Youssef Chahine naît en Égypte dans une famille de confession catholique et orthodoxe, imprégnée de culture arabe. Sa mère est originaire de Grèce et son père est un avocat d'origine libanaise. L'enfant grandit dans un milieu cultivé et polyglotte à Alexandrie, ville qui sera la plaque tournante de sa vie et de son oeuvre. Dans les années 1930, elle est multiculturelle, cosmopolite, laïque et tolérante. Le jeune homme se passionne pour les comédies musicales hollywoodiennes, découvre son amour pour Shakespeare et rêve de monter des pièces de théâtre. Ses parents encouragent sa vocation. Il part pour la Californie suivre une formation d'acteur et de metteur en scène au Pasadena Playhouse, près d'Hollywood. Youssef Chahine obtient son diplôme et revient en Égypte en 1948. La production cinématographique égyptienne "commerciale" est alors très importante avec plus de 120 films tournés par an.
Défenseur de la liberté contre toute forme d'intolérance, humaniste amoureux des arts et des belles-lettres, Youssef Chahine a abordé tous les genres du cinéma.
Youssef Chahine tourne son premier film, Papa Amine, en 1950. Tout en respectant les codes du cinéma égyptien de l'époque, qui combine mélodrame et comédie musicale, le cinéaste innove en insufflant à cette fantaisie comique une dimension sociale. L'année suivante, Le Fils du Nil confirme cette préoccupation sociétale, avec son héros atypique dans le cinéma de l'époque, un paysan de Haute Égypte. En 1952, la monarchie du roi Farouk est renversée et Gamal Abdel Nasser accède au pouvoir. Ciel d'enfer, tourné en 1954, est dans la ligne de la politique socialiste révolutionnaire du nouveau régime et de son ambitieuse réforme agraire. Exemplaire du style de Chahine, ce film marie avec bonheur ses influences hollywoodiennes avec des personnages et des situations purement moyen-orientaux. Ce film révèle aussi un jeune acteur, Michel Chalhoub, qui deviendra célèbre sous le nom d'Omar Sharif. Avec Gare centrale, Chahine réalise en 1957 son premier film personnel. La gare du Caire, où se croisent plusieurs destinées humaines, devient une métaphore de la société. Chahine interprète le rôle principal, un marchand de journaux infirme et rejeté par les femmes. Proche du néo-réalisme par son arrière-plan social, les allures de thriller de ce film le rapprochent aussi du cinéma américain. Audacieux sur le plan des moeurs, il offre au regard des corps érotisés et dénonce la frustration sexuelle qui engendre violence et voyeurisme. Renonçant à une forme de récit linéaire, le cinéaste affirme une volonté d'introspection qui marquera toute son oeuvre. Trop avant-gardiste sans doute, Gare centrale connaît un échec commercial cuisant lors de sa sortie et sera interdit durant 12 ans en Égypte. Commence alors ce que Chahine appellera sa "période maudite". Il réalise entre 1958 et 1961 une série de films inégaux, essentiellement de commande, parmi lesquels Jamila l'algérienne (1958). En 1963, reprenant le projet d'un réalisateur défaillant, Youssef Chahine tourne un film historique, sorte de péplum nationaliste, Saladin. Financé par l'Organisme du Cinéma, sous tutelle de l'État égyptien, cette production en Cinémascope retrace le destin de Saladin, sultan d'Égypte et de Syrie qui résista au XIIe siècle aux envahisseurs Mongols, vainquit les Francs et réussit à unifier partiellement le monde musulman. Le message politique est clair : après la nationalisation du Canal de Suez en 1956, Nasser apparaît comme le nouveau Saladin, l'unificateur de la Nation Arabe en lutte contre les nouveaux Croisés que sont les Israéliens et leurs alliés occidentaux. Traversé par un grand souffle lyrique, le film apporte la vision d'un islam tolérant, ouvert et généreux. Saladin est un succès. Peu après, l'Égypte et l'Union soviétique commandent au cinéaste un film pour célébrer la construction du barrage d'Assouan, vanter la politique industrielle de Nasser et sa collaboration avec le régime de Brejnev. Un jour, le Nil est tourné en 1964. C'est un mélange d'images documentaires et d'intrigues romanesques, une oeuvre imprégnée d'humanisme et qui délaisse l'idéologie. Certains personnages affirment leurs pulsions homosexuelles ou leurs frustrations d'exilés. Le film témoigne d'une profonde désillusion par rapport à l'édification du socialisme en Égypte. Un jour, le Nil déplaît évidemment à ses commanditaires. Chahine doit tourner un second film, qu'il reniera, avec des acteurs et un scénario différents, Ces gens du Nil (1968-1970). Mais il prend soin de garder une copie positive de la première version qu'il déposera à la Cinémathèque française. Un jour, le Nil pourra sortir en France en 1972.
