Ses parents espèrent qu'elle deviendra une sage-femme, mais Suzy Delair veut être comédienne. Apprentie modiste à treize ans, elle n'abandonne pas ses rêves et fait des figurations dans des pièces et des films. Elle devient ensuite chanteuse de music-hall avant de devenir comédienne.
C'est grâce à Henri-Georges Clouzot que Suzy Delair parvient à se faire un nom dans le monde du cinéma. Il crée pour elle le personnage de Mila Malou, compagne gaffeuse du commissaire Wens dans Le dernier des six (1941) de Georges Lacombe. Ce rôle de Parigote délurée, rouspéteuse et gouailleuse lui va comme un gant. Le public est ravi. Clouzot, devenu réalisateur, la rappelle pour L'assassin habite au 21 (1942) et Quai des orfèvres (1947). Elle remporte un triomphe dans ce dernier film en interprétant le rôle d'une chanteuse de music-hall. Elle passe avec brio du rire aux larmes, du drame à la comédie. Suzy Delair a joué peu avant avec intelligence la grisette dans La vie de bohème (1942) de Marcel L'Herbier, et figure au côté de Louis Jouvet dans Copie conforme (1946) de Jean Dréville. Henri Jeanson lui confie un très beau rôle dans son unique film, Lady Paname (1949). L'actrice sait se montrer comme à son habitude tragique et comique, émouvante et amusante. Mais le public ne vient pas l'applaudir ; le film est un échec commercial. Après avoir beaucoup fait rire dans Souvenirs perdus (1950) de Christian-Jaque, elle retrouve des rôles à la mesure de son talent dans des oeuvres comme Gervaise (1955) de René Clément, Rocco et ses frères (1960) de Luchino Visconti, ou Du mouron pour les petits oiseaux (1962) de Marcel Carné. Après ce film, les réalisateurs ne font plus appel à cette actrice au fichu caractère. On la revoit en 1973, quand Gérard Oury lui propose de jouer l'épouse de Louis de Funès dans sa comédie Les Aventures de rabbi Jacob. Elle s'illustre encore dans Oublie-moi, mandoline (1975) de Michel Wyn avant d'abandonner le grand écran. En 1982, n'ayant rien perdu de son franc-parler, elle explique ainsi les raisons de cette désaffection : " On me fait trop rarement travailler. Sans doute me fait-on payer à la fois de ne pas appartenir à des chapelles, les aventures masculines auxquelles j'ai parfois sacrifié ma carrière, et surtout, mon refus de flirter quand il aurait fallu le faire. "
Suzy Delair est danseuse et chanteuse. Au début de sa carrière, elle participe à de nombreuses revues avec Mistinguett ou Marie Dubas. Elle fait ensuite des tours de chant ou des opérettes à l'Européen, à Bobino, à Marigny. Elle reçoit le Grand prix du disque pour Suzy Delair chante Offenbach et pour l'enregistrement intégral des Trois valses.
Sur les planches, elle joue notamment La périchole, La vie parisenne, L'ours, Boy friend (1963) et Véronique (1980).
A la télévision, elle interprète entre autres Hortense Schneider et les séries Le mythomane (1982) et L'age vermeil (1984).
1930 | Un caprice de la Pompadour | Willi Wolff, Joë Hamman |
1931 | Dame de chez Maxim's (La) | Alexander Korda |
1932 | Violettes impériales | Henry Roussell |
1933 | Casanova | René Barberis |
1933 | Sexe faible (Le) | Robert Siodmak |
1933 | Touchons du bois | Maurice Champreux |
1934 | Crise est finie (La) | Robert Siodmak |
1934 | Dédé | René Guissart |
1934 | Or dans la rue (L') | Kurt Bernhardt |
1935 | Soeurs Hortensias (Les) | René Guissart |
1936 | Prends la route | Jean Boyer |
1936 | Trois... six... neuf | Raymond Rouleau |
1941 | Dernier des six (Le) | Georges Lacombe |
1942 | Assassin habite au 21 (L') | Henri-Georges Clouzot |
1942 | Défense d'aimer | Richard Pottier |
1942 | Vie de bohème (La) | Marcel L'Herbier |
1946 | Copie conforme | Jean Dréville |
1947 | Par la fenêtre | Gilles Grangier |
1947 | Quai des Orfèvres | Henri-Georges Clouzot |
1948 | Pattes blanches | Jean Grémillon |
1949 | Botta e risposta Je suis de la revue | Mario Soldati |
1949 | Lady Paname | Henri Jeanson |
1950 | Atoll K | Léo Joannon |
1950 | Souvenirs perdus | Christian-Jaque |
1954 | Fil à la patte (Le) | Guy Lefranc |
1955 | Gervaise | René Clément |
1956 | Couturier de ces dames (Le) | Jean Boyer |
1959 | Régates de San Francisco (Les) | Claude Autant-Lara |
1960 | Rocco e i suoi fratelli Rocco et ses frères | Luchino Visconti |
1962 | Du mouron pour les petits oiseaux | Marcel Carné |
1973 | Aventures de Rabbi Jacob (Les) | Gérard Oury |
1975 | Oublie-moi Mandoline | Michel Wyn |