Tsilla Chelton passe son enfance à Anvers, en Belgique. Elle débute en 1948 comme mime avec la première compagnie de Marcel Marceau et, l'année suivante, elle se produit en one-woman-show dans différents cabarets de la rive gauche parisienne. En 1950, elle crée Les chaises d'Eugène Ionesco, dont elle devient l'interprète favorite. S'ensuit une riche carrière théâtrale.
Il n'est pas fréquent pour une actrice de connaître la consécration à soixante-dix ans ! C'est pourtant le cas de Tsilla Chelton qui est révélée au grand public grâce à son rôle de méchante vieille dame dans Tatie Danielle (1989) d'Etienne Chatiliez, comédie à succès. Cette comédienne de théâtre qui a formé l'équipe du Splendid (Gérard Jugnot, Michel Blanc, Thierry Lhermitte, Christian Clavier, Marie-Anne Chazel) n'avait fait jusqu'alors que des apparitions épisodiques au cinéma, apparaissant chez Yves Robert (Bébert et l'omnibus, 1963, ou Alexandre le bienheureux, 1967), Claude Berri (Mazel Tov ou le mariage, 1968), Claude Chabrol (La Décade prodigieuse, 1971).
En 1977, Diane Kurys lui confie le rôle de la surveillante générale du collège de son nostalgique Diabolo menthe, après quoi Tsilla Chelton disparaît pendant treize ans du grand écran, se consacrant à sa passion de toujours, le théâtre, mais aussi à la télévision pour laquelle elle tourne beaucoup.
Il faut attendre le triomphe de Tatie Danielle pour la retrouver à l'écran. Elle ne fait guère fructifier cette popularité et la nomination au César de la meilleure actrice qui l'a accompagnée, au cinéma en tout cas, même si elle tient l'un des rôles principaux (une grand-mère plus qu'avare) d'une autre comédie, La Soif de l'or (1993) de Gérard Oury.
Ce n'est qu'avec les années 2000, à plus de 80 ans, qu'elle recommence à tourner très régulièrement dans des types de films très divers. Elle est ainsi religieuse dans le thriller Le Pacte du silence (Graham Guit, 2003), vieille juive ne parlant que yiddish et fuyant les nazis dans Zone libre (Christophe Malavoy, 2007), digne dame russe dans le musical Faut que ça danse ! (Noémie Lvovsky, 2007)...
En 2008, elle apprend le turc pour tenir le rôle principal de La Boîte de Pandore, film franco-turc de Yesim Ustaoglu : une vieille dame perdue dans la montagne près d'Istanbul et qui se révèle être atteinte de la maladie d'Alzeimer. Trois films suivront encore avant sa mort, le 15 juillet 2012, dont Landes, de François-Xavier Vives, qui ne sortira que près d'un an après sa disparition.
Tsilla Chelton part en tournée avec les pièces de Ionesco dans le monde entier. Elle jouera onze de ses oeuvres. Elle interprète également des auteurs d'avant-garde (Adamov, Beckett, Audiberti, Brecht) et des pièces issues du répertoire classique (Molière, Racine, Shakespeare). En 1991, elle est nommée pour le Molière de la meilleure actrice pour En conduisant Miss Daisy. Elle obtient cette récompense en 1994 pour Les Chaises de Ionesco mises en scène par Jacques Mauclair. De 1996 à 1998, elle interprète Le Mal de mère de et avec Pierre-Olivier Scotto. Sa dernière apparition sur scène aura lieu en 2001 avec deux pièces d'Alan Bennett : Une femme de lettres et Un bi-choco sous le sofa.
Pour la télévision, elle joue dans plusieurs feuilletons et séries dont Les Compagnons de Baal(1968), Les Enquêtes du commissaire Maigret (1969), Le 16 à Kerbriant (1972), Commissaire Moulin (1977), Marie Pervenche (1990), Fabien Cosma (2005), Melting Pot Café (2007). Elle tourne également un certain nombre de téléfilms sous la direction de Pierre Badel, Michel Wyn, Jean Kerchbron, Claude Santelli, Marco Pico ou Marc Rivière... En 2008, elle est la vedette du Petit fût, adaptation par Claude Chabrol d'une nouvelle de Maupassant, et en 2009 elle participe à Pour une nuit d'amour, signé Gérard Jourd'hui d'après Emile Zola. Elle apparaît une dernière fois dans Les Pieds dans le plat (Simon Astier, 2012).
1961 | Sept péchés capitaux : La Colère (Les) | Sylvain Dhomme |
1963 | Bébert et l'omnibus | Yves Robert |
1964 | Copains (Les) | Yves Robert |
1965 | Communale (La) | Jean L'Hôte |
1965 | Grosse caisse (La) | Alex Joffé |
1967 | Alexandre le bienheureux | Yves Robert |
1967 | Gauloises bleues (Les) | Michel Cournot |
1968 | Mazel Tov ou Le Mariage | Claude Berri |
1970 | Alliance (L') | Christian de Chalonge |
1970 | Distrait (Le) | Pierre Richard |
1971 | Décade prodigieuse (La) | Claude Chabrol |
1973 | Shanks | William Castle |
1974 | C'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule ! | Jacques Besnard |
1975 | Adultera (La) | Roberto Bodegas |
1977 | Diabolo menthe | Diane Kurys |
1977 | Nuit tous les chats sont gris (La) | Gérard Zingg |
1989 | Tatie Danielle | Etienne Chatiliez |
1991 | Eaux dormantes (Les) | Jacques Tréfouël |
1992 | Soif de l'or (La) | Gérard Oury |
1999 | Que faisaient les femmes pendant que l'homme marchait sur la lune ? | Chris Vander Stappen |
2000 | Musketeer (The) D'Artagnan | Peter Hyams |
2002 | Mauvais esprit | Patrick Alessandrin |
2002 | Pacte du silence (Le) | Graham Guit |
2003 | Tout le plaisir est pour moi | Isabelle Broué |
2005 | Zone libre | Christophe Malavoy |
2006 | Faut que ça danse ! | Noémie Lvovsky |
2007 | Pandora'nin kutusu La Boîte de pandore | Yesim Ustaoglu |
2008 | Persécution | Patrice Chéreau |
2008 | Soeur Sourire | Stijn Coninx |