Harry Baur se détourne de la carrière d'officier de marine marchande à laquelle son père le destine. Il préfère s'essayer au théâtre et obtient un Premier prix au Conservatoire de Marseille. Après quoi, il "monte" à Paris et se produit au théâtre du Grand-Guignol, à celui du Palais-Royal et au théâtre Antoine dès 1905. Simultanément, il apparaît sur les écrans du muet mais n'y entame pas une véritable carrière, préférant rester sur les planches. En 1923, il est notamment l'un des interprètes de La voyante (1923), interrompu en cours de tournage par la mort de Sarah Bernhardt.
Il n'est pas insultant pour Harry Baur, ce monstre sacré du cinéma, de dire que sa carrière sur les écrans ne débute en fait qu'en 1930, malgré ses 50 ans. C'est l'année où il est appelé au théâtre par Pagnol pour remplacer un Raimu souffrant dans le rôle de César. Alors qu'il envisage de transformer cette expérience au cinéma dans le même rôle, l'acteur se voit opposer une fin de non recevoir au motif "qu'il ne serait pas un comédien de cinéma". Il réplique sèchement à Pagnol: "Eh bien, nous en reparlerons d'ici un ou deux ans!". Il ne faudra pas deux ans à Baur pour s'imposer. Parole tenue avec David Golder (1931) de Julien Duvivier, dont il est l'interprète favori à plusieurs reprises. Le rôle de ce banquier juif, puissant et riche mais finalement victime de ses sentiments et ruiné par les siens, lui colle à la peau. Baur n'a plus l'âge pour les rôles de jeune premier mais sa stature lui permet sans difficulté de se glisser dans la peau d'hommes mûrs, généralement disposé à l'expression de grands sentiments. Son assurance qui lui permet de jouer avec sa voix tonitruante pour incarner des personnages tantôt rieurs, tantôt pleureurs, toujours savoureux et hauts en couleurs.. Entre 1930 et la déclaration de guerre, il tourne en moyenne trois films par an, tant dans le registre de la comédie que dans celui du drame. Il est tour à tour émouvant dans Poil de carotte (Julien Duvivier, 1932), inquiétant dans Le golem (id., 1938), effrayant dans Nuits Moscovites (Alexis Granowski, 1934). Peu à peu, il devient le grand rival de Raimu, lui disputant tous les premiers rôles importants des années trente. Il développe un penchant pour les atmosphères slaves et participe à toutes les productions qui s'en réclament. Il incarne Raspoutine dans La tragédie impériale (Marcel Lherbier, 1938), fait un numéro d'acteur mémorable en Tarass Boulba (Alexis Granovski, 1936), campe le juge Porphyre dans Crime et Châtiments, personnifie un tsar fou dans Le patriote (Maurice Tourneur, 1937). Ces rôles exotiques ne lui barrent nullement la route du Boulevard (Samson, id., 1936; Le président Hautdecoeur, Julien Dréville, 1940). Il ne faut pas oublier non plus sa remarquable interprétation de Jean Valjean dans la version des Misérables (1934) tournée par Raymond Bernard. Taxé de collaboration par la presse française alors qu'il tourne un film en Allemagne (Symphonie d'une vie, Hans Bertram, 1942), il est pourtant accusé par la Gestapo d'être un agent double. Il meurt dans des conditions mystérieuses après avoir été vraisemblablement torturé à Berlin, perdu 37 kilos (il en pesait 100), puis rapatrié à son domicile parisien. Seule la famille fit le déplacement pour assister à ses funérailles. Il allait sombrer dans l'oubli lorsque l'état français lui rendit hommage en 1955, à la Maison de la Chimie de Paris.
Jusqu'en 1930, Harry Baur exerce ses talents de comédien au théâtre. Il crée avec succès de nombreuses comédies de Tristan Bernard, Louis Verneuil, Francis de Croisset et Sacha Guitry. On le voit aussi au Music-hall : il participe à deux revues aux côtés de Mistinguett et Maurice Chevalier.
