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Alexander Mackendrick

Réalisateur, Scénariste, Réalisateur seconde équipe, Auteur de l'oeuvre originale, Dialoguiste, Interprète


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Naissance
08 septembre 1912 à Boston, Massachussetts, Etats-Unis
Décès
22 décembre 1993 à Los Angeles, Californie, Etats-Unis
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Formation

Alexander Mackendrick naît en 1912 à Boston de parents d'origine écossaise, tout récemment émigrés aux États-Unis. Le jeune garçon perd très tôt son père, ingénieur en construction navale. Pour subsister, sa mère devient couturière et envoie son fils unique, qui n'a que six ans, rejoindre son grand-père sur sa terre natale, à Glasgow. L'enfant y mènera une vie solitaire. Il n'aura plus jamais de nouvelles de sa mère. Plus tard, il étudie le dessin à la Glasgow School of Art, puis, à l'orée des années 1930, part s'installer à Londres et débute comme directeur artistique dans une agence de publicité. Dès 1937, Alexander Mackendrick travaille au département scénario des tous nouveaux studios de Pinewood près de Londres. Durant la Seconde Guerre mondiale, il est engagé par le Ministère de l'Information britannique pour réaliser des films de propagande. Affecté plus tard à la " Division de la guerre psychologique " en Italie, il en devient en 1943 le directeur de l'unité Cinéma.

