Formation
Joaquim Pedro de Andrade débute en 1950 des études de physique à la faculté de Philosophie de Rio. Il en fréquente le ciné-club de façon assidue et découvre les nouvelles vagues. Son amour pour le cinéma supplante vite la physique et à partir de 1957 il devient assistant sur quelques tournages. Il tourne des courts métrages, dont Couro de gato en 1960. La même année, de Andrade part pour la France, intègre l'IDHEC et devient un habitué de la Cinémathèque française. En 1962, il rentre à la Slade School of Arts de Londres. Couro de gato lui sert à chaque fois de lettre de passe.
Carrière au cinéma
Avec " seulement " quatorze films à son actif (six longs métrages et huit courts), Joaquim Pedro de Andrade aura pourtant largement contribué à l'émergence d'un nouveau cinéma brésilien. Impressioné par les nouvelles vagues européennes, c'est tout naturellement que son cinéma va se confondre avec celui du Cinema Novo dont de Adrade deviendra une figure libre et atypique. Si le Cinema Novo se veut politique, réaliste et moderne dans ses formes - avec pour idéal d'émanciper un Brésil écrasé grâce à une meilleure connaissance de sa réalité - les créations de Adrade sont avant tout marquées par la rigueur et le classicisme. Tout simplement parce que le réalisateur pense que le classicisme est la forme la plus efficace d'expression idéologique.
Dans la même optique, il ancre tous ses films, courts et longs métrages, dans la plus pure tradition culturelle brésilienne et dans un objectif dialectique. Ainsi Garrincha, alegria de povo (1963) est une évocation d'un des plus grand footballeur du pays. Certains métrages sont basés sur les vies et les grandes oeuvres d'artistes brésiliens et les revisitent sur pellicule. O Poeta do Castelo (1959) illustre le poète Manuel Bandeira ; O Padre e a moça (1965), drame rural d'un curé de campagne qui succombe à la chair, s'inspire d'un poème de Carlos Drummond de Andrade ; O Aleijadinho évoque le sculpteur du XVIIIe Francisco Lisboa ; O Homen do Pau Brasil (1980) ressuscite l'écrivain du début du XXe siècle, Oswald de Andrade.
Les autres films donnent à voir différentes facettes du Brésil des années 1964-1974, en souffance sous le poids d'une dictature militaire sans précédent. Le plus grand succès de Joaquim Pedro de Andrade est Macunaïma (1969), un film haut en couleurs, à la force comique d'autant plus paradoxale que l'histoire est plantée dans les années les plus noires que traverse le pays. C'est Claude Lelouch qui imposa et distribua avec succès le film en France.
Os Inconfidentes (1972) dissèque de manière presque médicale la révolution bourgeoise entamée, et aussitôt avortée, dans le Brésil de la fin du XVIIIe, et pose déjà la problématique du Tiers-Monde dans une réflexion sur un monde en perpétuelle contradiction.
En 1974, Guerra conjugal est une peinture amère et cruelle de la petite bourgeoisie des villes brésiliennes, avec son lot de violences, de situations malsaines ou scabreuses. Le réalisateur pousse la thématique à son paroxysme en 1977 avec Contos eróticos : Vereda tropical.
Joaquim Pedro de Andrade passa les dernières années de sa vie sans jamais abandonner la création et le cinéma, avant de s'éteindre d'un cancer du poumon en 1988.