Après ses études secondaires, Jean-Louis Barrault se morfond à un poste de pion au collège Chaptal de Paris et suit les cours d'histoire de l'Ecole du Louvre. Sa rencontre avec Charles Dullin est décisive : il suit ses cours de 1931 à 1935 et apprend le mime auprès d'Etienne Decroux. Il fait ses gammes au théâtre de l'Atelier où il monte son premier spectacle en 1935, Autour d'une mère, de William Faulkner, qui préfigure la prépondérance de la gestuelle dans l'art du comédien.
Avant tout homme de théâtre, Jean-Louis Barrault découvre le cinéma très jeune. Bien que constamment rappelé à sa vocation première, il lègue à l'écran quelques personnages impérissables, la plupart interprétés entre 1935 et 1945. Le cinéaste Marc Allégret est parmi les premiers à tirer partie de son talent. Il le voit sur les planches de l'Atelier et l'engage pour un rôle dans Les Beaux Jours (1935). Au fil des films, le public des salles obscures découvre un acteur maigre, douloureux et grave qui revendique l'héritage du tréteau. Jean-Louis Barrault met son corps en scène, lui donne la priorité et le sublime dans le mouvement et le langage des gestes, développant une force expressive très bien captée par la caméra. Si bien que le cinéma lui offre une pléiade de rôles où il incarne des personnages exaltés, illuminés, dévorés par la passion ou le désespoir, parfois à la limite de la folie. C'est notamment le cas dans Un grand amour de Beethoven (1936), d'Abel Gance, dans Le Destin fabuleux de Désirée Clary (1942) de Sacha Guitry, où il joue Bonaparte, dans La Symphonie fantastique (1942) de Christian-Jaque, où il interprète un Berlioz en proie à la folie. Dans un autre registre, Drôle de drame (1937) de Marcel Carné, lui permet de camper un tueur de bouchers traqué par les Bizarre, vous avez dit bizarre ? comme c'est bizarre ! du commissaire interprété par Louis Jouvet. Il est encore Henri Dunant, le philanthrope fondateur de la Croix-Rouge, dans D'homme à hommes (1948) de Christian-Jaque, ou le Louis XI du Miracle des loups (1961) d'André Hunebelle. Mais un seul film suffit à donner la mesure de son talent : Les Enfants du paradis, le chef-d'oeuvre de Marcel Carné et Jacques Prévert tourné pendant l'Occupation et sorti en 1945. Paradoxe pour cet artiste qui consacre sa vie au théâtre, c'est au cinéma qu'il trouve le rôle de sa vie - celui du mime Baptiste, amoureux d'Arletty - qui le rend célèbre à travers le monde. Jean-Louis Barrault consacre les trente dernières années de sa vie au théâtre et ne fait plus d'apparitions remarquées au cinéma, excepté sous les traits d'un pittoresque Restif de la Bretonne dans La Nuit de Varennes (1982) d'Ettore Scola.
Jean-Louis Barrault voue son existence au théâtre. D'abord comédien, il s'intéresse à la mise en scène puis monte lui-même ses spectacles. De 1940 à 1947, il est sociétaire de la Comédie-Française où il monte notamment Le Soulier de satin de Paul Claudel.
Avec son épouse Madeleine Renaud, il crée en 1946 la Compagnie Renaud-Barrault, installée au théâtre Marigny à Paris, où elle siège jusqu'en 1956, se produisant aussi bien dans des oeuvres classiques que dans le répertoire contemporain.
A compter de 1959, Jean-Louis Barrault est nommé directeur du théâtre de l'Odéon où il reste jusqu'aux événements de 1968. Il créé le théâtre d'Orsay en 1974 et le dirige jusqu'en 1981 avant de terminer sa carrière, en compagnie de son épouse, au théâtre du Rond-Point en 1984.
Il entreprend de nombreuses tournées à l'étranger et est l'auteur de plusieurs ouvrages sur le théâtre, dont Réflexions sur le théâtre (1949) et Nouvelles réflexions sur le théâtre (1959).
1942 | Etoiles de demain | René Guy-Grand |
1945 | Rose et le réséda (La) | André Michel |
1958 | Musée Grévin (Le) | Jacques Demy |
1959 | Belle saison est proche (La) | Jean Barral |
1962 | Bonheur d'être aimée (Le) | Henri Storck |
1963 | Répétition chez Jean-Louis Barrault | Robert Hessens |
1938 | Farinet - L'or dans la montagne | Max Haufler |
1935 | Beaux jours (Les) | Marc Allégret |
1935 | Mayerling | Anatole Litvak |
1935 | Sous les yeux d'Occident = Razoumov | Marc Allégret |
1936 | A nous deux, madame la vie | Yves Mirande, René Guissart |
1936 | Hélène | Jean Benoit-Levy, Marie Epstein |
1936 | Jenny | Marcel Carné |
1936 | Mademoiselle Docteur = Salonique, nid d'espions | Georg Wilhelm Pabst |
1936 | Un grand amour de Beethoven | Abel Gance |
1937 | Drôle de drame | Marcel Carné |
1937 | Mirages = Si tu m'aimes | Alexandre Ryder |
1937 | Orage | Marc Allégret |
1937 | Perles de la couronne (Les) | Sacha Guitry, Christian-Jaque |
1937 | Police mondaine | Christian Chamborant, Michel Bernheim |
1937 | Puritain (Le) | Jeff Musso |
1938 | Altitude 3200 | Jean Benoit-Levy, Marie Epstein |
1938 | Farinet - L'or dans la montagne | Max Haufler |
1938 | Piste du sud (La) | Pierre Billon |
1940 | Parade en sept nuits | Marc Allégret |
1941 | Destin fabuleux de Désirée Clary (Le) | René Le Hénaff, Sacha Guitry |
1941 | Montmartre-sur-Seine | Georges Lacombe |
1941 | Symphonie fantastique (La) | Christian-Jaque |
1942 | Ange de la nuit (L') | André Berthomieu |
1943 | Enfants du paradis (Les) | Marcel Carné |
1945 | Part de l'ombre (La) | Jean Delannoy |
1946 | Cocu magnifique (Le) | Émile-Georges de Meyst |
1948 | D'homme à hommes | Christian-Jaque |
1950 | Ronde (La) | Max Ophuls |
1950 | Traité de bave et d'éternité | Isidore Isou |
1953 | Si Versailles m'était conté | Sacha Guitry |
1959 | Dialogue des Carmélites (Le) | Raymond-Léopold Bruckberger, Philippe Agostini |
1959 | Testament du Docteur Cordelier (Le) | Jean Renoir |
1961 | Longest Day (The) Le Jour le plus long | Ken Annakin, Andrew Marton, Bernhard Wicki, [etc.] |
1961 | Miracle des loups (Le) | André Hunebelle |
1964 | Cité de l'indicible peur = La Grande frousse (La) | Jean-Pierre Mocky |
1966 | Chappaqua | Conrad Rooks |
1981 | Mondo nuovo (Il) La Nuit de Varennes | Ettore Scola |
1987 | Lumière du lac (La) | Francesca Comencini |