Carrière au cinéma

Alexander Mackendrick est l'un des fondateurs de l'école humoristique anglaise des années 1950. Sa filmographie relativement courte a abordé en les dépassant par son originalité plusieurs genres cinématographiques.
En 1946, Mackendrick entre aux Studios Ealing, près de Londres, en qualité de scénariste et de story-boarder. Ces studios sont alors la plus entreprenante des sociétés de production anglaises. Dans cette période d'après-guerre, ils s'engagent dans la production de comédies satiriques empreintes de critique sociale qui deviendront leur marque de fabrique. Alexander Mackendrick passe rapidement à la réalisation. Sur les neuf longs métrages qu'il tournera dans sa carrière, cinq seront produits par les studios Ealing, entre 1949 et 1955. Le cinéaste y trouve une précieuse liberté de création qui va lui permettre de réaliser des films très personnels.
Whisky à gogo (1949), son premier long métrage, est d'entrée de jeu un chef-d'oeuvre et deviendra un classique de la comédie anglaise. Pierre fondatrice de l'oeuvre du réalisateur, tourné en décors naturels sur une île des Hébrides écossaises, le film s'inspire d'un fait divers réel, l'échouage d'un navire chargé de caisses de whisky au large d'une île que la Seconde Guerre mondiale a plongé dans une pénurie de whisky. Mêlant comédiens professionnels et figurants recrutés sur place, Mackendrick met en scène avec une grande originalité de ton la confrontation entre de joyeux pillards d'épave pressés de faire main basse sur une cargaison prometteuse et un officier anglais qui tente de préserver la loi et l'ordre public. Un an plus tard, nouveau succès avec L'Homme au complet blanc (1950). Mackendrick y dirige Alec Guinness, acteur emblématique des Studios Ealing. Conte philosophique moderne, le film démarre comme une pure comédie narrant les mésaventures d'un jeune savant inventeur d'un tissu synthétique inusable. Mais, très vite, le cinéaste en fait grincer les rouages, lorsque son héros se retrouve aux prises à la fois avec les patrons (menacés dans leur business), et les syndicats (redoutant les conséquences de cette invention sur l'emploi). L'union sacrée se fera finalement entre Travail et Capital contre le progrès technologique. Mandy (1952), drame psychologique relatant l'histoire de la rééducation d'une fillette sourde-muette, marque une brutale rupture de style. Tourné en grande partie à l'École royale pour sourds de Manchester, le vrai sujet du film est le conflit que l'éducation donnée à l'enfant suscite au sein de la cellule familiale et de l'institution qui l'accueille. L'éveil de l'enfant à la communication transformera les adultes en profondeur. L'année suivante, Maggie renoue avec la veine humoristique de Whisky à gogo. Le film met en scène l'affrontement d'un riche homme d'affaires américain et d'un vieux marin écossais roublard, capitaine d'un antique rafiot qu'il est bien décidé à faire naviguer contre l'avis de toutes les autorités maritimes. Tueurs de dames (1955) marque l'apogée et le point final de la carrière d'Alexander Mackendrick au sein des studios Ealing. Avec son premier film en couleurs, le réalisateur signe un grand classique de la comédie britannique. Dans ce vaudeville traité en fantaisie macabre, où tout le monde joue double jeu, il met en scène des retournements délirants avec un humour noir pince-sans-rire absolument irrésistible. Alec Guinness, Herbert Lom et Peter Sellers, brillamment dirigés, en sont les interprètes principaux.
La carrière d'Alexander Mackendrick prend un nouveau tournant lorsqu'en 1955, il quitte la Grande-Bretagne pour s'installer à Hollywood. C'est pour le réalisateur un retour à son pays d'origine. Il passera le reste de sa vie professionnelle à voyager entre Londres et Los Angeles. Son premier film américain, Le Grand chantage (1957), est une violente dénonciation des méthodes de la presse à scandale et de la publicité, mondes que le cinéaste a beaucoup fréquentés à ses débuts. Dans cette réalisation en noir et blanc, la tension dramatique et le réalisme quasi documentaire du décor urbain (les extérieurs sont tournés à New York) rappellent le style des grands films noirs américains. Tony Curtis joue le rôle d'un agent de presse embarqué dans un complot manigancé par un éditorialiste influent (Burt Lancaster). Mackendrick y fait preuve d'une grande maîtrise dans la direction d'acteurs. Le film sera néanmoins un échec commercial.
Avec Sammy Going South (1962), Mackendrick met en scène l'univers de l'enfance, que l'on retrouve à plusieurs reprises dans son oeuvre. Un garçon de 10 ans, orphelin, entreprend de traverser seul le continent africain pour rejoindre une tante à Durban. Son itinéraire, jalonné de rencontres avec les individus les plus divers, est aussi un voyage initiatique hanté par la mort, au cours duquel l'enfant apprendra le monde sans la protection d'un adulte. Il signe ensuite un film aux intentions sociales dissimulées derrière la façade d'un film d'aventures, Cyclone à la Jamaïque (1964). En racontant l'histoire de fils de colons anglais capturés par des pirates, Mackendrick oppose enfants de bourgeois privilégiés et parias de la société, forcément perdants dans le jeu social. Mackendrick tourne une ultime comédie en 1966, Comment réussir en amour sans se fatiguer, " un mauvais film " selon son propre aveu. Certains critiques, jugeant que ce film est un produit standardisé, écriront que le cinéaste a raté sa sortie.
À 55 ans, Alexander Mackendrick tire sa révérence et renonce à la mise en scène.
Celui qui avait écrit : " Être frivole sur un sujet frivole, c'est simplement ennuyeux ; être frivole sur un sujet mortellement sérieux, voilà le vrai comique ! " se consacrera désormais à l'enseignement au California Institute of the Arts. Il meurt d'une pneumonie en 1993.

Prix

  • Médaillon d'Argent, 1986 au Telluride Film Festival (Colorado)

Ouvrages

  • La fabrique du cinéma : introduction au métier de réalisateur / Alexander MacKendrick. - Paris : l'Arche, 2010
  • Lethal innocence : the cinema of Alexander Mackendrick / Philip Kemp ; foreword by Alec Guinness. - London : Methuen, 1991

