Réalisateur, Assistant réalisateur, Producteur exécutif
Parmi les cinéastes japonais ayant émergé dans les années 80, Shinji Somai est l'un des seuls à être auparavant passé par l'assistanat. Il fait ainsi ses premières armes au sein d'un studio au passé glorieux mais quasi cantonné alors aux romans pornos, la Nikkatsu. A la fin des années 70, il y collabore notamment avec Shuji Terayama et Kazuhiko Hasegawa.
Très méconnu en Occident, et en particulier en France où un seul de ses films (Typhoon club, 1985) est sorti en salles, Shinji Somai est considéré au Japon comme un des réalisateurs les plus emblématiques et importants des années 80 et 90. La prestigieuse revue Kinema Junpo l'a ainsi élu " Plus grand cinéaste japonais des années 80 " tandis que de nombreux réalisateurs - dont Kiyoshi Kurosawa, qui fut son assistant - évoquent l'influence de son oeuvre sur leur travail. Il faut dire qu'au-delà de ses thèmes de prédilection (l'adolescence, la famille, les questions sociales...), c'est la forme des films de Somai qui a marqué son époque, en particulier son utilisation virtuose du plan séquence et du plan général dans la plupart de ses films.
Bien décidé, dès le milieu des années 70, à passer à la mise en scène, ce n'est qu'en 1980 qu'il y parvient en réalisant Tonda kappuru / Un étrange couple. Portrait de deux adolescents forcés par le destin à cohabiter, ce film adapte sur une note douce-amère un populaire manga. Il s'approprie ensuite Serafuku to kikanju (1981), un autre fleuron de la culture populaire - un roman de Jiro Akagawa, auteur prolifique et phénomène de l'édition - pour faire de ce qui n'aurait pu être qu'un banal film d'action un subtil portrait d'adolescente, lycéenne héritant d'un gang de yakuzas… Triomphe au box-office japonais, ce film transforme son interprète, Hiroko Yakushimaru (déjà présente dans Tonda kappuru), en teen idol. Shinji Somai confirmera d'ailleurs tout au long de sa carrière ce talent de découvreur de nouveaux visages et de grand directeur d'acteurs. Après un autre film où il mêle ados et yakuzas (Shonben raida, 1983), Somai s'essaie à un autre genre avec Gyoei no mure / The Catch / L'Ombre des poissons (1983), d'une veine naturaliste quasi documentaire assez impressionnante. C'est avec ce portrait d'un groupe de pêcheurs de thons mené par Ken Ogata qu'il impose véritablement son style, introduisant le récit par un plan séquence complexe de près de 10 minutes, et filmant en plan général un épisode de pêche en pleine mer. Même dans un film relevant à priori d'un genre aussi calibré que le roman-porno (Rabu hoteru / Love hotel, 1985), Somai parvient à décliner cette esthétique si caractéristique.
Il revient avec Typhoon club à son thème central, l'adolescence, dressant une sorte d'état des lieux de la jeunesse de son pays très éloigné des habituels teen movies. Mêlant l'imminence du typhon avec la confusion des sentiments parmi un groupe d'étudiants cloîtré dans son école, il signe là ce qui est souvent considéré comme son chef-d'oeuvre. Plus mineurs, ses films suivants - Yuki no dansho - jonetsu / Lost chapter of snow : Passion (1985), Hikaru onna (1987) et la fable fantastique Tokyo joku irasshaimase / Bienvenue à Tokyo (1990) - recèlent pourtant des moments virtuoses, tel le plan d'ouverture de Yuki no dansho - jonetsu, 14 minutes durant lesquelles plusieurs mois défilent.
La consécration internationale semble arriver lorsque, coup sur coup, Ohikkoshi / Déménagement (1993) et Natsu no niwa / Le Jardin d'été (1994) sont sélectionnés à Cannes (Un Certain regard) et Berlin (Panorama). Pourtant, malgré leurs qualités indéniables, ces films axés sur la famille (comme Ah haru / Wait and see, 1998), sont éclipsés par la découverte concomitante en Occident de l'oeuvre de Takeshi Kitano. Loin de ses histoires adolescentes habituelles, Somai dessine dans Kaza-hana (2001), son dernier film, le portrait de deux adultes en perdition. Il meurt prématurément d'un cancer du poumon à l'âge de 53 ans, alors qu'il préparait son quatorzième long métrage, Mibu gishi den, finalement réalisé en 2003 par Yojiro Takita. En 2002, à titre posthume, il est triplement honoré par ses pairs pour l'ensemble de son oeuvre.
1979 | Kusa-meikyu | Shuji Terayama |
1980 | Tonda kappuru | Shinji Somai |
1981 | Sera-fuku to kikanju | Shinji Somai |
1983 | Gyoei no mure | Shinji Somai |
1983 | Shonben raida | Shinji Somai |
1985 | Rabu hoteru | Shinji Somai |
1985 | Taifu-kurabu Typhoon club | Shinji Somai |
1985 | Yuki no dansho - Jonetsu | Shinji Somai |
1987 | Hikaru onna [La Femme lumineuse] | Shinji Somai |
1990 | Tokyo joku irasshaimase | Shinji Somai |
1993 | Ohikoshi [Déménagement] | Shinji Somai |
1994 | Natsu no niwa | Shinji Somai |
1998 | Ah, haru | Shinji Somai |
2001 | Kazahana | Shinji Somai |
2001 | Mori Atsushi : Gassan [Mont Gassan] | Shinji Somai |
1976 | Seishun no satsujin sha Le Meurtrier de la jeunesse | Kazuhiko Hasegawa |
1978 | Collections privées : Le Labyrinthe d'herbes | Shuji Terayama |
1979 | Taiyo o nusunda otoko | Kazuhiko Hasegawa |
1993 | Sora ga konnani aoi wake ga nai | Akira Emoto |