Formation
Après des études de Lettres à l'Université d'Aix-en-Provence, Philippe Faucon débute au cinéma en tant que régisseur (entre autres sur Mauvais sang de Leos Carax (1986) et Trois places pour le 26 de Jacques Demy (1988). Il est aussi assistant-réalisateur et signe son premier court métrage, La Jeunesse, en 1984. Il tourne également des documentaires pour la télévision.
Carrière au cinéma
Dans la veine d'un cinéma social naturaliste et empreint d'humanité, l'oeuvre cinématographique de Philippe Faucon mêle interrogations intimes et questions de société.
Dès son premier long métrage, L'Amour (1989), une chronique sentimentale sur fond de crise sociale, Philippe Faucon évoque avec humanisme et empathie la vie quotidienne d'une bande de jeunes de la banlieue parisienne, dont la grande préoccupation est l'amour. Ce film, très remarqué, décroche en 1990 à Cannes le Prix du Meilleur film 1990 aux Perspectives du Cinéma Français.
Après ce portrait de groupe, le réalisateur construira la plupart de ses films autour d'un personnage unique. En 1992, Sabine raconte la sombre destinée d'une jeune femme bousculée par la vie, devenue mère trop tôt, et qui tombe dans la drogue et la prostitution. Malgré la gravité du sujet, le film est dénué de pathos, porté par la lumineuse actrice Catherine Klein. Il retrouve cette comédienne en 1997 dans le rôle principal de Muriel fait le désespoir de ses parents. Ce film aborde le thème de l'homosexualité, sans intellectualisation, mais en captant avec une attention délicate le cheminement douloureux de son héroïne vers l'âge adulte. Ces deux films, distribués au cinéma, ont été commandités par la chaine de télévision Arte. Cinéaste discret et sensible, Philippe Faucon s'est souvent intéressé à l'émergence des différences, en auscultant la frontière entre adolescence et âge adulte, celle de tous les apprentissages, Il aime mélanger dans ses films acteurs professionnels et amateurs. Le cinéaste prend souvent comme point de départ des récits autobiographiques, comme pour Samia (1999), adapté du roman de Soraya Nini, Ils disent que je suis une beurette. Ce film est à la fois le portrait d'une jeune collégienne d'origine maghrébine éprise de liberté, vivant dans une cité en périphérie de Marseille, et la chronique de sa vie de famille conflictuelle, sous le signe des traditions algériennes et musulmanes. Avec La Trahison (2004), inspiré du livre-témoignage du journaliste français Claude Sales, officier pendant la Guerre d'Algérie, le cinéaste aborde la question des rapports entre le commandement militaire français et les soldats dits " Français de souche nord-africaine " (algériens appelés et engagés dans l'armée française). Ce film, à la sècheresse presque documentaire, illustre l'impossible dilemme des Français forcés de devenir des persécuteurs contre des Arabes contraints à devenir des résistants.
Philippe Faucon revient en 2007 à la chronique contemporaine avec Dans la vie, considéré par certains comme son chef-d'oeuvre. Au sommet de son art de portraitiste, le cinéaste filme la rencontre entre une femme juive, Esther, clouée dans son fauteuil roulant, et Halima, musulmane pratiquante, qui devient par hasard sa dame de compagnie. Nées toutes deux en Algérie, elles vont, au-delà de tout ce qui peut les séparer, apprendre à se connaître et nouer une amitié imprévue. Les deux comédiennes principales sont non professionnelles, comme souvent chez le cinéaste. Avec La Désintégration, tourné en 2010, Philippe Faucon tourne à nouveau sa caméra vers la communauté maghrébine des quartiers dits " sensibles ", en démontant le mécanisme par lequel trois jeunes Lillois issus de l'immigration peuvent basculer dans le terrorisme à force d'humiliations sociales et raciales, et sacrifier leur vie au nom d'un islam radical. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes en 2015, le film Fatima (2014) appartient au genre favori du réalisateur, le portrait d'une femme, une adaptation d'un livre de Fatima Elayoubi : il s'agit ici d'une femme de ménage immigrée qui mène un difficile combat quotidien pour payer les études de ses deux filles, nées en France, et préserver le lien qui les unit, alors qu'elle ne parle pas la même langue que ses enfants. Avec ce film, Philippe Faucon continue de creuser le sillon d'un cinéma sociétal et humaniste.
Autres activités
Parallèlement à son activité de cinéaste, Philippe Faucon a travaillé pour la télévision : il est l'auteur de plusieurs téléfilms : Mes 17 ans, (1996), Les Étrangers (1998), Grégoire peut mieux faire (2002). En 2008, il réalise une série en quatre épisodes adaptée de textes de Marc Dugain, D'amour et de révoltes, qui retrace, à travers l'évolution de quatre personnages, l'engagement d'une génération, depuis le mouvement hippie jusqu'au début des années 1980.
En 2005, il crée avec Yasmina Nini-Faucon la société Istiqlal Films.
Prix
- Meilleur Adaptation, 2016 au Césars du Cinéma Français pour le film : Fatima
- Meilleur scénario, 2016 au Prix Lumières pour le film : Fatima