Périodiques

  • American Film, vol. 4, n° 5, mars 1979. Patricia Goldstone, "The Mackendrick legacy"
  • Cinestudio, n° 79, novembre 1969. "Alexander Mackendrick"
  • Classic Images, n° 225, mars 1994. Harris Lentz III, "Alexander Mackendrick"
  • Classic Television, n° 10, août 1999. Karen McCreedy, "Ealing : a very British way of life"
  • DGA Quarterly, vol. 5, n° 4, janvier 2010. David Thomson, "Iconoclasts : Alexander Mackendrick : Unsentimental education"
  • Dirigido por..., n° 158, mai 1988. Antonio Castro, "Alexander Mackendrick : de la Ealing a Hollywood (Entretien)"
  • Ecran Français (L'), n° 273, 2 octobre 1950. Jean-Charles Tacchella, "Alexander Mackendrick : Rien n'est plus dangereux que la peur (Entretien)"
  • EPD Film, vol. 11, n° 2, février 1994. "Alexander Mackendrick 1912 - 22.12.1993"
  • Film Comment, vol. 30, n° 3, mai-juin 1994. K. Buford, "Do make waves : Sandy"
  • Film Culture, n° 28, printemps 1963. "Alexander Mackendrick"
  • Film Dope, n° 37, juin 1987. "Alexander Mackendrick"
  • Film Français (Le), n° 2290, 23 mars 1990. "Alexander Mackendrick"
  • Film Français (Le), n° 2489, 14 janvier 1994. "Alexander Mackendrick"
  • Film Teacher (The), avril 1953. "Alexander Mackendrick (Entretien)"
  • Film West, n° 24, avril 1996. Sean McCloy, "Focus on Alexander Mackendrick"
  • Film-dienst, vol. 65, n° 19, septembre 2012. Roland Mörchen, "Strassen ohne Wiederkehr"
  • Filmrutan, vol. 40, n° 3, 1997. Fredrik Gustaffson, "Ondskans partitur"
  • Filmrutan, vol. 46, n° 2, été 2003. Lars Axelson, "Alexander Mackendrick : en Sherman tanks i skotsk tappning"
  • Films and Filming, vol. 3, n° 9, juin 1957. John Cutts, "Mackendrick finds the sweet smell of success"
  • Films and Filming, vol. 9, n° 4, janvier 1963. "Alexander Mackendrick..."
  • Kinolehti, n° 1, janvier 1970. "Alexander Mackendrick"
  • Mensuel du Cinéma (Le), n° 14, février 1994. Raymond Lefèvre, "Alexander Mackendrick (1912-1993)"
  • National Film Theatre Programmes, février-mars 1971. "Alexander Mackendrick (British Cinema - 3)"
  • National Film Theatre Programmes, mars 1991. Philip Kemp, "Alexander Mackendrick : subversive visions"
  • Positif, n° 092, février 1968. Bernard Cohn, "Alexander Mackendrick (Entretien)"
  • Positif, n° 372, février 1992. Jean-Pierre Berthomé, "Alexander Mackendrick. Spectrographie d'un météore"
  • Positif, n° 372, février 1992. Jean-Pierre Berthomé; Michel Ciment, "Alexander Mackendrick (Entretien)"
  • Positif, n° 372, février 1992. Yann Tobin, "Trois fables"
  • Positif, n° 400, juin 1994. Stephen Frears, "Sandy Mackendrick"
  • Positif, n° 526, décembre 2004. Alexander Mackendrick, "La langage pré-verbal du cinéma"
  • Premiere, vol. 2, n° 1, février 1994. Kim Newman, " Alexander Mackendrick"
  • Revue du Cinéma (La) / Image et Son, n° 174, juin 1964. "Alexander Mackendrick"
  • Revue du Cinéma (La) / Image et Son, n° 463, septembre 1990. Raymond Lefèvre, "Portrait quimpérois d'un météore inclassable"
  • Screen International, n° 180, 10 mars 1979. "Alexander Mackendrick"
  • Screen International, n° 776, 29 septembre 1990. "Alexander Mackendrick"
  • Screen, vol. 13, n° 2, été 1972. "Alexander Mackendrick"
  • Screen, vol. 15, n° 2, été 1974. Charles Barr, "Ealing studios, Part II : Alexander Mackendrick"
  • Sight and Sound, vol. 04, n° 2, février 1994. Terence Davies, "In memory of Alexander Mackendrick"
  • Sight and Sound, vol. 04, n° 8, août 1994. Bertrand Tavernier, "Tavernier on Mackendrick"
  • Sight and Sound, vol. 14, n° 8, août 2004. Philip Kemp, "Teaching galore"
  • Sight and Sound, vol. 19, n° 12, printemps 1951. "A day in the life of film"
  • Sight and Sound, vol. 27, n° 6, automne 1958. "British feature directors : Alexander Mackendrick"
  • Sight and Sound, vol. 58, n° 1, hiver 1988-1989. Philip Kemp, "Mackendrick land"
  • Sight and Sound, vol. 59, n° 3, été 1990. Philip Kemp, "Saving grace. Mackendrick at Quimper"
  • Variety, 3 janvier 1994. "Alexander Mackendrick"

