Passionnée d'histoire et d'art dramatique, Annett Wolf poursuit des études en Angleterre et en Espagne, menant une vie d'aventure et de découvertes dans des milieux aussi divers que la tauromachie ou les circuits de Formule 1. Au début des années 1960, délaissant l'entreprise familiale d'import de vin, elle rejoint les équipes de la radio-télévision publique danoise, la Danmarks Radio.
Productrice, réalisatrice, historienne de la chanson et du cinéma, Annett Wolf est l'auteur d'une oeuvre méconnue qui a porté l'art du portrait à sa plus intense expression.
En 1962, Annett Wolf fait ses premières armes à la télévision danoise en filmant et en produisant des émissions spéciales sur des jazzmen américains comme Dexter Gordon, Dave Brubeck ou Stan Getz. Elle travaille avec le saxophoniste de jazz américain Sahib Shihab, qui signe les musiques de deux de ses films : Theme in D Minor (1963), une promenade nocturne et poétique dans Copenhague, et La Fille aux ballerines (1965), hommage au film de Michael Powell et Emeric Pressburger Les Chaussons rouges.
Courts métrages de fiction, documentaires, satires de l'actualité, émissions de variétés, Annett Wolf s'essaie à tous les formats. Fascinée autant par les oeuvres que par le geste qui les crée, elle explore les fonctions narratives de l'image : elle réalise en 1967 (avec la collaboration de l'artiste) une " autobiographie " visuelle originale du mime Marcel Marceau, restituant sa vie sous forme de " mimodrames " : The Visual World of Marcel Marceau, premier film en couleurs diffusé par la télévision danoise. Fréquentant assidument les plateaux de tournage à travers l'Europe, elle met au point un art très personnel de l'entretien, sachant révéler par son attitude bienveillante, au-delà des façades sociales ou professionnelles, la personnalité profonde des personnes interviewées. Cet art du portrait intime deviendra sa marque de fabrique. Elle rencontre Peter Ustinov à Genève en 1973 et Peter Sellers à Nice en 1975. À Stockholm, sur le tournage d'un film inachevé et jamais sorti, The Day the Clown Cried, elle parvient à faire s'exprimer de la façon la plus intime le grand acteur Jerry Lewis qui lui a accordé un entretien au milieu de la nuit.
Annett Wolf s'intéresse également aux films muets et consacre un documentaire en trois parties à Charlie Chaplin, filmant avec intensité, contraste et dissonances les quartiers décatis de sa jeunesse londonienne. Elle réalise d'ailleurs en 1969 un court métrage muet burlesque, L'homme qui avait perdu sa chaussure. Poursuivant ses réflexions sur la forme cinématographique, elle réalise des " essais " sur Boris Vian et Malinovski, lectures de poèmes face caméra, mise en scènes d'archives et d'images de lieux en déshérence, où des mannequins croisent des humains sur une bande son mêlant les musiques de Varese, Frank Zappa ou Carlos Santana. Elle explore l'articulation de la parole et du paysage dans un portrait singulier du chanteur Jacques Brel (Le Monde de Jacques Brel (1972), construit autour de ses chansons-clés, sous forme de poèmes visuels et sur fond de paysages flamands. Annett Wolf s'enthousiasme aussi pour la chanson française. Résidant souvent à Paris au cours des années 1970, elle réalise plusieurs portraits d'artistes français, notamment celui de la chanteuse Barbara (Le Monde de Barbara) en 1972. Dans un triptyque intitulé Le Temps de vivre, elle déploie en 1974, de Fréhel à Gainsbourg, un magnifique panorama de 50 ans de chanson française.
En 1976, après plus de 80 films d'une très grande diversité, Annett Wolf décide de prendre ses distances avec la télévision danoise et part à Hollywood. Dans la lignée de ses portraits-interviews, elle réalise plusieurs entretiens approfondis avec Jack Lemmon, Alfred Hitchcock, Walter Matthau et Telly Savalas. Elle s'interroge aussi sur les rapports de l'art et du marché : dans un film en forme de triptyque, schéma qu'elle affectionne, Hollywood 76/77, elle fait en 1976 un état des lieux de l'industrie hollywoodienne, du cinéma indépendant à la Blaxploitation, à travers des entretiens avec John Schlesinger, Dustin Hoffman, John Cassavetes ou Steven Spielberg.
En 1977, Annett Wolf s'installe de façon durable aux États-Unis en tant que productrice indépendante. Elle fonde sa propre société, Mc Curry-Wolf enterprises, et va développer pendant plus de dix ans un travail fructueux pour les grands studios (Universal, Paramount, 20th century Fox entre autres) : c'est elle qui va définir et donner ses lettres de noblesse au genre du " making of ", en tant qu'outil de promotion mais aussi comme oeuvre à part entière. Elle tourne ainsi les making of de films célèbres, comme Jaws 2 - The Making-off (1978), Star Trek, The Motion Picture (1979), ou encore Missing - The Making-off (1982).
Pour CBS television, elle capte les images de la dernière tournée d'Elvis Presley, dont elle s'attache à filmer les coulisses. Elle filmera les débuts de Sylvester Stallone, Frank Langella et Eddie Murphy, et les derniers feux de Fred Astaire, James Stewart et Douglas Fairbanks Jr.
Poursuivant ses entretiens approfondis avec des personnalités du monde des arts, Annett Wolf interviewe en face à face le danseur de ballet Rudolf Nureyev en 1985 à Stockholm, puis réalise une série de dialogues et d'ateliers avec Norman Jewison et Milos Forman.
