Après une enfance dans le Bronx, Peter Falk grandit à Ossining, au nord de New-York, où son père tient une boutique de vêtements. Par la suite, il travaille deux ans comme cuisinier dans la marine marchande. Déçu par ce mode de vie, il reprend ses études et obtient un diplôme en sciences politiques à la New School for Social Research, en 1951, puis un Master en administration publique à l'Université de Syracuse, en 1953. Après avoir postulé en vain à la CIA, il devient analyste de gestion au sein de la direction du budget de l'Etat du Connecticut, à Hartford. Pendant son temps libre, il suit des cours d'art dramatique avec l'actrice Eva Le Gallienne, au White Barn Theatre de Westport, et joue dans une petite troupe de la ville les Mark Twain Maskers Theater Group. Il ne tarde pas à quitter l'administration pour tourner en province. Après ses débuts en janvier 1956, dans le théâtre d'avant-garde à Broadway dans Don Juan de Molière puis The Iceman cometh d'Eugene O'Neill, sa carrière est lancée. Il commence à travailler à la télévision en 1957, et fait sa première apparition dans un épisode de la série télévisée Robert Montgomery présente, sur NBC. En 1958, il débute au cinéma dans La Forêt interdite de Nicholas Ray.
Peter Falk, alias Colombo, forme lui-même un beau sujet d'enquête. Car la popularité de son personnage de feuilleton télévisé est à l'image du naufrage cinématographique qui lui succède. Où se cache donc l'erreur dans la carrière de cet acteur pourtant familier des metteurs en scène les plus prestigieux ? D'abord Peter Falk cultive l'hésitation : à vingt-six ans seulement il se décide enfin à devenir acteur. Puis son oeil de verre en fait régulièrement un personnage de faire-valoir. Il tourne à l'ombre de stars et ne se bat pas pour en faire lui, de l'ombre. On le remarque pourtant (L'héritier d'Al Capone, Herbert J. Leder, 1959) et on le nomine à l'Oscar (Crime société anonyme, Stuart Rosenberg, 1960). On le nomine même une deuxième fois (Milliardaire d'un jour, Franck Capra, 1961). Mais rien n'y fait : Peter Falk se désintéresse de toute campagne médiatique. D'ailleurs qui se soucie du cinéma ? Selon lui, (La grande course autour du monde, Blake Edwards, 1965) aussi bien que (Deux filles au tapis, Robert Aldrich, 1981) sont, exemples parmi d'autres, des films qui n'ont pas donné toutes leurs promesses : faute d'implication suffisante de la part des réalisateurs. Ainsi Peter Falk n'obéit qu'à sa conscience. Certes il tourne des films populaires, (La bataille pour Anzio, Edward Dmytryk, 1968; Un château en enfer, Sidney Pollack, 1969), et y tient, comme convenu, la place de l'oublié. Mais il fait aussi la rencontre de John Cassavetes à un match de basket-ball. Ils tournent ensemble quatre films. Commercialement boudés mais enfin stimulants pour les neurones de l'acteur. Moins il comprend l'approche de Cassavetes en matière de mise en scène, plus il a envie d'en apprendre et déclare après Husbands (id.,1970) : "Quand il m'a proposé de faire Une femme sous influence (id., 1974) je me suis dit qu'il fallait encore essayer". Peter Falk est donc un expérimentateur. Quand, une fois devenu Colombo, Wim Wenders (Les ailes du désir (id., 1987; Si loin, si proche, (id., 1992) lui téléphone d'Allemagne pour lui demander de jouer le rôle d'un ange, il flaire de nouveau une piste. Mais rien n'est écrit encore. En bon ange, il prie Dieu : "Pitié, donnez-moi un scénario, j'ai si peur, je ne sais où je vais, ni ce qui va m'arriver". Et pourtant le film se réalise, révélant pour la première fois le secret d'un charisme longtemps incompris : Peter Falk est un poète un peu cérébral, toujours en train d'essayer quelque chose, et qui doute profondément des hommes.
Peter Falk est surtout célèbre pour Colombo, série télévisée commencé en 1971, dont il a notamment produit et coproduit une vingtaine d'épisodes, réalisé deux épisodes en 1972. Il apparaît également dans des épisodes de nombreuses séries comme : Alfred Hitchcock presents, The Untouchables, The Twilight zone, Naked City, Dr Kildare ou encore The Trials of O'Brien.
