Formation
Fille d'une ancienne danseuse de ballets roumains et d'un industriel niçois, Michèle Laroque se forme très tôt à la musique, au chant, à la danse ainsi qu'à divers sports. A dix-neuf ans, étudiante en sciences économiques et en anglais, elle est victime d'un accident de voiture très grave. Incapable de marcher pendant de nombreux mois, elle réalise que sa véritable vocation est de devenir comédienne. Elle suit alors des cours de théâtre avec Julien Bertheau et Françoise Seigner à Nice. Puis, une bourse en poche, elle se rend aux Etats-Unis pour y recevoir l'enseignement de Richard Runkel. Elle fait ses débuts à la télévision avec l'émission comique de France 3, La Classe (1988) et apparaît dans diverses séries et émissions populaires : Vivement lundi (1988), Tribunal (1989), Imogène (1990), La Télé des Inconnus (1990)...
Carrière au cinéma
Blonde, élégante, distinguée... Michèle Laroque a réussi à échapper aux emplois de bourgeoises qui semblaient lui être destinés pour devenir une comédienne populaire au registre très large. Après des premiers pas cinématographiques discrets dans Suivez cet avion (Patrice Amblard, 1989), on commence à la remarquer dans Le Mari de la coiffeuse (Patrice Leconte, 1990) et Une époque formidable (1990) de Gérard Jugnot dans le rôle d'une chasseuse de têtes. Son physique de blonde volontaire lui réserve souvent des rôles de bourgeoises, mais Michèle Laroque ne joue pas au hasard : "Avant d'interpréter un personnage, j'écris sa biographie [...] C'est un point d'appui extraordinaire." (Le Figaro, 1998.)
Elle accumule les rôles secondaires déclinant ce personnage un peu guindé (duchesse dans le film historique Louis, enfant roi, Roger Planchon, 1993 ; épouse infidèle dans la comédie Tango, Patrice Leconte, 1993 ; femme en mal d'enfants dans le badin Aux petits bonheurs, Michel Deville, 1994 ; snob dans le drame Nelly et monsieur Arnaud, Claude Sautet, 1995…) , elle détonne un peu plus dans La Crise (id.) de Coline Serreau, où elle craque brutalement. Son rôle le plus attachant de la période est peut-être la gérante d'hôtel qui rejoint la petite fugue des femmes mal dans leur vie de Personne ne m'aime (1993), premier film de Marion Vernoux.
Son interprétation hilarante d'une femme de PDG homosexuel dans Pédale douce (1995) de Gabriel Aghion (rôle qu'elle reprendra en 2004 dans Pédale dure du même cinéaste) lui apporte la popularité et une nomination au César du second rôle, et ses apparitions se diversifient enfin même si la comédie (Fallait pas, Gérard Jugnot, 1996 ; Le Plus Beau métier du monde, Gérard Lauzier, 1996) reste son domaine de prédilection.
Juge d'instruction très humaine dans Les Aveux de l'innocent (Jean-Pierre Améris, 1996), elle révèle sa sensibilité dans le singulier Ma vie en rose (1996) d'Alain Berliner, en mère d'un petit garçon qui veut être une fille. Aux côtés d'Albert Dupontel, elle se transforme en une irrésistible rousse dans Serial lover (1997) de James Huth, une comédie délirante de noirceur : celle d'une femme bien décidée, le soir de ses trente ans, à choisir entre ses trois prétendants, quitte à faire couler le sang entre l'entrée et le dessert. Epouse-moi (1999) d'Harriet Martin est une comédie décalée sur le couple avec, dans le rôle du mari, Vincent Perez.
Malgré l'échec cuisant de Doggy Bag (Frédéric Comtet, 1999), qu'elle a scénarisé et produit, elle reste une actrice de comédie extrêmement populaire. Cadre peu aimable du réjouissant Placard de Francis Veber (2001), bonne copine fan de régimes dans J'ai faim !!!, actrice ratée dans le très choral L'Anniversaire (Diane Kurys, 2005), femme d'affaires débordée dans le film de filles Comme t'y es belle ! (Lisa Azuelos, 2006), elle est l'épouse très contrariée de Dany Boon dans le premier film réalisé par celui-ci, La Maison du bonheur (2006).
Forte de ses succès, elle tente l'aventure américaine, s'installe à Los Angeles et partage avec Matthew Modine l'affiche de la comédie romantique The Neighbor (Eddie O'Flaherty, 2007). Ce sera une expérience sans lendemain. De retour en France, elle s'essaie à des rôles plus dramatiques dans Dans tes bras (Hubert Gillet, 2009), Oscar et la dame rose (Eric-Emmanuel Schmitt, 2009) tout en déclinant son personnage habituel dans Monsieur papa de Kad Merad (2011).
Autres activités
En 1995, Michèle Laroque fonde avec Denis Hart la maison de production ANFM. En 2013, elle a lancé sur internet une campagne de financement participatif pour un film dont elle a écrit le scénario, Jeux dangereux.
Elle interprète au fil des ans de nombreux téléfilms, notamment Bébé express (François Dupont-Midy, 1990), Le Mouton noir (Francis de Gueltzl, 1995), Week-end (Arnaud Sélignac, 1996), Une femme neuve (Didier Albert, 2000), L'Oiseau rare (Didier Albert, 2001), Mon voisin du dessus (Laurence Katrian, 2003), Petits secrets et gros mensonges (Laurence Katrian, 2006)... La télévision lui permet de travailler avec des réalisateurs considérés comme des auteurs qui ne la sollicitent pas au cinéma où elle est considérée comme trop "populaire", que ce soit Mathieu Amalric (La Chose publique, 2003) ou Emmanuel Finkiel (En marge des jours, 2007). En 2012, elle tient le rôle-titre de La Méthode Claire, téléfilm de Vincent Monnet que le succès conduit à décliner en série.
Au théâtre, elle joue C'est encore mieux l'après-midi, La Face cachée d'Orion de Landford Wilson, Coiffure pour dames de Robert Harling, Ornifle de Jean Anouilh, Je veux faire du cinéma de Neil Simon, Une folie et Faisons un rêve de Sacha Guitry. De sa complicité avec Pierre Palmade naissent tout une série de spectacles autour d'un couple qui se rencontre, se sépare, se retrouve : Ils s'aiment (1998), Ils se sont aimés (2001), Ils se re-aiment (2012). Les deux premiers se transformeront en téléfilms en 1999 et 2004.
Michèle Laroque est très engagée depuis 1997 dans les spectacles des Enfoirés dont elle est un des piliers.