Réalisateur, Scénariste, Producteur, Producteur délégué, Interprète
A dix-sept ans, John Boorman rédige des critiques de films dans des revues spécialisées et participe à des émissions de radio consacrées au cinéma. En 1955, il travaille en tant que monteur pour une chaîne de télévision privée, ITN. Il réalise ensuite des documentaires pour la Southern Television. A la BBC, il tourne une série de portraits documentaires, Citizen 63, The newcomers.
En 1965, John Boorman réalise son premier long métrage, Catch us if you can avec le groupe de chanteurs Dave Clark Five. Ce film traite déjà de la quête, thème récurrent de l'ensemble de son oeuvre. Parti aux Etats-Unis faire des repérages pour un film sur le réalisateur David W. Griffith qu'il doit réaliser pour la télévision (The great director), John Boorman rencontre l'acteur Lee Marvin. Ils s'engagent ensemble dans Point blank (1967), un film de gangsters qui se transforme en fable sur l'Amérique contemporaine. Deux ans plus tard, il retrouve Lee Marvin pour Hell in the Pacific qui met en scène un officier américain et un officier japonais (interprété par Toshiro Mifune) face à face sur une île déserte. Cette variation sur les rapports maître et esclave se double d'une allégorie sur les antagonismes culturels. Ce film dévoile chez Boorman un sens de la nature, notamment par le travail effectué sur les sons et les couleurs. Le cinéaste exprime là son obsession du regard, tout comme dans Leo the last (1970). En 1972, il tourne Delivrance, une réflexion violente sur l'hostilité de la nature, la confrontation entre le monde urbain et le monde rural. Le réalisateur s'essaie à la science-fiction l'année suivante avec Zardoz qui alimente sa réflexion sur le devenir des civilisations. Face à l'échec du film, il accepte de tourner la suite de L'exorciste de William Friedkin, intitulée The heretic (1977). Le film devient un thriller métaphysique doublé d'une réflexion sur l'hypnose. Excalibur (1981) et Emerald forest (1985) se placent dans la continuité de la thématique de Boorman : la quête initiatique et symbolique au terme de laquelle les personnages acquièrent une meilleure connaissance d'eux-mêmes. Le cinéaste livre avec Excalibur une version envoûtante et sombre de la légende des chevaliers de la Table Ronde, à la recherche du Graal, c'est-à-dire de l'harmonie avec l'Univers. Emerald forest (La forêt d'émeraude), fable sur le choc des cultures, narre les retrouvailles entre un ingénieur américain et son fils élevé par des indiens de la forêt amazonienne. Il est toujours question de quête de soi dans Hope and glory (1987), mais cette fois Boorman puise son inspiration dans sa propre enfance. Après quelques films mineurs (Where the heart is, 1990 ; I dreamt I woke up, 1991 ; Two nudes bathing, 1995), il revient au pessimisme de ses premières oeuvres avec Beyond Rangoon (1995). Cinéaste visuel fasciné par les mythes, l'imaginaire et les rêves, John Boorman s'approprie les genres (policier, western, horreur, science-fiction) et les traite selon sa propre esthétique qui lui permet d'exprimer son sens de la violence et du rythme. The general (1998) aborde un autre mythe, celui de Martin Cahill, célèbre gangster dublinois exécuté par l'IRA en 1994.