Maruschka Detmers vient à Paris en 1980. Lors de son audition pour rentrer au cours Florent, elle se fait remarquer par Francis Huster. Il la prend sous sa coupe et devient son professeur. Trois ans plus tard, il la recommande à l'agent chargé des castings de Prénom Carmen (1983) que veut tourner Godard.
La belle hollandaise commence brillamment sa carrière en interprétant une Carmen "revisitée" par Godard dans Prénom Carmen. Sa fraîcheur, son accent et sa spontanéité sont très appréciés. Après avoir été l'épouse de Francis Huster dans un polar peu remarqué, Le faucon (1983) de Paul Boujenah, elle est une jeune femme passionnée et déterminée dans La pirate (1984) de Jacques Doillon. Superbe et révoltée : voilà les deux adjectifs qui semblent le mieux qualifier cette beauté sombre faite, semble-t-il, pour des films denses et chargés en émotions. Elle se détourne cependant un temps de ce registre en tournant au côté de Coluche La vengeance du serpent à plumes (1984), une comédie légère de Gérard Oury. Avec Le diable au corps (1985) de Marcel Bellochio, elle revient au tragique. Elle est l'héroïne sulfureuse et passablement dénudée de cette version qui fait scandale, comme l'avait fait auparavant le film de Claude Autant-Lara en 1947. Après avoir refusé des dizaines de scénarios de films érotico-pornographiques, elle change de registre avec Y'a bon les blancs (1987) de Marco Ferrari, une satire du charity-business. Elle se lance ensuite un nouveau défi en acceptant de tourner La guerre d'Hannah (1987) de Menahem Golan, où elle incarne avec sublime le personnage d'Hanna Senesh, une jeune poétesse juive, morte en martyr en 1944 après avoir été torturée par les nazis. Le réalisateur est enthousiaste : "C'est une nouvelle Ingrid Bergman", assure-t-il. En 1988, deux mélodrames sur la difficulté d'aimer dans la durée (Deux de Claude Zidi et Une comédie d'été de Daniel Vigne) lui permettent ensuite d'exhiber ses talents d'actrice romantique. Après Le brasier (1989) d'Eric Barbier, où elle tient le rôle d'une trieuse de charbon du milieu des années 1930 en révolte contre toutes les injustices, l'actrice retrouve une certaine insouciance. Elle explique alors : "On dit toujours que la gravité vient en prenant de l'âge. Moi, je fais le parcours en sens inverse, j'avais la gravité, et, en vieillissant, je prends de la légèreté". Elle est ainsi la danseuse des Mabambo Kings (1991) d'Anne Glimcher et figure au côté de Thierry Lhermitte dans une comédie sur les femmes, Elles n'oublient jamais (1993) de Christopher Frank. Après deux ans d'arrêt, celle qui reconnaît choisir ses rôles d'après son seul "feeling" revient à l'écran en 1995 dans un film américain, The shooter de Ted Kotcheff, puis enchaîne Méfie-toi de l'eau qui dort (1995) de Jacques Deschamps et Comme des rois (1996) de François Velle.
Pour la télévision, Maruschka Detmers joue notamment dans Via Mala (1984) de Tom Toelle et dans Clarissa (1998) de Jacques Deray, adaptation d'un roman de Stefan Zweig.
2000 | Pour l'amour du ciel | Philippe Azoulay |
2008 | Orange juice | Ronan Moucheboeuf |
1978 | Cinématon | Gérard Courant |
1983 | Faucon (Le) | Paul Boujenah |
1983 | Prénom Carmen | Jean-Luc Godard |
1984 | Pirate (La) | Jacques Doillon |
1984 | Vengeance du serpent à plumes (La) | Gérard Oury |
1985 | Diavolo in corpo Le Diable au corps | Marco Bellocchio |
1987 | Hanna's War La Guerre d'Hanna | Menahem Golan |
1987 | Y'a bon les blancs | Marco Ferreri |
1988 | Comédie d'été | Daniel Vigne |
1988 | Deux | Claude Zidi |
1989 | Brasier (Le) | Éric Barbier |
1991 | Mambo Kings (The) | Arne Glimcher |
1993 | Elles n'oublient jamais | Christopher Frank |
1995 | Shooter (The) | Ted Kotcheff |
1996 | Comme des rois | François Velle |
1996 | Méfie-toi de l'eau qui dort | Jacques Deschamps |
1997 | Rewind | Sergio Gobbi |
1998 | Saint-Pauli Natch | Sönke Wortmann |
1999 | Te quiero | Manuel Poirier |
2007 | Nos dix-huit ans | Frédéric Berthe |