Engagé à dix-huit ans à l'Old Vic Theater de Bristol, Jeremy Irons fait ses premiers pas au théâtre dans des pièces de Shakespeare, Gogol et Harold Pinter. Il débarque à Londres en 1971, y décroche son premier rôle important en 1973, incarnant saint Jean-Baptiste dans Godspell, une comédie musicale à succès signée John M. Tebelak. Attiré par la télévision, Jeremy Irons connaît le succès populaire avec le feuilleton Brideshead revisited (1981).
Grand comédien à la prestance et à la voix inimitables, Jeremy Irons a toujours su séduire les cinéastes les plus divers, des plus exigeants aux plus médiocres, quitte à galvauder son talent dans des grosses productions sans grand intérêt. Après Herbert Ross, qui lui offre sa première apparition sur grand écran en 1979 dans Nijinski, c'est Karel Reisz qui met en valeur sa silhouette, en en faisant le partenaire de Meryl Streep dans La Maîtresse du lieutenant français (1981).
Acteur instinctif qui laisse une large place à l'improvisation, Jeremy Irons peut passer de l'univers très britannique de Harold Pinter à celui, tout français, de Marcel Proust. Ainsi tourne-t-il en 1983 Trahisons conjugales (David Jones), dont le scénario écrit par Pinter lui permet d'exceller dans le jeu de mots, le sous-entendu, le double-sens et le non-dit. L'année suivante, il tourne en français pour la première fois de sa carrière, acceptant le rôle de Charles Swann et se confrontant à Alain Delon en baron de Charlus dans l'impossible adaptation du roman de Proust (Un amour de Swann, Volker Schlöndorff). Formidable en tyrannique contremaître polonais dans Travail au noir (Jerzy Skolimovski, 1982), il est tout aussi crédible en missionnaire jésuite dans l'Amérique du Sud du XVIè siècle du Mission de Roland Joffé (1986).
Sa rencontre avec David Cronenberg lui offre deux rôles passionnants et complexes : celui des deux jumeaux gynécologues de l'inquiétant Faux semblants (1988) et celui du diplomate français amoureux d'une Chinoise qui s'avèrera un homme dans le troublant M. Butterfly (1993). Entre ces deux films, il connaît la consécration internationale en 1991 pour son interprétation de Klaus von Bulow, milliardaire ambigu soupçonné du meurtre de son épouse, dans Le Mystère von Bülow (Barbet Schroeder) pour lequel il remporte l'Oscar du meilleur acteur. Il incarne ensuite Franz Kafka dans l'intrigant Kafka de Steven Soderbergh (1991) et vit une liaison passionnée avec Juliette Binoche dans Fatale (Louis Malle, 1992).
Il fait partie du prestigieux casting de La Maison aux esprits (Bille August, 1993) au côté de Meryl Streep, Glenn Close, Antonio Banderas et Winona Ryder et tient son rôle le plus populaire dans Le Roi lion (Roger Allers, Rob Minkoff, 1994) en donnant sa voix à Scar, le méchant de ce dessin animé des studios Disney. Face à Bruce Willis, il interprète un autre personnage inquiétant, le terroriste machiavélique qui menace New York dans Une journée en enfer (John McTiernan, 1995), troisième volet de la saga Die Hard. Il rejoint ensuite Bernardo Bertolucci sous le soleil de Toscane pour Beauté volée (1995) où il joue un écrivain gravement malade.
Les années suivantes, si elles le voient toujours tourner, marquent un net reflux de la qualité de ses films, que ce soit le remake de Lolita par Adrian Lyne (1997) (il reprend le rôle créé par James Mason dans le film de Kubrick) ou la nouvelle version de L'Homme au masque de fer (Randal Wallace, 1998) où il incarne Aramis. Il participe ensuite, dans le rôle du tyran Profion, à l'adaptation cinéma du jeu Donjons et dragons (Courtney Solomon, 2000), premier des blockbusters fantastiques pour adolescents auxquels il apportera sa caution avant Eragon (Stefen Fangmeier, 2006) et Sublimes créatures (Richard LaGravenese, 2013).
La version de La Machine à explorer le temps (2002) réalisée par l'arrière-petit-fil de H.G. Wells, Simon Wells, lui vaut un nouveau personnage de méchant tandis que Claude Lelouch lui offre un rôle à la Arsène Lupin dans And now... Ladies and gentlemen (2002). Producteur attentionné d'une Maria Callas désespérée d'avoir perdu sa voix dans Callas forever (Franco Zeffirelli, 2002), il renoue avec le répertoire shakespearien grâce à Michael Radford qui lui propose le rôle-titre du Marchand de Venise (2004). Il enchaîne alors les rôles (secondaires) dans des films en costumes : ceux du Londres des années 30 (Adorable Julia, Istvan Szabo, 2004), des chevaliers du temps des croisades (Kingdom of Heaven, Ridley Scott, 2005), des nobles vénitiens du XVIIIè siècle (Casanova, Lasse Hallström, 2005). Réalisateur du film dans le film du très étrange Inland Empire de David Lynch (2006), il est ensuite un riche fermier du beau western de Ed Harris (Appaloosaw, 2008) avant de devenir un puissant financier en plein crash de 2008 dans Margin Call (J.C. Chandor, 2011).
