Brigitte Fossey entre dès l'âge de cinq ans dans le métier d'acteur: c'est en répondant à l'annonce de René Clément qu'elle endosse en 1951 le célèbre rôle de la petite fille de Jeux interdits. C'est la révélation du Festival de Venise. Mais ses parents (son père est professeur d'anglais) ont pour elle d'autres projets, et l'expérience cinématographique ne se renouvelle guère qu'avec La corde d'acier (1954) de Carlo Borghesio, tourné en Italie, puis avec La route joyeuse (1956), un film américain, où elle incarne, au côté de Gene Kelly, une pensionnaire de lycée qui s'enfuit à travers la nature. Brigitte Fossey ne songe plus alors à la carrière de comédienne. Mais après des études de philosophie et d'interprétariat à Genève, elle rencontre en 1966 Jean-Gabriel Albicocco qui la convainc d'accepter le rôle d'Yvonne Gallais pour son film Le grand Meaulnes (1967).
Surprise trop tôt en petite fille pure et fragile, Brigitte Fossey, devenue grande, s'efforce d'inverser les rôles. Mais comme dans un miroir, elle reste toujours rattachée au seul personnage vraiment authentique à ses yeux : l'enfant, cet immortel en chacun. Car le miroir ne ment pas : d'abord émouvante et jugée prometteuse pour sa prestation dans Jeux interdits, l'actrice réalise avec Le grand Meaulnes qu'elle ne sait ni rire ni pleurer. Décidée à se corriger, elle travaille son art dramatique. En 1970, elle tourne un film grave, M comme Mathieu de Jean-François Adam. La même année, Raphaël ou le débauché de Michel Deville fait d'elle une vedette. Dès lors, son registre se diversifie. Femme facile dans Les valseuses (1973) de Bertrand Blier, elle est au contraire une femme libérée dans Mais où et donc Ornicar (1978) de Bertrand Van Effenterre. Séduite dans L'homme qui aimait les femmes (1976) de François Truffaut, elle est à son tour séductrice, détournant Richard Berry du droit chemin dans Le jeune marié (1982) de Bernard Stora. La scarlatine (1983) de Gabriel Aghion joue sur la tentation bien féministe de se passer d'homme pour, l'amour aidant, renoncer à jamais à cette idée. Ambiguë à souhait dans Enigma (1981) de Jeannot Szwarc, Brigitte Fossey affectionne les contradictions. Mais elle joue aussi la passion, avec une conviction entière, dans un personnage de Kleist qui sied à sa distinction naturelle (Un amour interdit, 1983, de Jean-Pierre Dougnac). Cependant, c'est avant tout pour son métier qu'elle exprime détermination et constance. Capable de se préparer pendant six mois à un rôle (Un mauvais fils, 1980, de Claude Sautet), l'actrice accorde la même disponibilité aussi bien à de jeunes auteurs (Claude Faraldo ou Helma Sanders) qu'à de grands réalisateurs (Claude Lelouch). Un long chemin est parcouru quand la petite fille de Jeux interdits devient la mère de famille idéale de quarante ans (Au nom de tous les miens, 1982, de Robert Enrico). Cette image se popularise avec La boum (1980) de Claude Pinoteau, où Brigitte Fossey représente toute femme aux prises avec la crise d'adolescence de sa fille, tandis que son mari s'éloigne. Le succès est tel qu'une suite voit le jour (La boum 2, 1982). Mais à l'approche des années 1990, Brigitte Fossey se fait plus rare au cinéma. Outre le fantastique 36.15 code père noël (1988) de René Manzor, elle termine en beauté avec Les enfants du naufrageur (1991) de Jérôme Foulon. Ce conte pour enfants ne révèle pas une vérité symbolique mais la réalité bien vivante d'un amour romanesque. De quoi séduire celle qui déclare volontiers que les enfants seuls "obligent le monde à leur ressembler".
Au théâtre, Brigitte Fossey interprète Bleus blancs rouges, Eté, Slag, La mouette, Macbeth, Reviens, James Dean, reviens, Paroles et La surprise de l'amour.
