Ciné-Ressources – Fiches personnalités

Hsiao-Hsien Hou

Réalisateur, Scénariste, Interprète, Producteur, Producteur associé, Producteur exécutif


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Naissance
08 avril 1947 à Méixiàn (Guangdong), Chine
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Formation

Hou Hsiao-hsien naît en 1947 dans le sud de la Chine, alors plongée dans la guerre civile entre communistes et nationalistes du Kuomintang. La famille s'installe en 1948 sur l'île de Taiwan, avec l'espoir de revenir une fois la guerre terminée. Elle ne reverra jamais la Chine continentale, où la République populaire de Chine est proclamée en 1949, tandis que le leader nationaliste Tchang Kaï-chek instaure son gouvernement à Taiwan. L'enfant grandit dans les rues de Fengshan, la grande ville du sud de l'île. Encore adolescent, il perd successivement son père, sa mère, et sa grand-mère. Son départ pour le service militaire en 1969 marque une première rupture. Hou Hsiao-hsien découvre le cinéma, son unique distraction des jours de permission. À son retour, il entre à l'Académie nationale d'Art dramatique de Taipei. En 1972, il débute à la Central Motion Picture Corporation (sous tutelle de l'État), et devient l'assistant de cinéastes réputés tels que Li Hsing ou Lai Cheng-ying.

Carrière au cinéma

Cinéaste de la mémoire et du temps, Hou Hsiao-hsien est le chef de file de la Nouvelle Vague taiwanaise du début des années 1980.
Hou Hsiao-hsien tourne son premier long métrage, une comédie, Cute Girl en 1980, puis deux films de divertissement qui sont de grands succès populaires. Mais il se détache assez vite de cette production commerciale pour s'orienter vers un cinéma indépendant et plus engagé. Hou Hsiao-hsien est la figure de proue de la Nouvelle Vague Taiwanaise qui émerge à l'aube des années 1980, avec des cinéastes comme Yang Edward, Wan Jen ou Chen Kun-hou, revendiquant une identité taiwanaise sans renier leurs racines chinoises. Ce mouvement de renouveau trouve son inspiration dans la Nouvelle Vague française et le Néo-réalisme italien.
L'Homme-sandwich (1983) est le film-manifeste de cette nouvelle génération. Il se démarque des mélodrames ou des films d'action des décennies précédentes. Hou Hsiao-hsien signe l'épisode intitulé La Grande Poupée du fils de ce film en trois volets. À travers l'histoire d'un homme qui doit faire de la publicité déguisé en clown pour faire vivre sa famille, le cinéaste dresse le portrait d'une société rurale traumatisée par le boom économique des années 1960. Dans un souci de réalisme qui contraste avec la tradition cinématographique de l'île, Hou Hsiao-hsien tourne dans des décors naturels, avec des acteurs non-professionnels parlant le dialecte taiwanais.
À cette époque, il rencontre la romancière Chu Tien-wen, personnalité majeure de la littérature taïwanaise, qui l'introduit dans son cercle intellectuel et devient sa scénariste attitrée. Ils réalisent ensemble un cycle de quatre films puisés dans les souvenirs de jeunesse du cinéaste. Les Garçons de Fengkuei (1983), chronique d'une bande d'adolescents bagarreurs partis chercher du travail dans une grande ville où ils connaîtront une inéluctable déchéance. Hou Hsiao-hsien y affirme son style, composé de longs plans-séquences avec peu de mouvements de caméra mais une chorégraphie complexe des acteurs dans l'espace. Un été chez grand-père (1984) met en scène, à travers l'histoire d'enfants envoyés en vacances chez leur grand-père, médecin de campagne, l'articulation entre deux mondes, celui de la ville, moderne et industrielle, et celui de la campagne, intemporel et confucéen. Un temps pour vivre, un temps pour mourir (1985), dresse un portrait très expressif d'une famille chinoise exilée à Taiwan et de la vie rurale dans l'île. Hou Hsiao-hsien construit son récit en superposant le passé et le présent, le champ et le hors-champ, l'intime et l'historique. Enfin, en 1986, le cinéaste tourne Poussières dans le vent, la sortie de l'adolescence et l'apprentissage de l'amour d'un couple de jeunes villageois partis à Taipei chercher du travail. La lumière, comme souvent chez Hou Hsiao-hsien, est le motif central dans ce film.
Après un film de transition, La Fille du Nil (1987), Hou Hsiao-hsien aborde un tournant majeur de son oeuvre, avec sa trilogie embrassant l'histoire récente de Taiwan, de la capitulation du Japon en 1945 à la prise du pouvoir par les nationalistes Chinois. Ces trois films joueront un rôle politique important, en libérant la mémoire d'un peuple, longtemps occultée par un pouvoir autoritaire. La Cité des douleurs (1989) évoque la destinée tragique d'une famille prise dans le conflit entre les Taïwanais de souche et le gouvernement nationaliste dans les années 1940. Le Maître de marionnettes (1992) aborde la période de l'occupation japonaise. La vie d'un illustre maître de marionnettes taiwanais, Li Tien-lu, en constitue la trame principale. Le vieil homme raconte à l'écran son histoire, tandis que certains épisodes en sont reconstitués par des acteurs. Les deux registres de la narration et du jeu se chevauchent sans se recouper par l'utilisation de la voix off, le jeu entre l'ombre et la lumière, la mise à distance des personnages, souvent filmés de profil. Le dernier volet de la trilogie, Good men, good women (1995), appartient à un nouvel univers formel. Le film, construit de façon complexe et déroutante, fragmente le temps, entremêlant trois époques et trois niveaux de réalité. Le style de Hou Hsiao-hsien se radicalise, avec de longs plans fixes, des ellipses, le refus des gros plans et le jeu dépouillé des acteurs. Après Goodbye South, goodbye (1996), qui aborde la société contemporaine et Les Fleurs de Shanghai (1997), chronique de la vie dans les maisons closes à la fin du XIXe siècle, Hsiao-Hsien Hou opère un renouvellement formel. Millennium mambo (2000), sur la vie nocturne d'une jeune taiwanaise, remet en question la figure favorite du plan-séquence, dans un désir de réinventer l'espace et le temps de la fiction. Café Lumière (2003), réalisé en hommage au cinéaste japonais Ozu, dessine le portrait d'une jeune journaliste de Tokyo. Three times (2004), est un triptyque mettant en scène trois histoires d'amour se déroulant en 1911, 1966, et 2005. Le même couple de comédiens interprète tous les personnages. The Assassin (2014) est un faux " film de sabre ", le cinéaste transgressant les codes du genre, dont l'action se déroule du temps de la puissante dynastie chinoise Tang (VIIIe siècle). Le film reçoit le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 2015. Au cours des années 1990, avec la consécration internationale de la Nouvelle Vague Taiwanaise, Hou Hsiao-hsien a souvent été récompensé dans les festivals de cinéma les plus prestigieux, alors que son oeuvre restait peu distribuée en Occident. Aujourd'hui, c'est hors de son pays que sont produits la majorité de ses films.