Tourné en 1974 Le Moineau, censuré pendant 2 ans par le régime d'Anouar el-Sadate, puis diffusé confidentiellement, est l'un des films les plus maîtrisés de Chahine. Dans une parabole politique, le cinéaste analyse la débâcle de l'armée égyptienne durant la guerre des Six-Jours avec Israël en 1967 et dénonce les mensonges et la corruption de l'État. Alexandrie pourquoi ? est en 1977 le premier volet d'une trilogie autobiographique, poursuivie avec La Mémoire (1982) et Alexandrie, encore et toujours (1989). Chahine y exprime avec force son audace et sa liberté. Interprétant son propre rôle, il transgresse des tabous dans la société arabe, évoquant des amours interdites, homosexuelles ou interreligieuses. En même temps qu'il nous fait revivre un moment de son expérience de cinéaste, de ses engagements artistiques et de ses élans amoureux, il nous donne à revoir une période de l'histoire du cinéma, à travers des genres très variés, allant de la comédie musicale au péplum. Dans Alexandrie, New York (2003), il mettra en scène sa jeunesse aux États-Unis. Adieu Bonaparte (1984) prend prétexte de l'expédition militaire de Bonaparte en Égypte pour suggérer la vision d'un colonialisme "intelligent", qui serait un lieu d'échange entre les cultures. Chahine offre en 1986 un rôle superbe à la chanteuse Dalida, native du Caire, dans Le Sixième Jour, mélodrame sur la survie et la renaissance d'une femme inspiré d'un roman d'Andrée Chedid. L'Émigré (1994), pamphlet contre l'intégrisme inspiré du récit biblique de Joseph et ses frères, est jugé blasphématoire et condamné à la fois par les fondamentalistes musulmans et chrétiens. Ironie de l'Histoire, ce film sera le plus grand succès de Chahine en Égypte. Il en sera de même pour Le Destin (1997), qui retrace la vie du grand humaniste andalou et musulman Averroès. Le dernier film de Youssef Chahine, Le Chaos (2006), critique de l'Égypte autocratique, témoigne du militantisme d'un cinéaste que ni l'âge ni la maladie n'ont érodé.
Suite à la mort de Nasser et au démantèlement de l'Organisme du Cinéma, Youssef Chahine crée en 1972 sa propre société de production et de distribution, Misr International Films.
En 1992, il met en scène pour la Comédie Française la pièce d'Albert Camus, Caligula.
1967 | Id al-Mairun | Youssef Chahine |
1970 | Salwa | Youssef Chahine |
1973 | Al-Intilaq | Youssef Chahine |
1997 | Lumière sur un massacre : Ce n'est qu'un pas | Youssef Chahine |
1998 | Kolaha Khatwa | Youssef Chahine |
2006 | Chacun son cinéma : Quarante-sept ans après | Youssef Chahine |
1967 | Id al-Mairun | Youssef Chahine |
1970 | Salwa | Youssef Chahine |
1995 | Mystères du premier film (Les) | Jean-Pierre Améris |
2003 | Epreuves d'artistes | Gilles Jacob |
2005 | There Is no Direction | Sarah Bertrand |
1950 | Baba Amin [Papa Amine] | Youssef Chahine |
1951 | Ibn al-Nil Le Fils du Nil | Youssef Chahine |
1952 | Al-Muharrij al-Kabir Le Grand bouffon | Youssef Chahine |
1952 | Sayyidat al-Qitar La Belle du train = La Dame du train | Youssef Chahine |
1953 | Nisa'bila Rigal Femmes sans hommes | Youssef Chahine |
1954 | Shaytan al-Sahra Le Démon du désert | Youssef Chahine |
1954 | Sira fi alwadi Ciel d'enfer | Youssef Chahine |
1956 | Sirâ' fi-l-mînâ Les Eaux noires | Youssef Chahine |
1956 | Wadda'tou houbbak Adieu mon amour = Adieu à ton amour = Adieu ton amour = J'ai quitté ton amour | Youssef Chahine |
1957 | Bab el hadid Gare centrale | Youssef Chahine |
1957 | Enta habibi C'est toi mon amour | Youssef Chahine |
1958 | Jamila al-Jaza'iriyya Jamila | Youssef Chahine |
1959 | Hub ila al-Abad A toi pour toujours | Youssef Chahine |
1960 | Bayn Idayk [Entre tes mains] | Youssef Chahine |
