Carrière au cinéma
De simple stagiaire (non crédité au générique) sur le film de Chabrol, La décade prodigieuse (1971), Régis Wargnier devient assistant réalisateur : entre 1973 et 1984, il travaille avec Elie Chouraqui, Francis Girod, Volker Schlöndorff, Patrice Leconte, Alexandre Arcady, ou Ariel Zeïtoun.
Puis il se lance dans la réalisation et signe en 1986 un premier long métrage, La femme de ma vie, un drame sentimental sur fond d'alcoolisme et de musique. Le film remporte le César de la Meilleure première oeuvre. Régis Wargnier enchaîne en 1988 avec le film (injustement méconnu selon Wargnier lui-même) Je suis le seigneur du château, un drame dont l'action se passe dans les années 50 : un riche industriel (Jean Rochefort) perd sa femme et embauche une gouvernante (Dominique Blanc) pour s'occuper de son fils Thomas ; la gouvernante arrive avec son fils Charles, du même âge que Thomas ; un duel à mort entre amour et haine va s'engager entre les deux enfants, sous les yeux aveugles des deux adultes, Thomas n'ayant de cesse de montrer à Charles qui est vraiment le maître.
En 1991, Régis Wargnier réalise son plus grand succès, Indochine, qui revisite le genre du mélodrame (genre qu'il affectionne particulièrement et qu'il déclinera sur la plupart de ces films), tout en embarquant le spectateur dans les grands espaces de la baie d'Along avec pour toile de fond historique le drame indochinois. Le film est un triomphe et reçoit l'Oscar du Meilleur film étranger. Régis Wargnier signe un nouveau mélo quelques années plus tard avec Une femme française (1994). Tout comme Indochine nous contait l'histoire d'une femme (Catherine Deneuve), Une femme française suit la vie amoureuse agitée d'une jeune femme (Emmanuelle Béart) à partir de son mariage en 1939 et au fil des années et des mobilisations de son mari (Daniel Auteuil) en Indochine et en Algérie ; sensuelle et séductrice cette femme française, nouvelle Emma Bovary, qui n'a que faire de la morale, est le symbole avant l'heure de l'émancipation féministe.
Régis Wargnier qui aime décidément filmer des destins particuliers sur la trame de la grande Histoire, réitère l'exercice avec Est-Ouest (1998) : il tire un film romantique qui magnifie Sandrine Bonnaire, tout en nous racontant l'histoire méconnue des émigrés russes invités par Staline à revenir à l'Est, mais dont beaucoup furent exécutés à leur retour. En 2004, le cinéaste s'offre une production et un casting internationaux pour Man to man. Il décortique cette fois l'Empire britannique en 1870 lors de l'expansion coloniale et se focalise sur l'histoire d'un anthropologue (Joseph Fiennes) qui a ramené des pygmées en Écosse ; la bataille est alors rude pour prouver à ses confrères et à l'académie des sciences que ces créatures différentes sont des hommes à part entière. La critique et le public saluent cette "fable humaniste".
Deux ans plus tard, en 2006, Régis Wargnier s'essaye au polar avec l'adaptation du roman de Fred Vargas Pars vite et reviens tard ; l'exercice était difficile mais, si les puristes de Vargas n'y ont pas trouvé leur compte, le film reste un très honnête polar filmant un Paris mystérieux. Passionné d'athlétisme, Wargnier signe La Ligne droite, ou la rencontre de deux destins cabossés par la vie : Leïla tout juste sortie de prison, ancienne championne de course de haut niveau, et Yannick, jeune athlète devenu aveugle à la suite d'un accident. A eux deux, ils vont défier le sort, en passer par le pire pour finalement faire sortir le meilleur du fond d'eux-mêmes.
Autres activités
Régis Wargnier est membre de l'Académie des beaux-arts, section "Créations artistiques dans le cinéma et l'audiovisuel".
En 1988 il réalise pour la télévision un des épisodes de la série Sueurs froides. Passionné d'athlétisme, il tourne pour la télévision deux documentaires avec Patrick Montel, sur les grands champions Hicham El Guerrouj et Haïlé Gebrselassié : Coeurs d'athlètes (2003) et D'or et d'argent (2004).
Prix
- Meilleur réalisateur, 1995 au Festival International du Film (Moscou) pour le film : Une femme française
- Meilleure première oeuvre, 1987 au Césars du Cinéma Français pour le film : La femme de ma vie