Ciné-Ressources – Fiches personnalités

Louis Jouvet

Interprète, Réalisateur, Directeur artistique


imprimer
Naissance
24 décembre 1887 à Crozon (Finistère, France)
Etat civil
Jules-Eugène-Louis Jouvey
Décès
16 août 1951 à Paris (France)
Liens familiaux
Il partage sa vie successivement avec les comédiennes Madeleine Ozeray et Monique Mélinand.
>> Rechercher "Louis Jouvet" dans le catalogue Ciné-Ressources

Formation

Issu d'une famille d'origine ardennaise et limousine, Louis Jouvet suit son père dans les déplacements imposés par sa profession d'entrepreneur en bâtiment et travaux public. A sa mort brutale, il est recueilli par son oncle, pharmacien. Adolescent, il entreprend les études de la même spécialité. En réalité, seul le théâtre le passionne. Après son service militaire, il tente trois fois le Conservatoire, sans succès. Jacques Copeau l'engage alors dans sa troupe au théâtre du Vieux Colombier pour être acteur, régisseur, décorateur et assistant metteur en scène. Durant la Première Guerre mondiale, il est mobilisé. En 1923, il quitte Jacques Copeau pour fonder la Comédie des Champs-Elysées et se rend populaire en créant Knock de Jules Romains. En 1932, Louis Jouvet débute à l'écran dans deux adaptations de succès éprouvés au théâtre : Topaze de Louis Gasnier et Knock de Roger Goupillères et lui-même.

Carrière au cinéma

Qu'il soit sec, caustique, amer ou carrément noir, le jeu de Louis Jouvet crée le suspense. Face à ses personnages, le spectateur n'est jamais tranquille, et pour cause : le comédien les rend aussi authentiques que trompeurs, grâce à une perspicacité jamais prise en défaut, d'où l'acuité des rôles et des compositions qu'il laisse derrière lui.
Révélé en moine paillard et cynique dans La kermesse héroïque (1935) de Jacques Feyder, Louis Jouvet décline toute une gamme de figures fascinantes sur des dialogues d'Henri Jeanson. Sa fameuse diction hachée et sa maîtrise des fausses politesses et autres jeux de façade achèvent d'en préciser l'expression. Ainsi dans Les bas-fonds (1936) de Jean Renoir, il joue un baron que l'ironie du sort réunit à un prolétaire, interprété par Jean Gabin. Espion obscur de Mademoiselle docteur (id.) de Georg Wilhelm Pabst, il flaire parfois l'étrange, voire le bizarre, de Drôle de drame (1937) de Marcel Carné quand une franche dualité ne le pousse pas aux persiflages de L'alibi (id.) de Pierre Chenal. Il sombre alors dans le chantage avec La maison du Maltais (1938) du même réalisateur. Mais sous le cynisme, des failles se devinent, comme dans Un carnet de bal (1937) de Julien Duvivier. Même au second plan, son jeu inimitable grandit le rôle (Hôtel du nord, 1938, de Marcel Carné). Il sait d'ailleurs jouer son propre rôle, celui du professeur (Entrée des artistes, id., de Marc Allégret). Et quand il interprète un comédien qui vieillit mal (La fin du jour, 1939, de Julien Duvivier), la tragédie n'est pas loin. Après un autre vieillard odieux, Volpone (1940) de Maurice Tourneur, ancien rôle de Charles Dullin, Jouvet crée son portrait le plus complexe : le personnage assoiffé de vengeance et cependant plein de regrets du Revenant (1946) de Christian-Jaque. Dans le sillage de Copie conforme (1947) de Jean Dréville, l'enquête de Entre onze heures et minuit (1948) d'Henri Decoin joue sur le thème du sosie, ingrédient de composition par excellence. Flic désabusé du Quai des orfèvres (1947) d'Henri-Georges Clouzot, chef-d'oeuvre réunissant aussi Bernard Blier, Suzy Delair et Simone Renant, Louis Jouvet termine sa carrière comme il l'avait commencée : il interprète Knock (1950) de Guy Lefranc, avant de se transformer une dernière fois en inspecteur dans Une histoire d'amour (1951) du même réalisateur.

