Formation
Après des études au lycée de Saint-Germain-en-Laye, Tati prépare le concours des Arts et Métiers tout en travaillant avec son père comme apprenti encadreur et fait un stage en Angleterre, où il découvre le rugby. Après son service militaire, il intègre en 1928 l'équipe de rugby du Racing Club de France. Il donne son premier numéro d'imitations sportives Sport muet, en 1931, lors de la revue annuelle de music-hall Ballon d'essais du Racing. Devant le succès, Tati quitte son métier d'encadreur et décide de se lancer dans le music-hall. Après deux années de tournées provinciales, il débute à Paris en 1933 au cabaret le Gerny's. En 1935, Sport muet, rebaptisé Impressions sportives, et Jacques Tatischeff, Jacques Tati, passe au théâtre Michel puis, en 1936 à l'ABC. La romancière Colette, assistant au spectacle est sous le charme. Tati devient l'une des vedettes européennes du music-hall, se produisant à Berlin, Londres ou Milan.
Carrière au cinéma
Avec l'argent de ses cachets et le concours de jeunes réalisateurs, il porte ses pantomimes à l'écran dans plusieurs courts métrages, qu'il écrit et interprète. C'est Oscar champion de tennis (Jack Forrester, 1932), On demande une brute (Charles Barrois, 1934), Gai dimanche (Jacques Berr, 1935), dont le thème préfigure celui des Vacances de Monsieur Hulot et Soigne ton gauche (René Clément, 1936), qui reste à ses yeux son premier vrai film. Il reprend contact avec le cinéma en tournant deux petits rôles, celui du fantôme facétieux dans Sylvie et le fantôme (1945), et un soldat fêtant l'armistice dans Le Diable au corps (1946), tous deux sous la direction de Claude Autant-Lara. Grâce au producteur Fred Orain, Tati écrit, interprète et réalise le court métrage L'Ecole des facteurs (1946). Le résultat est tel que Fred Orain propose de reprendre le sujet pour en faire un long métrage. Jour de fête (1947), film de pantomime où la parole est délibérément inaudible est un succès, tant auprès du public que de la critique, unanime à voir en Tati un comique et un auteur de grande lignée. Dans Les Vacances de Monsieur Hulot (1952), satire de français en vacances, Tati créé le personnage de Hulot, double de son créateur. Chapeau, pipe, imperméable, noeud papillon, parapluie et pantalon trop court : telle sera sa panoplie. Le film est un triomphe et remporte le Prix de la Critique international à Cannes et le prix Louis-Delluc. Tati le fait revivre dans Mon Oncle (1956), en charmant hurluberlu perdu dans un monde moderne, et dont le comportement suffit à révéler tout ce que ce monde a de ridicule. Le film, tourné en couleurs, rencontre un large succès (Prix spécial du jury à Cannes en 1958 et l'Oscar 1959 du meilleur film étranger). Tati jouit dorénavant d'une renommée internationale, mais se refuse à exploiter la veine burlesque d'Hulot, Mon Oncle marquant déjà un changement de regard plus axé sur le désarroi devant certains aspects de la civilisation moderne. Il lui faudra près de dix ans pour mener à bien PlayTime (1966). Pour les besoins du tournage, Tati, fait construire une cité futuriste surnommée "Tativille", et décide de filmer en 70 mm. L'accueil de la critique et du public est plus que mitigé. Ce film, visionnaire par son approche du monde moderne et ses audaces formelles, dont l'originalité fut largement incomprise à sa sortie en 1967, causa la ruine du cinéaste. En 1970, il tourne, Trafic, ou les tribulations de M. Hulot en camping-car, suivi par Parade (1973), reportage poétique sur le cirque, où en Monsieur Loyal, Tati présente une succession d'attractions entre lesquelles il interprète quelques-unes de ses pantomimes de ses débuts. Composée de seulement six longs métrages, l'oeuvre du cinéaste forme un tout cohérent, témoigne d'un regard neuf sur le monde, et d'une conception hardie du cinéma.
Autres activités
Dans les décors et avec les acteurs de PlayTime, Tati écrit et interprète Cours du soir (Nicolas Ribowski, 1967), un court, où il tente d'apprendre quelques rudiments de pantomime à des élèves gauches et zélés.
En 1978, Tati filme la finale de football de la coupe de l'UEFA, qui oppose l'équipe de Bastia à celle d'Eindhoven. Le documentaire, qui va bien au-delà d'une partie de football, demeure sous forme de rushes. Sa fille Sophie Tatischeff en propose un montage en 2000, intitulé Forza Bastia 78.
En 1961, d'avril à juin, Tati interprète et dirige Jour de fête à l'Olympia, un spectacle combinant des scènes de music-hall et la projection d'extraits de son film. À cette occasion, certaines scènes du film sont partiellement coloriées au pochoir. Cette expérience l'encourage à ressortir une nouvelle version du film, avec des inserts en couleurs, et des scènes sont retournées comportant un nouveau personnage, un peintre, qui fait office de narrateur.
Prix
- Prix pour l'ensemble de l'oeuvre, 1977 au Césars du Cinéma Français