Liens Internet

Courts métrages

en tant que : Réalisateur

1940 Nero Alexander Mackendrick
1942Kitchen Waste for Pigs = Save Your Bacon Alexander Mackendrick, Roger MacDougall
1943Contraries Alexander Mackendrick

en tant que : Scénariste

1936 On Parade George Pal
1937 Sky Pirate George Pal
1937 What Ho She Bumps George Pal
1939 Love on the Range
[Les Marionnettes]
George Pal
1940 Carnival in the Clothes Cupboard John Halas, Joy Batchelor
1940 Nero Alexander Mackendrick
1940 Train Trouble Joy Batchelor, John Halas
1943 Abu and the Poisoned Well Joy Batchelor, John Halas
1943 Abu Builds a Dam Joy Batchelor, John Halas
1943 Abu's Dungeon Joy Batchelor, John Halas
1943 Abu's Harvest John Halas
1943 Subject for Discussion Hans M. Nieter

en tant que : Auteur de l'oeuvre originale

1942Fable of the Fabrics John Halas, Joy Batchelor

en tant que : Directeur artistique

1940 Train Trouble Joy Batchelor, John Halas

en tant que : Créateur du storyboard

1936 On Parade George Pal
1937 Sky Pirate George Pal
1937 What Ho She Bumps George Pal

en tant que : Photographe de plateau

1940 Nero Alexander Mackendrick

Longs métrages

en tant que : Réalisateur

1949 Whisky Galore !
Whisky à gogo
Alexander Mackendrick
1950 Man in the White Suit (The)
L'Homme au complet blanc
Alexander Mackendrick
1952 Mandy
Mandy = La Merveilleuse Histoire de Mandy
Alexander Mackendrick
1953 Maggie (The) Alexander Mackendrick
1955 Ladykillers (The)
Tueurs de dames
Alexander Mackendrick
1956 Sweet Smell of Success
Le Grand chantage
Alexander Mackendrick
1962 Sammy Going South
[L'Odyssée du petit Sammy]
Alexander Mackendrick
1964 A High Wind in Jamaica
Cyclone à la Jamaïque
Alexander Mackendrick
1966 Don't Make Waves
Comment réussir en amour sans se fatiguer
Alexander Mackendrick

en tant que : Réalisateur seconde équipe

1949 Blue Lamp (The)
La Lampe bleue
Basil Dearden

en tant que : Collaborateur à la réalisation

1959 Devil's Disciple (The)
Au fil de l'épée
Guy Hamilton

en tant que : Scénariste

1948 Saraband for Dead Lovers
Sarabande
Basil Dearden
1950 Dance Hall
[Le Démon de la danse]
Charles Crichton
1950 Man in the White Suit (The)
L'Homme au complet blanc
Alexander Mackendrick

en tant que : Collaborateur scénaristique

1958 Fanfare
[Fanfare]
Bert Haanstra

en tant que : Auteur de l'oeuvre originale

1937 Midnight Menace Sinclair Hill
1953 Maggie (The) Alexander Mackendrick

en tant que : Dialoguiste

1949 Blue Lamp (The)
La Lampe bleue
Basil Dearden

en tant que : Créateur du storyboard

1948 Another Shore
Un autre rivage
Charles Crichton