Formation
Diplômé du Centre d'Etude et de Recherche de l'Image et du Son, il est assistant-réalisateur puis réalisateur à la télévision (SFP, TF1, Antenne 2) de 1977 à 1984. Il réalise pendant cette même période 4 courts métrages, dont un sélectionné au Festival de Cannes 1983 (Peut-être la mer).
Carrière au cinéma
Cinéaste français d'origine algérienne " travaillé " par la problématique de l'identité culturelle et des racines, Rachid Bouchareb commence sa carrière au cinéma en 1985 avec Bâton rouge, long métrage racontant l'histoire de trois amis qui décident de s'exiler aux Etats-Unis pour trouver du travail et qui s'en feront tous expulser, sauf un. En 1990, Cheb retrace le parcours d'un immigré algérien qui traverse le Maroc et l'Espagne avant d'arriver en France. Après la réalisation de plusieurs téléfilms (Les Années déchirées 1992, Poussières de vie en 1995 L'Honneur de ma famille 1997), Rachid Bouchareb réalise en 2000 Little Senegal, film décrivant un descendant d'esclave de l'Ile de Gorée partant à la recherche des descendants de ses ancêtres, à New York. Le réalisateur y aborde la difficulté des rapports entre différentes générations et communautés d'immigrés. Refusant qu'on appose sur ses films la seule étiquette " cinéma beur ", Rachid Bouchareb cherche à cerner la complexité des situations sociales, superposant dans un même film passé et présent, drame et comédie, documentaire et fiction. Son sixième long métrage Indigènes (2005), nous plonge dans l'histoire des combattants maghrébins de la Seconde Guerre mondiale, ni didactique ni manichéen il porte au contraire toute son attention sur les détails des relations humaines entre ses personnages, le cinéaste rend à sa façon hommage aux combattants d'Afrique qui ont participé à la libération de la France et affirme l'identité française des enfants de l'immigration. Le film a remporté le prix d'Interprétation masculine du Festival de Cannes décerné au collectif d'acteurs Jamel Debbouze, Samy Naceri, Sami Bouajila, Roschdy Zem et Bernard Blancan. Le réalisateur obtient également le César du meilleur scénario et une nomination pour son film à l'Oscar du meilleur film étranger. Présenté en avant-première sur Arte avant sa sortie en salles, London River (2008), raconte la rencontre d'Ousmane et Elisabeth, un musulman et une chrétienne, tous deux parents de jeunes victimes des attentats de Londres en 2005. Sans didactisme, le film montre le monde tel qu'il est : déchiré par le terrorisme, miné par les préjugés. Pour Hors la loi (2009), le cinéaste retrouve quatre de ses Indigènes : Sami Bouajila, Jamel Debbouze, Bernard Blancan et Roschdy Zem. Ce deuxième volet de la saga franco-algérienne, retrace l'itinéraire de trois frères, entre 1945 et 1962, leurs liens étroits avec le FLN et leurs actions sur le sol français. Chassés de leur terre algérienne, trois frères et leur mère sont séparés. Messaoud s'engage en Indochine. A Paris, Abdelkader prend la tête du mouvement pour l'Indépendance de l'Algérie et Saïd fait fortune dans les bouges et les clubs de boxe de Pigalle. Leur destin, scellé autour de l'amour d'une mère, se mêlera inexorablement à celui d'une nation en lutte pour sa liberté. Road movie féminin et intimiste, sur fond d'Amérique raciste et sexiste, Just like a woman (2011) - double prix d'interprétation au Festival de La Rochelle 2012 pour Sienna Miller et Golshifteh Farahani -, est le premier volet d'un triptyque consacré aux relations entre les Etats-Unis et le monde arabe. Présenté au Festival de Berlin 2014, le second volet de sa trilogie américaine La Voie de l'ennemi (2013) est inspiré de Deux hommes dans la ville (1973) de José Giovanni. L'histoire d'un ancien membre de gang (Forest Whitaker) qui cherche un sens à sa vie dans la religion, et qui à sa sortie de prison n'a qu'une idée en tête : se réinsérer et reprendre une vie normale. Il coréalise en 2014 avec l'historien Pierre Blanchard une série documentaire Frères d'armes composée de 50 portraits de 2 minutes de ceux qui " se sont battus pour la France depuis plus d'un siècle ". Cette série raconte le parcours d'hommes et de femmes venus d'anciennes colonies, de protectorats et de territoires alliés, qui se sont battus pour la France de l'époque impériale à la Seconde Guerre mondiale. Bouchareb continue sa route cinématographique dans le genre qu'il aime depuis le début de sa carrière : le road movie. Présenté en avant-première au Festival de Berlin 2016, La route d'Istanbul (2015), est centrée sur une femme dont la vie bascule lorsqu'elle apprend que sa fille unique de 20 ans est partie rejoindre l'Etat Islamique en Syrie, convaincue d'avoir " trouvée sa voie ". Le cinéaste ausculte le désarroi et les combats d'une mère qui décide d'aller la récupérer. Avec Le Flic de Belleville (2017), Bouchareb achève sa trilogie américaine, entamée avec Just like a woman et américaine La Voie de l'ennemi. Le film est conçu comme un hommage aux comédies policières américaine des années 1980-90.
Autres activités
Il créé en 1989 avec Jean Bréhat la société 3B Productions et, en 1997, la société de distribution Tadrat Films. Dans ce cadre, il a notamment produit et assuré la distribution de tous les films de Bruno Dumont (La Vie de Jésus, L'Humanité, Flandres....), ainsi que des films de toutes nationalités (russes, turcs, israéliens, africains, français...).
Depuis 2008, il est membre du conseil d'administration de La Fémis (École nationale supérieure des métiers de l'image et du son).
Prix
- Meilleur scénario, 2007 au Césars du Cinéma Français pour le film : Indigènes
- Meilleur scénario, 2007 au Les Lumières pour le film : Indigènes