Issu d'un milieu modeste, Michel Duchaussoy obtient un CAP de menuisier, puis fait des études au Conservatoire de Lille avant d'entrer au Conservatoire national d'art dramatique de Paris dans les classes de Robert Manuel et Fernand Ledoux en 1961. Membre de la Comédie-Française en 1964, il en devient sociétaire en 1967, et y reste durant vingt ans. Avant tout artiste de scène, il débute sa carrière au cinéma en 1966 avec Jeu de massacre d'Alain Jessua.
Michel Duchaussoy, interprète aguerri au vaste répertoire du Français, interprète avec aisance des personnages très divers. Il revendique un certain recul, une malice et souvent une ambiguïté : c'est sa façon de s'approprier les rôles. Un choix qui convient tout à fait à Claude Chabrol avec qui il travaille à de nombreuses reprises et qui lui offre peut-être son rôle le plus inoubliable : le père recherchant le chauffard qui a tué son fils dans Que la bête meure où la confrontation de son jeu tout en nuances avec la puissance virile de Jean Yanne fait merveille.
Il retrouvera Chabrol à cinq reprises (La Femme infidèle, 1969 ; La Rupture, 1970 ; Juste avant la nuit, 1970 ; Nada, 1973 et, plus tardivement, La Demoiselle d'honneur, 2004), le réalisateur s'amusant à transformer l'acteur en policier, en professeur de philosophie anarchiste, en écrivain pour enfants... Ils travailleront aussi ensemble pour la télévision.
Avec Alain Corneau, Duchaussoy campe un militaire sévère dans le désert de Fort Saganne (1983) et participe au polar Le Môme (1986). Chez Jean Marboeuf, Roger Vadim, Robert Enrico, Edouard Molinaro, Alain Jessua, Jacques Deray, Yves Robert , Claude Pinoteau... il s'impose comme un visage familier des films des cinéastes français les plus classiques des années 1970-1990, s'autorisant parfois une escapade chez Paul Vecchali (Femmes femmes, 1975) ou chez Pascal Thomas (Un oursin dans la poche, 1977).
C'est à la cinquantaine qu'il trouve des rôles à sa mesure : il est le général de La Vie et rien d'autre (1988) de Bertrand Tavernier, il incarne Napoléon III dans Bernadette (Jean Delannoy, 1988) et dans La Révolution française (Robert Enrico, 1989), il est Bailly, maire de Paris... le journaliste bloqué à la campagne pendant les événements de mai 68 dans Milou en mai de Louis Malle (1990). Il est nominé pour ce film au César du second rôle.
La nuance, la subtilité sont ses maîtres mots, même si à l'inverse il lui arrive d'incarner des personnages campés sur leurs certitudes. En 1998, il donne chair à un procureur de la République luttant pour l'ordre établi dans Fait d'hiver de Robert Enrico. Patrice Leconte utilise, comme beaucoup d'autres cinéastes, son autorité naturelle et son impassibilité pour incarner l'inflexible gouverneur de Saint-Pierre et Miquelon, bien décidé à obtenir la tête de Emir Kusturica dans La Veuve de Saint-Pierre (2000) puis lui donne le rôle du psychanalyste de Confidences trop intimes (2004). Costa-Gavras le transforme en cardinal influent dans le Vatican de la Seconde Guerre mondiale dans Amen. (2002) tandis qu'il joue un drôle de VRP dans Les Portes de la gloire (2001), comédie de Christian Merret-Palmair.
Père de Jacques Mesrine dans les deux films que Jean-François Richet consacre en 2008 au fameux gangster ( L'Esprit de mort et L'Ennemi public n°1), il ajoute grâce à Persécution (2009) le nom de Patrice Chéreau à la liste des grands réalisateurs qui l'ont employé, ici pour un rôle de vieillard.
Bouleversant dans Elle s'appelait Sarah (Gilles Paquet-Brenner, 2010), il s'illustre aussi sur des modes plus légers mais toujours dans ces rôles d'autorité qui ont sa préférence, en directeur de l'école du Petit Nicolas (Laurent Tirard, 2009) ou en chef du village gaulois d'Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté (Laurent Tirard, 2012). Ce personnage d'Abraracourcix dans un gros succès populaire sera son dernier rôle à l'écran.
On notera qu'alors qu'il a généralement été cantonné à des seconds rôles, Michel Duchaussoy s'est vu confier par Denis Dercourt le rôle principal du drame Lise et André (2000), celui d'un prêtre misanthrope pris en otage par une mère désespérée.
A la Comédie Française, Michel Duchaussoy interprète les plus grandes pièces du répertoire classique : Les Précieuses ridicules (1964) de Molière, Le Songe d'une nuit d'été (1965) de Shakespeare, Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand (1965), Fantasio d'Alfred de Musset (1965), Electre de Jean Giraudoux (1969), Le Barbier de Séville de Beaumarchais (1970), L'Idiot de Fedor Dostoïevski (1975), Marie Tudor de Victor Hugo (1982)...
En 1967, il se lance dans la mise en scène au sein du Français (La Commère, de Marivaux, 1967 ; Il ne faut jurer de rien, 1970, de Musset). Il poursuit sa carrière au théâtre hors des murs de la Comédie Française, travaillant avec Alfredo Arias, Bernard Murat, Roger Planchon, Stephan Meldegg, et obtenant un Molière du second rôle pour Phèdre mis en scène par Patrice Chéreau (2003).