Vingt ans après La Maison aux esprits, il retrouve en 2013 le réalisateur Bille August pour Night Train to Lisbon dans lequel il incarne un professeur de latin enquêtant sur les traces d'un écrivain dont le livre l'a bouleversé.
Parallèlement à sa carrière cinématographique, Jeremy Irons poursuit son chemin à la télévision et au théâtre. Sur scène, il se partage en Londres et New York. En 1984, il joue à Broadway au côté de Glenn Close dans Tom Stoppard's The Real Thing qui lui vaut un Tony Award. En 2003, il tient l'un des rôles principaux de la comédie musicale de Stephen Sondheim, A Little Night Music.
A la télévision, il a obtenu un Golden Globe pour son interprétation de lord Robert Dudley dans la mini-série historique Elizabeth I (2005). Sa stature et sa voix caverneuse semblent le vouer aux rôles aristocratiques puisqu'il joue le roi Henri IV dans l'adaptation pour la BBC de la pièce éponyme de Shakespeare (2011) puis le pape Alexandre VI dans la série Les Borgia (2011-2013). Sur un registre plus contemporain, il est aussi apparu dans deux épisodes de la série New York unité spéciale (2011).
1992 | From Time to Time | Jeff Blyth |
2011 | Trashed | Candida Brady |
1979 | Nijinsky | Herbert Ross |
1980 | French Lieutenant's Woman (The) La Maîtresse du lieutenant français | Karel Reisz |
1982 | Betrayal Trahisons conjugales | David Hugh Jones |
1982 | Moonlighting Travail au noir | Jerzy Skolimowski |
1983 | Un amour de Swann | Volker Schlöndorff |
1983 | Wild Duck (The) | Henri Safran |
1985 | Mission (The) | Roland Joffé |
1985 | Statue of Liberty (The) | Ken Burns, Amy Stechler Burns |
1988 | Australia | Jean-Jacques Andrien |
1988 | Dead Ringers Faux-semblants | David Cronenberg |
1989 | A Chorus of Disapproval | Michael Winner |
1989 | Reversal of Fortune Le Mystère von Bulow | Barbet Schroeder |
1991 | Kafka | Steven Soderbergh |
1991 | Zebracka opera | Jirí Menzel |
1992 | Blast 'Em | Joseph Blasioli, Egidio Coccimiglio |
1992 | Earth and the American Dream | Bill Couturié |
1992 | Fatale | Louis Malle |
1992 | M. Butterfly | David Cronenberg |
1992 | Waterland | Stephen Gyllenhaal |
1993 | Geisterhaus (Das) La Maison aux esprits | Bille August |
1994 | Die Hard with a Vengeance Une journée en enfer | John McTiernan |
1994 | Lion King (The) Le Roi lion | Rob Minkoff, Roger Allers |
1995 | Stealing Beauty Beauté volée | Bernardo Bertolucci |
1996 | Chinese Box | Wayne Wang |
1997 | Lolita | Adrian Lyne |
1997 | Man in the Iron Mask (The) L'Homme au masque de fer | Randall Wallace |
1999 | Dungeons and Dragons Donjons et dragons | Courtney Solomon |
2000 | Fourth Angel (The) Vengeance secrète | John Irvin |
2001 | And now, ladies and gentlemen | Claude Lelouch |
2001 | Callas forever | Franco Zeffirelli |
2001 | Time Machine (The) La Machine à explorer le temps | Simon Wells |
2002 | Broadway : The Golden Age, by the Legends Who Were There | Rick McKay |
2003 | Being Julia Adorable Julia | István Szabó |
2004 | Gallipoli | Tolga Örnek |
2004 | Kingdom of Heaven | Ridley Scott |
2005 | Casanova | Lasse Hallström |
2005 | Eragon | Stefen Fangmeier |
2006 | Inland Empire | David Lynch |
2007 | Appaloosa | Ed Harris |
2010 | Margin Call | J.C. Chandor |
2011 | Trashed | Candida Brady |
2011 | Words (The) | Brian Klugman, Lee Sternthal |
2012 | Beautiful Creatures Sublimes créatures | Richard LaGravenese |
2012 | Nachtzug nach Lissabon | Bille August |
2014 | Batman v Superman: Dawn of Justice Batman v Superman : L'aube de la justice | Zack Snyder |
2014 | High-Rise High Rise | Ben Wheatley |
2015 | Assassin's Creed | Justin Kurzel |
2015 | Corrispondenza (La) | Giuseppe Tornatore |
2015 | Race La Couleur de la victoire | Stephen Hopkins |
2016 | Justice League | Zack Snyder |
2017 | Red Sparrow | Francis Lawrence |
2018 | Broadway : Beyond the Golden Age | Rick McKay |
2021 | House of Gucci | Ridley Scott |