Formation
Après avoir poursuivi des études de droit et obtenu une licence de lettres, Alexandre Astruc s'oriente vers le journalisme. Il signe des articles notamment dans Combat, Réforme, Opéra, Les temps modernes. A partir de 1945, il rédige des critiques théâtrales, littéraires et cinématographiques dans Les cahiers du cinéma, Cinédigest, Action et Paris match. En 1948, il devient célèbre en signant un article publié dans L'écran français : " Naissance d'une nouvelle avant-garde : la caméra-stylo ". Il salue dans le cinéma un moyen d'expression autonome et neuf, comparable à la peinture ou au roman. La même année, il assiste Marc Allégret sur le tournage de Blanche fury. Il tient le rôle d'Halévy dans La valse de Paris, de Marcel Achard (1949). Il collabore à la rédaction de scénarios : Jean de la lune (1948), La p. respectueuse (1952), Le vicomte de Bragelonne (1954).
Carrière au cinéma
En 1952, Alexandre Astruc réalise un moyen métrage inspiré d'une nouvelle des Diaboliques, de Barbey d'Aurevilly : Le rideau cramoisi. Le film remporte le Prix Louis Delluc. Avec Les mauvaises rencontres (1954), son premier long métrage, il dresse le portrait d'une jeunesse intellectuelle désaxée. L'histoire est narrée en voix off, par une série de flash-back, ce qui accentue le côté artificiel et littéraire de l'intrigue. La démarche du réalisateur le rapproche d'un cinéma romanesque soucieux de la vérité des êtres et de leur insertion dans un cadre soigneusement dessiné. Un cinéma d'essayiste. Il prétend lui-même rechercher les " manifestations visuelles de la psychologie des personnages ". C'est pourquoi il choisit des moments de crise, comme dans ses adaptations de Guy de Maupassant (Une vie, 1958) et de Gustave Flaubert (L'éducation sentimentale, 1961). Astruc exprime par la caméra les rapports de l'âme et du corps. Après La proie pour l'ombre (1960), un exercice de style sur la sujétion sociale de la femme, et Evariste Galois (1965), un court métrage primé au Festival international du film à Cannes, il réalise La longue marche (1965), un film sur la fuite de résistants à travers les Cévennes. Découpé en plans très longs, le film fige les personnages dans une certaine théâtralité. L'emploi du noir et blanc accentue le côté hostile de la nature dans laquelle ils évoluent. En 1968, Astruc réalise Flammes sur l'Adriatique, sorte de film " de chambre " où l'action est essentiellement menée à bord d'un destroyer yougoslave. Sa dernière oeuvre de fiction pour le cinéma est un échec commercial. Ami de Jean-Paul Sartre à dix-huit ans, il lui consacre un film en 1976 : Sartre par lui-même.
Autres activités
Astruc est chroniqueur de télévision à Radio-Luxembourg de 1969 à 1972. Il organise le Festival de film maudit à Biarritz. Après l'échec de Flammes sur l'Adriatique, il se consacre à la télévision, au journalisme et à la littérature. Il réalise notamment la série Caméra-stylo (1967-68), La lettre volée (1973) et La chute de la maison Usher (1981), tous deux adaptés de l'oeuvre d'Edgar Allan Poe ; Une fille d'Eve (1988) et Albert Savarus (1992), d'après Blazac. Il a écrit entre autres Les vacances (1945), La tête la première (1975), Le permissionnaire (1982), Le roman de Descartes (1989), Du stylo à la caméra et de la caméra au stylo (1992), et Evariste Galois (1994).
Prix
- Meilleur réalisateur, 1955 au Mostra Internazionale d'Arte Cinematografica (Venezia) pour le film : Les mauvaises rencontres