Le parcours hors norme d'Annett Wolf prend une direction singulière lorsqu'en 1988, alors que la guerre des gangs fait rage à Los Angeles entre les Bloods et les Crips, elle s'associe avec le publiciste Harry Webber, ancien attaché de presse du mythique label Motown, pour monter à Los Angeles Crossfire, une pièce de théâtre qui met en scène les membres des gangs eux-mêmes. Initialement conçu pour désamorcer la guerre des gangs, le projet, porté par la candidature du révérend Jackson à l'investiture démocrate pour la Présidentielle, s'il apporte une trêve aux hostilités, perd peu à peu ses soutiens politiques. Les grands studios prennent très mal cet acte d'engagement politique et artistique et vont porter un coup d'arrêt à la carrière d'Annett Wolf.
Celle-ci quitte les États-Unis en 1990 pour retourner au Danemark travailler à la télévision danoise avant de s'établir sur la côte Est du Canada,
En 1983, Annett Wolf est la co-fondatrice et la première présidente de l'association Women in Film and Television International (WIFTI), fédérant 13.000 membres à travers le monde, et dont l'objectif est de promouvoir le développement professionnel des femmes dans le domaine de l'audiovisuel et des medias.
Elle anime des groupes de réflexion sur des sujets d'actualité, enseigne l'art de l'interview " en profondeur ", et donne des conférences sur le cinéma à la Dalhousie University d'Halifax, à l'University of Southern California (UCLA), et à l'American Film Institute.
Elle a mis en scène des pièces de théâtre au Théâtre royal danois de Copenhague, The Importance of Being Oscar basé sur les écrits d'Oscar Wilde en 1970, et l'adaptation danoise du spectacle musical Jacques Brel is Alive and Well and Living in Paris en 1971. Elle a adapté ces deux oeuvres pour la télévision danoise.
Elle s'implique dans les questions environnementales, en particulier sur celles touchant la population Inuit et la vie sauvage dans les zones arctiques du Canada.
En 2000, elle fonde The Wolf Foundation pour protéger la population des loups dans la région arctique et s'engage dans la préservation de l'équilibre naturel de cette région du globe.
Elle publie au Danemark en 2005 un livre considéré comme autobiographique, et dont l'édition anglaise, qui en est une version augmentée, a pour titre : The Wolf and the Glass-Eye.
1965 | Pigesko | Annett Wolf |
1967 | En mimikers verden - Marcel Marceau [Le Monde visuel de Marcel Marceau] | Annett Wolf |
1968 | Kvinden 68 [Expo 1968] | Annett Wolf |
1969 | Boris Vian [Erik Mork] | Annett Wolf |
1969 | Manden der mistede sin ene sko | Annett Wolf |
1971 | Kaerlighed 71. "En somand har sin ene gang" | Annett Wolf |
1972 | Barbara og hendes venden [Le Monde de Barbara] | Annett Wolf |
1972 | Danmarks schade | Annett Wolf |
1972 | Jacques Brel og hans verden [Le Monde de Jacques Brel] | Annett Wolf |
1972 | Jerry Lewis og hans verden | Annett Wolf |
1972 | Ord er et mord uden m - Ivan Malinovski | Annett Wolf |
1975 | Dave allen | Annett Wolf |
1976 | Alfred Hitchcock og hans verden | Annett Wolf |
1976 | Jack Lemmon [A twist of Lemmon] | Annett Wolf |
1976 | Telly Savalas alias Theo Kojak | Annett Wolf |
1984 | World of Ingmar Bergman (The) | Annett Wolf |
1988 | Crossfire | Annett Wolf |
1967 | En mimikers verden - Marcel Marceau [Le Monde visuel de Marcel Marceau] | Annett Wolf |
1975 | Dave allen | Annett Wolf |
1976 | Alfred Hitchcock og hans verden | Annett Wolf |
1976 | Jack Lemmon [A twist of Lemmon] | Annett Wolf |
1976 | Alfred Hitchcock og hans verden | Annett Wolf |
1976 | Jack Lemmon [A twist of Lemmon] | Annett Wolf |
1975 | Dave allen | Annett Wolf |
1964 | Theme in D Minor | Annett Wolf |
1965 | Charles Chaplin | Annett Wolf |
1965 | Store familie (Den) [La Grande famille - Charlie Rivel et le cirque Schumann] | Annett Wolf |
1966 | Omking en kat | Annett Wolf |
1967 | Fata Morgana : Nina and Frederyk | Annett Wolf |
1971 | En somand har sin enegang | Annett Wolf |
1973 | Askepot | Annett Wolf |
1973 | Peter Ustinov og hans verden | Annett Wolf |
1974 | Tid til at leve [Le Temps de vivre] | Annett Wolf |
1975 | Peter Sellers og hans verden | Annett Wolf |
1976 | Walter Matthau og hans verden | Annett Wolf |
1977 | Hollywood 76/77 | Annett Wolf |
1978 | Jaws 2 - The Making-off | Annett Wolf |
1979 | Dracula (1979) - The Making-off | Annett Wolf |
1979 | Star Trek The Motion Picture - The Making-off | Annett Wolf |
1980 | 48 Hours - The Making-off | Annett Wolf |
1982 | Missing - The Making-off | Annett Wolf |
1985 | Face to Face with Rudolf Nureyev | Annett Wolf |
1986 | En aften med Oscar Wilde | Annett Wolf |
1966 | Omking en kat | Annett Wolf |
1974 | Tid til at leve [Le Temps de vivre] | Annett Wolf |
1975 | Peter Sellers og hans verden | Annett Wolf |
1977 | Elvis in Concert | Dwight Hemion |
1977 | Elvis in Concert | Dwight Hemion |
1977 | Hollywood 76/77 | Annett Wolf |
1977 | Elvis in Concert | Dwight Hemion |
2016 | Instantanés du 20è siècle : Annett Wolf | Damien Bertrand |