Après des études de peinture à l'École des Beaux- Arts de Tunis, Agostino Pace suit les cours de la section peinture et lithogravure aux Beaux-Arts de Paris. Il y côtoie de jeunes architectes appartenant à un atelier spécialisé dans les matériaux de synthèse, la conception de mobilier gonflable et la mise en avant de projets d'architecture moderne, parfois utopiques, dénommé Aerolande. Agostino part ensuite pour Venise. La ville est pour lui une grande source d'inspiration. À son retour à Paris, il se tourne vers le milieu théâtral et réalise en 1958 les décors et les costumes de L'Avenir est dans les oeufs d'Eugène Ionesco, au théâtre du Tertre. C'est à cette époque qu'il rencontre un jeune metteur en scène, Antoine Bourseiller, avec lequel il travaille pendant quatre ans en tant que décorateur-costumier pour la compagnie du Studio des Champs-Elysées.
Agostino Pace se distingue en étant à la fois costumier et décorateur de cinéma, renouant ainsi avec une tradition des années 1920.
En 1967, Agostino Pace participe pour la première fois aux côtés de Jacques Dugied à la création d'un décor cinématographique, pour le film L'Écume des jours de Charles Belmont, dont il conçoit également l'affiche. La même année, Alain Resnais, qui a découvert son travail réalisé en collaboration avec Antoine Bourseiller, fait appel à lui pour son film Je t'aime, je t'aime. Il lui confie la conception de la " noosphère ", habitacle futuriste faisant office de machine à voyager dans le temps. Quatre mois avant le début du tournage, Agostino avait proposé une maquette de maison gonflable pour la Biennale de Paris, " Habiter pneumatique-économique/mobile ". Cette proposition n'aboutira pas mais influencera Pace dans sa conception de la machine du film d'Alain Resnais. En 1968, Agostino Pace participe à l'agencement de la villa, principal décor du film de Jacques Deray, La Piscine. L'année suivante, il participe au film d'Yves Boisset Cran d'arrêt.
C'est en 1970 qu'il est sollicité par Jacques Demy qui lui offre la possibilité de s'exprimer pleinement en créant les costumes de son film musical Peau d'Ane (1970). C'est un véritable travail d'équipe avec le réalisateur, en collaboration avec un autre costumier, Gitt Magriniqui. Agostino Pace réalise les maquettes des costumes du film, empruntant tantôt à la féerie et aux contes pour créer les silhouettes exagérément amples des robes princières, tantôt à la mode des années 1930 pour la coupe droite et épurée arborée par la Fée des Lilas. Au carrefour de plusieurs influences artistiques, et de la peinture en particulier, le mélange des genres et le non-conformisme des styles confèrent au film son atmosphère onirique si particulière. Parmi les trouvailles proposées par Pace, celle des soldats et chevaux peints en bleu pour une famille, en rouge pour l'autre famille.
Par la suite, Agostino travaille de nouveau sur les décors d'un film de Charles Belmont, Rak (1971) et sur les costumes du Petit Poucet de Michel Boisrond (1972), film au style baroque, mal reçu à sa sortie.
La Cinémathèque française conserve un grand nombre de ces maquettes et dessins qui permettent de suivre l'évolution de la réflexion d'Agostino Pace sur ce travail.
Extrêmement prolifique sur la scène théâtrale depuis les années 1960, Agostino Pace a créé les décors et les costumes de nombreux opéras et pièces théâtrales, parmi lesquels Dom Juan ou le Festin de pierre de Molière mis en scène par Claude Santelli en 1970 (décors), La Vie que je t'ai donnée de Luigi Pirandello, mis en scène par Michel Dumoulin en 1989 (décors et costumes), ou encore Le Roi se meurt d'Eugène Ionesco, dans la mise en scène de Georges Werler en 2014 (décors). Agostino Pace a réalisé les décors de la revue à grand spectacle de Roland Petit Zizi je t'aime ! au Casino de Paris en 1972.
Il a aussi travaillé pour la télévision, par exemple pour Les Bonnes de Jean Genet en 1985, dans une réalisation de Michel Dumoulin (décors et costumes). Il est le scénographe de plusieurs expositions d'architecture, notamment à l'Institut français d'architecture.
1967 | Écume des jours (L') | Charles Belmont |
1967 | Je t'aime, je t'aime | Alain Resnais |
1968 | Piscine (La) | Jacques Deray |
1969 | Cran d'arrêt | Yves Boisset |
1971 | Rak | Charles Belmont |
1972 | Petit Poucet (Le) | Michel Boisrond |
1977 | Ombre et la nuit (L') | Jean-Louis Leconte |
1991 | Légende (La) | Jérôme Diamant-Berger |
1970 | Peau d'Ane | Jacques Demy |
1972 | Petit Poucet (Le) | Michel Boisrond |