Prix

  • Meilleur réalisateur taiwanais de l'année, 2015 au Taipei Golden Horse Film Festival
  • Prix de la mise en scène, 2015 au Festival International du Film (Cannes)(Sélection officielle) pour le film : The Assassin
  • Meilleur réalisateur, 2015 au Taipei Golden Horse Film Festival pour le film : The Assassin
  • Léopard d'honneur, 2007 au Festival International du Film (Locarno)
  • Meilleur réalisateur taiwanais de l'année, 2005 au Taipei Golden Horse Film Festival
  • Prix Akira Kurosawa, 2005 au TIFF- Tokyo International Film Festival
  • Réalisateur asiatique de l'année, 2004 au PIFF - Festival International du Film (Pusan)
  • Meilleur réalisateur, 2001 au Ghent International Film Festival pour le film : Millennium Mambo
  • Meilleur réalisateur de la décennie, 1999 au Village Voice Film Poll
  • Meilleur réalisateur, 1998 au Asia-Pacific Film Festival pour le film : Les Fleurs de Shanghai
  • Prix de la contribution spéciale, 1996 au Singapore International Film Festival pour le film : Good Men, Good Women
  • Meilleur réalisateur, 1996 au The Changchun Film Festival pour le film : Good Men, Good Women
  • Meilleur réalisateur, 1995 au Asia-Pacific Film Festival pour le film : Good Men, Good Women
  • Meilleur réalisateur, 1995 au Taipei Golden Horse Film Festival pour le film : Good Men, Good Women
  • Meilleur réalisateur, 1989 au Taipei Golden Horse Film Festival pour le film : La Cité des douleurs
  • Meilleur réalisateur, 1986 au Asia-Pacific Film Festival pour le film : Un été chez grand-père
  • Meilleure adaptation (scénario), 1984 au Taipei Golden Horse Film Festival pour le film : You ma cai zi (réal. : Jen Wan)
  • Meilleure adaptation (scénario), 1983 au Taipei Golden Horse Film Festival pour le film : Xiao Bi de gu shi (réal. : Kun Hao Chen)