Formation
Après des études d'ingénieur à l'Institut électronique de Grenoble, Fred Orain débute au cinéma en 1931 en tant qu'ingénieur du son spécialisé dans la post-synchronisation de films américains et étrangers, puis comme chef monteur, et enfin chef d'édition pour les Actualités Paramount. Directeur des studios de Saint-Maurice (ex-Paramount), puis de La Victorine à Nice, il participe aux tournages des Visiteurs du soir (1942) de Marcel Carné et de Lumière d'été (1942) de Jean Grémillon en tant que directeur technique.
Carrière au cinéma
Producteur des premiers films de Jacques Tati, Fred Orain est également un promoteur infatigable du Court métrage.
C'est au côté du cinéaste Jacques Tati que Fred Orain entame sa carrière de producteur avec sa propre société : Cady-Films. Après avoir produit les courts métrages Soigne ton gauche (René Clément, 1936) et L'Ecole des facteurs (1947), il finance le premier long métrage du réalisateur, Jour de fête (1949). Pionnier, Fred Orain entend, grâce à ce film, moderniser le cinéma français : il impose à la fois la sonorisation par bande magnétique et la pellicule couleur (pour des raisons techniques, le film qui fut le premier français tourné en couleur ne sera présenté dans sa version couleur qu'en 1995). Projeté en noir et blanc, le film reçoit le Grand prix du cinéma français en 1950. Le succès - critique et commercial - lui permet de produire Les Vacances de monsieur Hulot (1953) - prix Louis-Delluc et Prix de la Critique à Cannes en 1953 -, bientôt suivi de Mon oncle (1958). Prix spécial du jury Cannes en 1958 et Oscar du meilleur film en langue étrangère l'année suivante, le film signe néanmoins de la fin la collaboration Orain-Tati. Indissociable de celui de Jacques Tati, le nom de Fred Orain est également associé à celui du réalisateur Marcel Carné pour qui il produit le mythique Enfants du paradis (1944), primé à Venise en 1946. Ces différentes réussites ne doivent pas pour autant occulter la grande passion de Fred Orain : le court métrage. En 1948, il interrompt son association avec Jean Paulvé et crée la société de production Armor-Films. Si la nouvelle firme produit quelques longs métrages (Premières armes, Histoires extraordinaires, Le Dindon...), elle se spécialise dans la production de formats courts. Plus de 130 courts métrages sont ainsi produits en moins de trente ans (1948-1973). Aux commandes institutionnelles (Ministère des Armées, Education Nationale, chambres de Commerce, offices de tourisme...) et industrielles s'ajoutent des productions originales et artistiques. Tous les genres figurent au catalogue d'Armor-Films : de la fiction (L'Aventure est au coin du bois, Deux petits anges, Opération dodo, La Main gantée) au documentaire historique et sociétal (Offlag XVII-A, Avenirs, Bon pour le service, Le Mur le plus long), en passant par l'animation (Les Mystères du Quai de Conti, Nocturne party, Un amour de chat, Et que ça saute) et la biographie (Le Grand Méliès, François Rude, sculpteur). Fred Orain porte un intérêt particulier au cinéma d'aventure et d'exploration, en premier lieu les expéditions polaires initiées par Paul-Emil Victor : Terre des glaces, Les Empereurs, Bjorn et Yfaut, chiens polaires, La Piste blanche, Allo ! Charcot, Nous avons 20 ans... Armor-Films contribue activement à l'essor du film de montagne essentiellement avec À l'assaut de l'Himalaya, un documentaire sur une expédition française sur le Nanda Devi, expédition endeuillée par la mort de deux alpinistes. Sous nos latitudes : Enfantillage (Alpe d'Huez), Dans le vieux chalet, S.O.S. Altitude (Mont-Blanc), Les Belles vacances (Chamonix) complètent cette collection. L'Afrique n'est pas oubliée, de nombreux courts métrages témoignant des problèmes sanitaires, politiques et économiques du continent : Un enfant d'Irelli, La Plus grande chasse, L'Enfant et la pluie. Tourné en 1961, la fiction Le Rossignol de Kabylie est un témoignage rare et poétique sur la guerre d'Algérie ; Le Vaisseau sur la colline célèbre quant à lui les cinquante ans de l'Université d'Alger.
Fred Orain est un producteur militant. En 1953, il fonde avec d'autres professionnels du cinéma (Jacques Baratier, Jacques Demy, Georges Franju, Chris Marker, Jean Mitry, Jean Painlevé, Agnès Varda...) le Groupe des Trente, une organisation qui oeuvre pour la défense et la promotion d'un court métrage de qualité. Fred Orain participe ainsi indirectement à l'émergence de la Nouvelle Vague. Cette qualité exigée par Fred Orain depuis ses débuts est récompensée. Trois courts métrages obtiennent la Prime à la Qualité du C.N.C. : Les Moines du Mont-Athos (1955), La Bonne conscience et Chevaux de neige (1972). Sélectionnées dans de nombreux festivals, ses productions y décrochent de nombreux prix à commencer par L'Ecole des facteurs, prix du court métrage comique en 1947. Cannes récompense Les Empereurs en 1954 et huit ans plus tard Présence d'Albert Camus et Le Peintre et le poète ; Venise honore Terre Adélie (1952), Du sel, du calcaire, du coke (1955), Vente aux enchères (1960) et Allo Charcot (id.).
Tout au long de sa carrière cinématographique Fred Orain rassemble autour de lui de nombreux professionnels du cinéma : Guy Decomble, Paul Frankeur, Jean Mousselle, Jacques Mercanton, René Wheeler, Jean Faurez, Georges Franju, Pierre Lhomme, Mario Marret, Marcel Gibaud, Albert Pierru, Samivel...
Autres activités
Dès 1944, Fred Orain contribue à fonder la Commission Supérieur Technique (C.S.T.), organisme chargé d'anticiper les défis techniques du cinéma comme les formats, le son, la couleur... Il crée en 1957, l'U.N.I.A.T.E.C. : version internationale du C.S.T. pour une coopération Est-Ouest.
De 1957 à 1958, Fred Orain est membre du Conseil supérieur du cinéma avant de devenir, de 1957 à 1976, président d'honneur de l'Union internationale des associations techniques cinématographiques.
Toujours à l'affut des nouvelles technologies, Fred Orain voit dans la télévision un formidable levier pour la promotion du court métrage. En 1952, le moyen métrage adapté de Nicolas Gogol Les Joueurs (53 mn.), avec Louis de Funès, est, selon les propres termes du producteur, un " succès total ". Dix ans plus tard, il coproduit avec l'ORTF Le Petit Nicolas. Cette adaptation de l'univers de Sempé et Goscinny avec Bernadette Lafont et Michael Lonsdale connaît un engouement similaire. En 1950, Fred Orain participe à la production de Holiday in Paris, une série de treize courts métrages toursitiques pour la télévision américaine.
Prix
- Prix pour l'ensemble de l'oeuvre, 1963 au Prix François-Duine