de Jean-Loup Dabadie pour le scénario et Michel Piccoli comme partenaire régulier. Avec Sautet, Romy Schneider se débarrasse définitivement de sa panoplie de star conventionnelle. Elle incarne aussi bien une prostituée à la sensualité voluptueuse que la femme libre des années 1970, maîtresse de son destin. Véritable collaboratrice de création, Romy Schneider participe à l'écriture des scénarios pour enrichir ses rôles. C'est elle qui "commande" presque à Sautet leur dernier film commun, Une histoire simple (1978), récit choral de femmes qui décident de leur vie et ne sont plus les faire-valoir des hommes. Le film fait écho à l'engagement de Romy Schneider qui signe en 1973 dans le magazine allemand Stern une tribune qui est l'équivalent du Manifeste des 343 publié en France dans Le Nouvel Observateur. Elle tourne avec de grands réalisateurs reconnus comme Pierre Granier-Deferre ou Costa-Gavras, mais travaille avec le même investissement pour des jeunes cinéastes comme Alain Cavalier en 1961 (Le Combat dans l'île) ou Francis Girod en 1974 (Le Trio infernal).
À partir du milieu des années 1970, la carrière de Romy Schneider amorce un tournant, son ambition d'actrice rejoignant des préoccupations plus intimes. Hantée par les liens de sa famille avec le régime nazi, se sentant en partie responsable de cette histoire en tant qu'allemande, elle s'engage avec une conviction passionnée dans des films se déroulant pendant la Seconde Guerre mondiale : Le Train de Pierre Granier-Deferre (1973) d'après Georges Simenon, avec Jean-Louis Trintignant, ou Le Vieux fusil de Robert Enrico (1975), avec Philippe Noiret, qui dénonce les atrocités commises par les nazis. Elle incarne avec intensité des personnages aussi bien transgressifs (La Banquière de Francis Girod (1980) que tragiques (La Mort en direct de Bertrand Tavernier (1979). En 1981, dévastée par la mort accidentelle de son fils David, elle tourne son dernier film, La Passante du Sans-Souci de Jacques Rouffio, dans lequel elle incarne une opposante au régime nazi. Le 29 mai 1982, Romy Schneider est retrouvée morte dans son appartement parisien.
Romy Schneider a aussi joué au théâtre. Au début des années 1960, elle monte sur les planches en Allemagne, au théâtre de Baden-Baden, où elle joue en français, avec une troupe française, la pièce La Mouette d'Anton Tchekhov.
Luchino Visconti la met en scène en 1961 dans Dommage qu'elle soit une putain du dramaturge anglais John Ford.
Son émancipation passe aussi par son corps. Elle est l'une des premières actrices à se dévoiler et à mettre en scène sa nudité. En 1971, elle pose pour des séances avec les photographes Eva Sereny et Giancarlo Botti, choisissant de se dévoiler entièrement nue.
1953 | Feuerwerk Feu d'artifice | Kurt Hoffmann |
1953 | Wenn der weisse Flieder wieder blüht [Quand refleuriront les lilas blancs] = [Lilas blancs] | Hans Deppe |
1954 | Mädchenjahre einer Königin Les Jeunes années d'une reine | Ernst Marischka |
1955 | Deutschmeister (Die) Mam'zelle Cri-cri | Ernst Marischka |
1955 | Letzte Mann (Der) Mon premier amour | Harald Braun |
1955 | Sissi | Ernst Marischka |
1956 | Kitty und die grosse Welt Kitty | Alfred Weidenmann |
1956 | Robinson soll nicht sterben Un petit coin de paradis | Josef von Báky |
1956 | Sissi, die junge Kaiserin Sissi impératrice | Ernst Marischka |
1957 | Monpti | Helmut Käutner |
1957 | Scampolo Mademoiselle Scampolo | Alfred Weidenmann |
1957 | Sissi, Schicksalsjahre einer Kaiserin Sissi face à son destin | Ernst Marischka |
1958 | Christine | Pierre Gaspard-Huit |
1958 | Halbzarte (Die) Eva, carnets de jeune fille | Rolf Thiele |
1958 | Mädchen in Uniform Jeunes filles en uniforme | Géza Radványi |
1959 | Ein Engel auf Erden Mademoiselle Ange | Géza Radványi |
1959 | Katia | Robert Siodmak |
1959 | Plein soleil | René Clément |
1959 | Schöne Lügnerin (Die) La Belle et l'empereur | Axel von Ambesser |
1961 | Boccaccio '70 : Il Lavoro Boccace 70 : Le Travail | Luchino Visconti |
1961 | Combat dans l'île (Le) | Alain Cavalier |
1962 | Procès (Le) | Orson Welles |
1962 | Victors (The) Les Vainqueurs | Carl Foreman |
1963 | Cardinal (The) | Otto Preminger |
1963 | Good Neighbor Sam Prête-moi ton mari | David Swift |
1964 | What's New Pussycat ? Quoi de neuf Pussycat ? | Clive Donner |
1965 | 10:30 p.m. Summer 10 H 30 du soir en été | Jules Dassin |
1966 | Romy - Portrait eines Gesichts [TV] Romy, anatomie d'un visage | Hans-Jürgen Syberberg |
1966 | Triple cross = La Fantastique histoire vraie d'Eddie Chapman | Terence Young |
1966 | Voleuse (La) | Jean Chapot |
1968 | Otley | Dick Clement |
1968 | Piscine (La) | Jacques Deray |
1969 | Bloomfield | Richard Harris, Uri Zohar |
1969 | Choses de la vie (Les) | Claude Sautet |
1969 | My Lover, My Son L'Inceste | John Newland |
1970 | Califfa (La) | Alberto Bevilacqua |
1970 | Max et les ferrailleurs | Claude Sautet |
1970 | Qui ? | Léonard Keigel |
1971 | Assassinio di Trotsky (L') Assassinat de Trotsky | Joseph Losey |
1972 | César et Rosalie | Claude Sautet |
1972 | Ludwig Ludwig ou Le Crépuscule des dieux | Luchino Visconti |
1973 | Mouton enragé (Le) | Michel Deville |
1973 | Train (Le) | Pierre Granier-Deferre |
1973 | Un amour de pluie | Jean-Claude Brialy |
1974 | Important c'est d'aimer (L') | Andrzej Zulawski |
1974 | Innocents aux mains sales (Les) | Claude Chabrol |
1974 | Trio infernal (Le) | Francis Girod |
1975 | Vieux fusil (Le) | Robert Enrico |
1976 | Gruppenbild mit Dame Portrait de groupe avec dame | Aleksandar Petrovic |
1976 | Mado | Claude Sautet |
1976 | Une femme à sa fenêtre | Pierre Granier-Deferre |
1978 | Bloodline Liés par le sang | Terence Young |
1978 | Clair de femme | Costa-Gavras |
1978 | Une histoire simple | Claude Sautet |
1979 | Mort en direct (La) | Bertrand Tavernier |
1980 | Banquière (La) | Francis Girod |
1980 | Fantasma d'amore Fantôme d'amour | Dino Risi |
1981 | Garde à vue | Claude Miller |
1981 | Passante du Sans-Souci (La) | Jacques Rouffio |