Autres activités

En 1927, Louis Jouvet, homme de théâtre avant tout, crée avec Gaston Baty, Georges Pitoëff et Charles Dullin le Cartel, association de metteurs en scène opposés au théâtre commercial.
En 1934, il prend la direction du théâtre de l'Athénée.
Il révèle de nombreux auteurs, notamment Jean Giraudoux dont il crée Siegfried (1928), La guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), Ondine (1939) et La folle de Chaillot (1946).
Féru de Molière, il met en scène, entre autres, L'école des femmes (1936) et Dom Juan (1947). Il révèle aussi Jean Genêt avec Les bonnes (1946).
Professeur au Conservatoire, Louis Jouvet publie un essai intitulé Le comédien désincarné.

Ouvrages

  • A toujours Monsieur Jouvet / Madeleine Ozeray.- Paris : Buchet-Castel, 1987
  • Dix ans avec Louis Jouvet / Leon Lapara.- Paris : France-Empire, 1975
  • Le comédien désincarné / Louis Jouvet.- Paris : Flammarion, 1954
  • Louis Jouvet / Josée Cathala.- Paris : H. Veyrier, 1989
  • Louis Jouvet : biographie / Jean-Marc Loubier.- Paris : Ramsay, 1992
  • Louis Jouvet, qui êtes-vous ? / Paul-Louis Mignon.- Lyon : La Manufacture, 1988

Périodiques

  • Avant-Scène Cinéma (L'), n° 398, janiver 1991
  • Avant-Scène Cinéma (L'), n° 448, janvier 1996
  • Cinématographe, n° 126, janvier 1987
  • Cinématographie Française (La), n° 1490, 1er novembre 1952
  • Revue du Cinéma (La), n° 426, avril 1987

Courts métrages

en tant que : Interprète

1945 Comédiens ambulants Jean Canolle

Longs métrages

en tant que : Réalisateur

1933 Knock ou le triomphe de la médecine Louis Jouvet, Roger Goupillières

en tant que : Directeur artistique

1950 Knock Guy Lefranc

en tant que : Interprète

1913 Shylock, le marchand de Venise Henri Desfontaines, Louis Mercanton
1932 Topaze Louis J. Gasnier
1933 Knock ou le triomphe de la médecine Louis Jouvet, Roger Goupillières
1935 Kermesse héroïque (La) Jacques Feyder
1936 Bas-fonds (Les) Jean Renoir
1936 Mademoiselle Docteur = Salonique, nid d'espions Georg Wilhelm Pabst
1936 Mister Flow Robert Siodmak
1937 Alibi (L') Pierre Chenal
1937 Drôle de drame Marcel Carné
1937 Forfaiture Marcel L'Herbier
1937 Marseillaise (La) Jean Renoir
1937 Ramuntcho René Barberis
1937 Un carnet de bal Julien Duvivier
1938 Drame de Shanghaï (Le) Georg Wilhelm Pabst
1938 Education de prince Alexandre Esway
1938 Entrée des artistes Marc Allégret
1938 Fin du jour (La) Julien Duvivier
1938 Hôtel du Nord Marcel Carné
1938 Maison du Maltais (La) Pierre Chenal
1939 Charrette fantôme (La) Julien Duvivier
1939 Sérénade Jean Boyer
1940 Untel père et fils Julien Duvivier
1940 Volpone Maurice Tourneur
1946 Copie conforme Jean Dréville
1946 Un revenant Christian-Jaque
1947 Quai des Orfèvres Henri-Georges Clouzot
1948 Amoureux sont seuls au monde (Les) Henri Decoin
1948 Entre onze heures et minuit Henri Decoin
1949 Lady Paname Henri Jeanson
1949 Miquette et sa mère Henri-Georges Clouzot
1949 Retour à la vie : Le Retour de Jean Henri-Georges Clouzot
1950 Knock Guy Lefranc
1951 Une histoire d'amour Guy Lefranc