En 2006, il publie ses mémoires Just one more thing.
1969 | Husbands | John Cassavetes |
1958 | Wind Across the Everglades La Forêt interdite | Nicholas Ray, Budd Schulberg |
1959 | Bloody Brood (The) | Julian Roffman |
1959 | Pretty Boy Floyd | Herbert J. Leder |
1960 | Murder, Incorporated Crime, société anonyme | Stuart Rosenberg, Burt Balaban |
1960 | Secret of the Purple Reef (The) | William N. Witney |
1961 | Pocketful of Miracles Milliardaire pour un jour | Frank Capra |
1962 | Balcony (The) Le Balcon | Joseph Strick |
1962 | It's a Mad Mad Mad Mad World Un monde fou, fou, fou | Stanley Kramer |
1962 | Pressure Point | Hubert Cornfield |
1963 | Italiani brava gente Marcher ou mourir | Giuseppe De Santis |
1963 | Robin and the Seven Hoods Les Sept voleurs de Chicago | Gordon Douglas |
1964 | Great Race (The) La Grande course autour du monde | Blake Edwards |
1966 | Luv | Clive Donner |
1966 | Penelope Les Plaisirs de Pénélope | Arthur Hiller |
1966 | Too Many Thieves | Abner Biberman |
1967 | Sbarco di Anzio (Lo) La Bataille pour Anzio | Duilio Coletti, Edward Dmytryk |
1968 | Castle Keep Un château en enfer | Sydney Pollack |
1968 | Intoccabili (Gli) Les Intouchables | Giuliano Montaldo |
1969 | Husbands | John Cassavetes |
1969 | Rosolino paterno, soldato... | Nanni Loy |
1974 | A Woman Under the Influence Une femme sous influence | John Cassavetes |
1976 | Griffin and Phoenix : A Love Story Le Sourire aux larmes | Daryl Duke |
1976 | Mikey and Nicky Mikey et Nicky | Elaine May |
1976 | Murder by Death Un cadavre au dessert | Robert Moore |
1977 | Opening Night | John Cassavetes |
1978 | Brink's Job (The) Têtes vides cherchent coffre plein | William Friedkin |
1978 | Cheap Detective (The) Le Privé de ces dames | Robert Moore |
1978 | In-Laws (The) Ne tirez pas sur le dentiste | Arthur Hiller |
1980 | All the Marbles Deux filles au tapis | Robert Aldrich |
1981 | Great Muppet Caper (The) | Jim Henson |
1984 | Big Trouble | John Cassavetes |
1984 | Sanford Meisner : The American Theatre's Best Kept Secret | Nick Doob |
1986 | Himmel über Berlin (Der) Les Ailes du désir | Wim Wenders |
1986 | Princess Bride (The) | Rob Reiner |
1987 | Happy New Year | John G. Avildsen |
1987 | Svart Gryning | Carlos Lemos |
1988 | Cookie | Susan Seidelman |
1988 | Venus 90 | Jösta Hagelback |
1988 | Vibes | Ken Kwapis |
1990 | Aunt Julia and the Scriptwriter = Tune in Tomorrow Tante Julia et le scribouillard | Jon Amiel |
1990 | In the Spirit | Sandra Seacat |
1990 | Motion and Emotion | Paul Joyce |
1991 | Player (The) | Robert Altman |
1992 | In weiter ferne, so nah ! Si loin, si proche ! | Wim Wenders |
1992 | Time Is Money | Paolo Barzman |
1995 | Anything for John | Dominique Cazenave |
1995 | Cops n Roberts | Peter Crane |
1995 | Roommates | Peter Yates |
2000 | A Constant Forge | Charles Kiselyak |
2000 | Enemies of Laughter | Joey Travolta |
2000 | Lakeboat | Joe Mantegna |
2001 | Corky Romano | Rob Pritts |
2001 | Made | Jon Favreau |
2001 | Undisputed Un seul deviendra invincible | Walter Hill |
2002 | Three Days of Rain | Michael Meredith |
2003 | Shark Tale Gang de requins | Vicky Jenson, Eric Bergeron, Rob Letterman |
2006 | Next | Lee Tamahori |