Il participe à des réalisations pour la télévision. Il tient des rôles récurrent dans quelques séries (Un juge, un flic, 1977 ; Les Coeurs brûlés, 1992 ; Zodiaque, 2004 ; Braquo, 2009 ; Ainsi soient-ils, 2012...) et apparaît dans des épisodes d'autres (Maigret, Femmes de loi, Les Cordier, juge et flic...). Il tourne aussi divers téléfilms (Le Stagiaire de Jacques Rouffio ; La Femme des autres de Jean Marboeuf ; Nul n'est parfait, 1974, de Claude Chabrol ; Un été de glace, 1991, de Bernard Giraudeau ; La Chanson du maçon, 2002, de Nina Companeez ; L'Affaire Gordji, 2012, de Guillaume Nicloux, dans lequel il incarne François Mitterrand...) et mini-séries (L'Allée du Roi, 1996, de Nina Companeez ; Les Misérables, 2000, de Josée Dayan).
1973 | Bonne nouvelle (La) | André Weinfeld |
1994 | 3000 scénarios contre un virus : L'Appel d'un ami | Jean Marboeuf |
2006 | Lune de miel | François Bréniaux |
1966 | Jeu de massacre | Alain Jessua |
1967 | Louve solitaire (La) | Edouard Logereau |
1968 | Bye bye Barbara | Michel Deville |
1968 | Femme infidèle (La) | Claude Chabrol |
1969 | Main (La) | Henri Glaeser |
1969 | Que la bête meure | Claude Chabrol |
1970 | Aussi loin que l'amour | Frédéric Rossif |
1970 | Ils | Jean-Daniel Simon |
1970 | Rupture (La) | Claude Chabrol |
1970 | Stances à Sophie (Les) | Moshé Mizrahi |
1971 | Homme au cerveau greffé (L') | Jacques Doniol-Valcroze |
1972 | Complot (Le) | René Gainville |
1972 | Traitement de choc | Alain Jessua |
1973 | Nada | Claude Chabrol |
1974 | Femmes, femmes | Paul Vecchiali |
1974 | Jeune fille assassinée (La) | Roger Vadim |
1974 | Retour du grand blond (Le) | Yves Robert |
1976 | Armaguedon | Alain Jessua |
1977 | Homme pressé (L') | Edouard Molinaro |
1977 | Un oursin dans la poche | Pascal Thomas |
1978 | Je te tiens, tu me tiens par la barbichette | Jean Yanne |
1979 | Ville des silences (La) | Jean Marboeuf |
1981 | Un matin rouge | Jean-Jacques Aublanc |
1982 | Surprise party | Roger Vadim |
1983 | Fort Saganne | Alain Corneau |
1984 | Partenaires | Claude d' Anna |
1985 | Suivez mon regard | Jean Curtelin |
1986 | Môme (Le) | Alain Corneau |
1987 | Bernadette | Jean Delannoy |
1988 | Bois noirs (Les) | Jacques Deray |
1988 | Equipe de nuit | Claude d' Anna |
1988 | Vie et rien d'autre (La) | Bertrand Tavernier |
1989 | Milou en mai | Louis Malle |
1989 | Révolution Française : Les années lumière (La) | Robert Enrico |
1989 | Révolution Française : Les années terribles (La) | Richard T. Heffron |
1989 | Voir l'éléphant | Jean Marboeuf |
1992 | Pas d'amour sans amour | Evelyne Dress |
1993 | Cache cash | Claude Pinoteau |
1995 | diable à quatre (Le) | Giorgio Ferrara |
1997 | Disparus | Gilles Bourdos |
1998 | Cidade dos prodigios (A) La Ville des prodiges | Mario Camus |
1998 | Fait d'hiver | Robert Enrico |
1999 | Lise et André | Denis Dercourt |
1999 | T'aime | Patrick Sébastien |
1999 | Veuve de Saint-Pierre (La) | Patrice Leconte |
2000 | Petit Poucet (Le) | Olivier Dahan |
2000 | Portes de la gloire (Les) | Christian Merret-Palmair |
2001 | Amen. | Costa-Gavras |
2001 | Mentale (La) | Manuel Boursinhac |
2002 | Bienvenue chez les Rozes | Francis Palluau |
2002 | Dédales | René Manzor |
2002 | Tristan | Philippe Harel |
2003 | Cadeau d'Eléna (Le) | Frédéric Graziani |
2003 | Confidences trop intimes | Patrice Leconte |
2004 | Boîte noire (La) | Richard Berry |
2004 | Demoiselle d'honneur (La) | Claude Chabrol |
2004 | Plus beau jour de ma vie (Le) | Julie Lipinski |
2005 | Arthur et les Minimoys | Luc Besson |
2005 | Poltergay | Eric Lavaine |
2006 | Deux mondes (Les) | Daniel Cohen |
2007 | Arthur et la vengeance de Maltazard | Luc Besson |
2007 | Mesrine : L'Ennemi public n°1 | Jean-François Richet |
2007 | Mesrine : L'instinct de mort | Jean-François Richet |
2008 | Mères et filles | Julie Lopes-Curval |
2008 | Persécution | Patrice Chéreau |
2008 | Petit Nicolas (Le) | Laurent Tirard |
2008 | Tricheuse | Jean-François Davy |
2009 | Age de raison (L') | Yann Samuell |
2009 | Arthur 3, la guerre des deux mondes | Luc Besson |
2009 | Autre Dumas (L') | Safy Nebbou |
2009 | Elle s'appelait Sarah | Gilles Paquet-Brenner |
2009 | Loi de Murphy (La) | Christophe Campos |
2011 | Astérix et Obélix au service de sa majesté | Laurent Tirard |