Ciné-Ressources – Fiches personnalités

Nicolas Wilcke

Coordinateur des effets spéciaux, Maquettiste, Coordinateur des effets visuels


imprimer
Naissance
09 octobre 1897 à Moscou
Décès
11 juillet 1961 à Paris
Liens familiaux
Famille aristocratique, officier de la Garde Impériale
>> Rechercher "Nicolas Wilcke" dans le catalogue Ciné-Ressources

Formation

Nicolas Wilcke suit des cours de dessins à Moscou, puis à Paris. Il quitte la Russie en 1921 sur un bateau qui devait l'amener en Amérique du Sud mais il n'y arrivera jamais : le navire tombe en panne au large de la Corse. Il y restera pendant quelques mois et gagnera sa vie en décorant des édifices, comme l'église de Zicavo. À la fin de la même année, il obtient une carte de travail pour un emploi de manoeuvre dans une usine du Nord. C'est ici qu'il fait la rencontre décisive de Paul Minine, lui aussi émigré russe, avec lequel il fera ses débuts dans le cinéma. En 1923, ils gagnent Paris où une communauté de russes est déjà plus confortablement installée et jouit d'une reconnaissance artistique.

Carrière au cinéma

Nicolas Wilcke exploite ses talents de dessinateur pour rejoindre les peintres russes qui travaillent au Studio Billancourt sous la direction de Serge Pimenoff. Dès 1924, il est sur les plateaux de Les Ombres qui passent d'Alexandre Volkoff, avec Pimenoff et Alexandre Lochakoff, chef-décorateur pour ce film. Il sera également aux côtés de ce dernier la même année pour les films Le Lion des Mongols (J. Epstein) et Le Prince charmant (V. Tourjansky). À partir de cette date, il est quasiment présent dans toutes les productions assurées par les firmes Albatros, Ciné-France-Films et les Films Abel Gance : Napoléon (Abel Gance, 1925), Michel Stogoff (V. Tourjansky, 925), Nuits de princes (M. L'Herbier, 1929), L'Aiglon (V. Tourjansky, 1931), Sheherezade (A. Volkoff, 1926), Les Nouveaux Messieurs (J. Feyder, 1928), Le Million (R. Clair, 1931), ou encore La Marseillaise (J. Renoir, 1938). Wilcke et Paul Minine sont à l'origine d'un brevet (n° 588.560 " Procédé de prises de vues cinématographique "), délivré le 12 mai 1925, qui préconise des prises de vue où la partie inférieure des décors est construite en taille réelle ; la partie supérieure des décors est réalisée sous forme d'une maquette de petites dimensions. À travers une plate-forme spéciale, cette maquette en relief est placée à une distance convenable de l'objectif de la caméra de façon à que ces deux décors se raccordent. Elles sont éclairées de manière à bénéficier de la même clarté que les parties inférieures du décor en taille réelle. On obtient ainsi, sur la bande sensible du film, une image où les deux décors apparaissent comme étant tous à l'échelle réelle. Le brevet n° 719.353, délivré le 14 novembre 1931, présente plusieurs variantes : 1° le procédé que l'on vient de citer ; 2° la superposition de deux images servant ensuite d'objet lumineux pour l'appareil de prise de vues ; 3° un procédé par lequel l'on obtient une première image - en disposant un cache en avant du décor naturel pour masquer sa partie supérieure - et une deuxième image en plaçant un cache pour masquer la partie inférieure du décor. Les deux images sont ensuite projetées de part et d'autre d'un écran en verre dépoli afin d'obtenir une seule image filmée par l'appareil de prise de vues placé devant cet écran. ; 4° ici, le positif du négatif des décors en vraie grandeur est utilisé comme l'objet lumineux pour former la deuxième image comportant les décors à échelle réduite ; 5° le décor naturel est filmé sur un fond noir : on obtient ainsi un négatif qui est superposé au positif du décor en maquette ; ensuite, on projette cet ensemble sur l'un des côté de l'écran en verre, puis sur l'autre côté de ce même écran, on projette enfin le positif du décor naturel. Précisons que l'appareil, pour la mise en oeuvre de ces procédés, est monté de manière à pouvoir pivoter autour d'un axe, permettant ainsi des panoramiques verticaux et latéraux et même certains mouvements de travelling, ce qui était impossible à effectuer avec la maquette peinte. Ils appliqueront ce procédé pour les truquages de films réalisés dans les studios de Paris, Nice, Berlin, Vienne, Prague et Londres. Comme le prouvent les contrats et les comptes-rendus des essais, en 1929, ils travaillent sur un film sonore expérimental : Poupées parlantes pour le compte de la société Aubert-Franco-Films dont le synchronisme était assuré par un système de type Vithaphone (sur disques).
À la mort de Paul Minine en 1938, Nicolas Wilcke crée la société " N. Wilcke, maquettes et trucages cinématographiques " dont le siège était situé à Paris XVIe (33, rue Bezout). Il dirige seul la société et un atelier où sont employés plus de quinze personnes l'aidant à la construction des maquettes et aux tournages pour les trucages : les panoramas, la reconstruction de l'Opéra de Paris, de la Galerie des Glaces de Versailles, de Notre-Dame, d'une ville entière, d'un château, d'un port maritime, des batailles navales, des déraillements de train, des incendies, des tempêtes de mer, tout était possible. Désormais le contrat de la société " N. Wilcke, maquettes et trucages cinématographiques " exige que le nom et la mention " Nicolas Wilcke : effets spéciaux " soient présents dans le générique juste après celui du décorateur. Son savoir-faire a été mis au service d'une production cinématographique impressionnante : plus de six cents films produits par les sociétés Albatros, Ciné-France-Film, Les Films Abel Gance, La Continental, Gaumont, Pathé, Eclair, etc.

Autres activités

Nicolas Wilcke réalise également des effets spéciaux pour la télévision et pour la publicité.