A la télévision, elle tourne Les gens de Mogador (1972) de Robert Mazoyer, Salvator et les mohicans de Paris (1974) de Bernard Borderie, L'été indien (1980) de Jean Delannoy, Le château des oliviers (1992) de Nicolas Gessner, Pour l'amour de Thomas (1994) de Claude Gagnon et Un et un font six (1997) de Franck Apprédéris.
Elle participe à un opéra, Jeanne au bûcher, d'après Arthur Honegger.
Elle écrit pour le Conseil économique et social un rapport avec Danièle Delorme sur L'éveil artistique des enfants en France et en Europe.
Enfin, l'actrice contribue à l'élaboration de la convention internationale des droits de l'enfant.
2002 | Toujours tout droit | Manuel Moutier |
1951 | Jeux interdits | René Clément |
1954 | Corda d'acciaio (La) L'Amour d'une mère | Carlo Borghesio |
1956 | Happy Road (The) La Route joyeuse | Gene Kelly |
1966 | Grand Meaulnes (Le) | Jean-Gabriel Albicocco |
1968 | Adieu l'ami | Jean Herman |
1970 | M comme Mathieu | Jean-François Adam |
1970 | Mio | Susumu Hani |
1970 | Raphaël ou le débauché | Michel Deville |
1973 | Erica Minor | Bertrand Van Effenterre |
1973 | Ironie du sort (L') | Edouard Molinaro |
1973 | Valseuses (Les) | Bertrand Blier |
1974 | Brigade (La) | René Gilson |
1974 | Crazy american girl (The) La Fille d'Amérique | David Newman |
1975 | Bon et les méchants (Le) | Claude Lelouch |
1975 | Calmos | Bertrand Blier |
1975 | Chant du départ (Le) | Pascal Aubier |
1975 | Fleurs du miel (Les) | Claude Faraldo |
1976 | Enfants du placard (Les) | Benoît Jacquot |
1976 | Guerres civiles en France | François Barat, Vincent Nordon, Joël Farges |
1976 | Homme qui aimait les femmes (L') | François Truffaut |
1976 | Pays bleu (Le) | Jean-Charles Tacchella |
1977 | Gläserne Zelle (Die) La Cellule de verre | Hans W. Geissendörfer |
1978 | Affaire suisse (L') | Max Peter Ammann |
1978 | Mais ou et donc Ornicar | Bertrand Van Effenterre |
1978 | Quintet | Robert Altman |
1979 | Mouton noir (Le) | Jean-Pierre Moscardo |
1979 | Triple mort du troisième personnage (La) | Helvio Soto |
1980 | Boum (La) | Claude Pinoteau |
1980 | Coco Chanel Chanel solitaire | George Kaczender |
1980 | Un mauvais fils | Claude Sautet |
1981 | Croque la vie | Jean-Charles Tacchella |
1981 | Enigma | Jeannot Szwarc |
1981 | Imperativ L'Impératif | Krzysztof Zanussi |
1982 | Au nom de tous les miens | Robert Enrico |
1982 | Bâtard (Le) | Bertrand Van Effenterre |
1982 | Boum 2 (La) | Claude Pinoteau |
1982 | Jeune marié (Le) | Bernard Stora |
1982 | Xueiv | Patrick Brunie |
1983 | Scarlatine (La) | Gabriel Aghion |
1983 | Un amour interdit | Jean-Pierre Dougnac |
1984 | Fausses confidences (Les) | Daniel Moosmann |
1984 | Flügel und Fesseln L'Avenir d'Émilie | Helma Sanders-Brahms |
1988 | Nuovo Cinema Paradiso Cinema Paradiso | Giuseppe Tornatore |
1989 | 36-15 code Père Noël | René Manzor |
1990 | Cri du papillon (Le) | Karel Kachyna |
1990 | Un vampire au paradis | Abdelkrim Bahloul |
1991 | Enfants du naufrageur (Les) | Jérôme Foulon |
2015 | Faut pas lui dire | Solange Cicurel |
2020 | Chemin du bonheur (Le) | Nicolas Steil |