1961 | Nida al-Ushaq L'Appel des amants | Youssef Chahine |
1961 | Ragul fi Hayati Un homme dans ma vie | Youssef Chahine |
1963 | Al-Nâsir Salah Eddine Saladin | Youssef Chahine |
1964 | An-Nil oual hayat Un jour, le Nil | Youssef Chahine |
1964 | Fajr Yawn Jadid L'Aube d'un jour nouveau | Youssef Chahine |
1965 | Biya el khawatim [Le Vendeur de bagues] | Youssef Chahine |
1966 | Rimal min Dhahab [Le Sable d'or] | Youssef Chahine |
1968 | El Ard La Terre | Youssef Chahine |
1970 | Al-Ikhtiyar Le Choix | Youssef Chahine |
1974 | Al-Ousfour Le Moineau | Youssef Chahine |
1976 | Awda al-ibn ad-dal Le Retour de l'enfant prodigue | Youssef Chahine |
1977 | Iskandariyya lih ? Alexandrie pourquoi ? | Youssef Chahine |
1982 | Hadduta Misriyya La Mémoire | Youssef Chahine |
1984 | Adieu Bonaparte | Youssef Chahine |
1986 | Sixième jour (Le) | Youssef Chahine |
1989 | Iskandariyya kaman wa kaman Alexandrie, encore et toujours | Youssef Chahine |
1991 | El-Kahira menawara bi ahlaha Le Caire raconté par Chahine | Youssef Chahine |
1994 | Emigré (L') | Youssef Chahine |
1995 | Lumière et compagnie | Sarah Moon, Patrice Leconte, Gabriel Axel, [etc.] |
1996 | Massir (Al) Le Destin | Youssef Chahine |
1998 | Autre (L') | Youssef Chahine |
2000 | Silence... on tourne | Youssef Chahine |
2002 | September 11 | Samira Makhmalbaf, Claude Lelouch, Youssef Chahine, [etc.] |
2002 | September 11 : Egypte | Youssef Chahine |
2003 | Alexandrie, New York | Youssef Chahine |
2006 | Chacun son cinéma | Theo Angelopoulos, Bille August, Olivier Assayas, [etc.] |
2006 | Heya fawda Le Chaos | Youssef Chahine, Khaled Youssef |
1952 | Al-Muharrij al-Kabir Le Grand bouffon | Youssef Chahine |
1953 | Nisa'bila Rigal Femmes sans hommes | Youssef Chahine |
1956 | Sirâ' fi-l-mînâ Les Eaux noires | Youssef Chahine |
1964 | An-Nil oual hayat Un jour, le Nil | Youssef Chahine |
1966 | Rimal min Dhahab [Le Sable d'or] | Youssef Chahine |
1970 | Al-Ikhtiyar Le Choix | Youssef Chahine |
1974 | Al-Ousfour Le Moineau | Youssef Chahine |
1976 | Awda al-ibn ad-dal Le Retour de l'enfant prodigue | Youssef Chahine |
1977 | Iskandariyya lih ? Alexandrie pourquoi ? | Youssef Chahine |
1982 | Hadduta Misriyya La Mémoire | Youssef Chahine |
1984 | Adieu Bonaparte | Youssef Chahine |
1986 | Sixième jour (Le) | Youssef Chahine |
1989 | Iskandariyya kaman wa kaman Alexandrie, encore et toujours | Youssef Chahine |
1994 | Emigré (L') | Youssef Chahine |
1996 | Massir (Al) Le Destin | Youssef Chahine |
1998 | Autre (L') | Youssef Chahine |
2000 | Silence... on tourne | Youssef Chahine |
2002 | September 11 : Egypte | Youssef Chahine |
2003 | Alexandrie, New York | Youssef Chahine |
1950 | Baba Amin [Papa Amine] | Youssef Chahine |
1974 | Al-Ousfour Le Moineau | Youssef Chahine |
1976 | Awda al-ibn ad-dal Le Retour de l'enfant prodigue | Youssef Chahine |
1977 | Iskandariyya lih ? Alexandrie pourquoi ? | Youssef Chahine |
1984 | Adieu Bonaparte | Youssef Chahine |
1986 | Sixième jour (Le) | Youssef Chahine |
1996 | Massir (Al) Le Destin | Youssef Chahine |
1974 | Al-Ousfour Le Moineau | Youssef Chahine |
1977 | Al-Saqqa mat | Salah Abou Seif |
1977 | Iskandariyya lih ? Alexandrie pourquoi ? | Youssef Chahine |
1982 | Hadduta Misriyya La Mémoire | Youssef Chahine |
1988 | Sarikat sayfeya Vols d'été | Yousry Nasrallah |
1957 | Bab el hadid Gare centrale | Youssef Chahine |
1964 | Fajr Yawn Jadid L'Aube d'un jour nouveau | Youssef Chahine |
1978 | Cinématon | Gérard Courant |
1985 | Chéreau - l'envers du théâtre | Arnaud Sélignac |
1986 | Sixième jour (Le) | Youssef Chahine |
1989 | Après octobre (L') | Merzak Allouache |
1989 | Iskandariyya kaman wa kaman Alexandrie, encore et toujours | Youssef Chahine |