1922 | Robe déchirée (La) | Jacques de Baroncelli |
1908 | Bon cambrioleur (Le) | Anonyme |
1909 | Arsène Lupin | Michel Carré |
1909 | Assommoir (L') | Albert Capellani |
1909 | Beethoven | Victorin Jasset |
1909 | Don César de Bazan | Victorin Jasset |
1909 | Enlèvement de Mademoiselle Biffin (L') | Anonyme |
1909 | Hector est un garçon sérieux | Anonyme |
1909 | Jeunesse de Vidocq = Comment on devient policier (La) | Anonyme |
1909 | Légende du bon chevalier (La) | Victorin Jasset |
1909 | Miniature (La) | Michel Carré |
1909 | Noce à Canuche (La) | Michel Carré |
1909 | Octave | Anonyme |
1909 | Petits iront à la mer (Les) | Anonyme |
1909 | Suicidés de Louf (Les) | Michel Carré |
1910 | Aventuriers du Val d'Or (Les) | Anonyme |
1910 | Evasion d'un truand (L') | Michel Carré |
1910 | Four à chaux (Le) | Michel Carré |
1910 | Haine (La) | Anonyme |
1910 | Mauvais pilote (Le) | Anonyme |
1910 | Messager de Notre-Dame (Le) | Michel Carré |
1910 | Messagers de Notre-Dame (Les) | Léon Boulnois |
1910 | Naufragé (Le) | Michel Carré |
1910 | Sur la pente | Michel Carré |
1911 | Note de la blanchisseuse = Frisette, blanchisseuse de fin (La) | Georges Denola |
1911 | Vidocq | Gérard Bourgeois |
1912 | Amis de la mort (Les) | Anonyme |
1912 | Cheveu d'or (Le) | Pierre Bressol |
1912 | Secret du lac (Le) | Anonyme |
1913 | Arsène Lupin contre Ganimard | Michel Carré |
1913 | Roman de Carpentier (Le) | Anonyme |
1913 | Shylock, le marchand de Venise | Henri Desfontaines, Louis Mercanton |
1914 | Affaire d'Orcival (L') | Gérard Bourgeois |
1914 | Monsieur Lecoq | Maurice Tourneur |
1915 | Chignon d'or | André Hugon |
1915 | Maison du passeur (La) | Gérard Bourgeois |
1915 | Strass et Cie | Abel Gance |
1916 | Quand l'amour meurt | Raoul d' Auchy |
1916 | Suicide de Sir Letson (Le) | Jacques de Baroncelli |
1917 | 48, avenue de l'Opéra | Georges Denola |
1917 | Âme du bronze (L') | Henri Roussell |
1917 | Sous la griffe | Albert Dieudonné |
1918 | Angoisse dans la nuit (L') | Anonyme |
1923 | Voyante (La) | Léon Abrams, Louis Mercanton |
1930 | Cap perdu (Le) | Ewald Andreas Dupont |
1930 | David Golder | Julien Duvivier |
1931 | Cinq gentlemen maudits (Les) | Julien Duvivier |
1931 | Juif polonais (Le) | Jean Kemm |
1932 | Criminel | Jack Forrester |
1932 | Poil de Carotte | Julien Duvivier |
1932 | Rothchild | Marco de Gastyne |
1932 | Tête d'un homme (La) | Julien Duvivier |
1932 | Trois mousquetaires (Les) | Henri Diamant-Berger |
1933 | Cette vieille canaille | Anatole Litvak |
1933 | Misérables (Les) | Raymond Bernard |
1934 | Crime et châtiment | Pierre Chenal |
1934 | Golgotha | Julien Duvivier |
1934 | Greluchon délicat (Le) | Jean Choux |
1934 | Nuits moscovites (Les) | Alexis Granowsky |
1934 | Un homme en or | Jean Dréville |
1935 | Golem (Le) | Julien Duvivier |
1935 | Moscow Nights | Anthony Asquith |
1935 | Samson | Maurice Tourneur |
1935 | Tarass Boulba | Alexis Granowsky |
1935 | Yeux noirs (Les) | Victor Tourjansky |
1936 | Hommes nouveaux (Les) | Marcel L'Herbier |
1936 | Nitchevo | Jacques de Baroncelli |
1936 | Paris | Jean Choux |
1936 | Un grand amour de Beethoven | Abel Gance |
1937 | Mollenard | Robert Siodmak |
1937 | Nostalgie | Victor Tourjansky |
1937 | Sarati le terrible | André Hugon |
1937 | Secrets de la Mer Rouge (Les) | Richard Pottier |
1937 | Tragédie impériale (La) | Marcel L'Herbier |
1937 | Un carnet de bal | Julien Duvivier |
1938 | Patriote (Le) | Maurice Tourneur |
1939 | Homme du Niger (L') | Jacques de Baroncelli |
1939 | Président Haudecoeur (Le) | Jean Dréville |
1940 | Volpone | Maurice Tourneur |
1941 | Assassinat du père Noël (L') | Christian-Jaque |
1941 | Péchés de jeunesse | Maurice Tourneur |
1942 | Symphonie eines Lebens Symphonie d'une vie | Hans Bertram |