Après une licence de philosophie, Roland Dubillard décide à vingt-deux ans de se consacrer à l'écriture, se lançant dans les poèmes et les nouvelles. Puis il compose des sketches, qu'il interprète à la radio à partir de 1947. Cela le conduit au théâtre ; il produit et joue dans quelques pièces, dont Les Diablogues, présentée de 1950 à 1960, dans laquelle perce son humour noir. Si Camille me voyait, montée par Jean-Marie Serreau en 1953 et par Jean Piat en 1970 à la Comédie-Française, constitue son premier succès. Ce n'est qu'en 1966 qu'il vient au cinéma, Jean-Pierre Mocky lui donnant sa chance dans Les Compagnons de la Marguerite (1966).
Ecrivain avant tout, Roland Dubillard est aussi un acteur à la silhouette énigmatique, qui traîne derrière lui l'image du clown triste et lunaire, du Pierrot blafard émergeant sans fin d'une nuit sans sommeil. Il se fait rare au cinéma, ne participant qu'à une quinzaine de films, parmi lesquels Les vécés étaient fermés de l'intérieur (Patrice Leconte, 1975), Le Mâle du siècle (Claude Berri) et Peur sur la ville (Henri Verneuil, 1975). Fidèle à Jean-Pierre Mocky, il joue dans trois de ses films : Les Compagnons de la Marguerite (1966), La Grande Lessive (1968) et Le Témoin (1978). Yannick Bellon lui offre son meilleur rôle au cinéma dans Quelque part, quelqu'un (1971), pour lequel il reçoit le Grand Prix d'interprétation masculine française de l'Académie du cinéma en 1973. Pirès Elle court, elle court la banlieue (1972), Corneau France Société Anonyme (1973), Dugowson Lily aime-moi (1974), Leconte Les Vécés étaient fermés de l'intérieur (1975), Robbe-Grillet La Belle captive (1982), Bral Polar (1982), Zulawski L'Amour braque (1984) mais aussi Serge Gainsbourg Charlotte for Ever (1986) feront appel à lui.
La carrière de Roland Dubillard est probablement moins cinématographique que théâtrale et radiophonique. Ses sketches, notamment avec le personnage de Grégoire, font fureur ; ses pièces renouvellent le théâtre de l'absurde, dans la droite ligne de Molière. Naïves Hirondelles (1961), La Maison d'os (1962) et Le Jardin de betteraves (1969) jalonnent l'histoire théâtrale des années 1960. Ecrivain, il publie des recueils de poèmes (Je dirai que je suis tombé…) et remporte le grand prix d'humour noir avec son recueil de nouvelles Olga ma vache. Son talent théâtral est officiellement reconnu en 1979, lorsqu'il reçoit le grand prix du théâtre pour l'ensemble de ses créations.
Son œuvre, essentiellement théâtrale, comporte également des nouvelles, des recueils de poésies, des pièces radiophoniques, un essai et un journal intime.
1947 | Alcool tue (L') | Alain Resnais |
1948 | Jardins de Paris (Les) | Alain Resnais |
1949 | Affaire Manet (L') | Jean Aurel |
1947 | Alcool tue (L') | Alain Resnais |
1963 | Statues | François Weyergans |
1964 | Temps morts (Les) | René Laloux |
1971 | Défense de jouer | Jean-Jacques Grand-Jouan |
1973 | Echo d'Alger (L') | Frank Cassenti |
1983 | Fonte de Barlaeus (La) | Pierre-Henry Salfati |
1984 | Envers du décor (L') | Marcel Guiet |
1946 | Ouvert pour cause d'inventaire | Alain Resnais |
1951 | Trois femmes | André Michel |
1961 | Dénonciation (La) | Jacques Doniol-Valcroze |
1962 | A cause, à cause d'une femme | Michel Deville |
1966 | Compagnons de la marguerite (Les) | Jean-Pierre Mocky |
1968 | Grande lessive (!) (La) | Jean-Pierre Mocky |
1968 | Sous le signe du taureau | Gilles Grangier |
1969 | Promesse de l'aube (La) | Jules Dassin |
1970 | M comme Mathieu | Jean-François Adam |
1970 | Ville bidon = La Décharge (La) | Jacques Baratier |
1971 | Quelque part, quelqu'un | Yannick Bellon |
1972 | Elle court, elle court la banlieue | Gérard Pirès |
1973 | France Société Anonyme | Alain Corneau |
1973 | Un ange au paradis | Jean-Pierre Blanc |
1973 | Ursule et Grelu | Serge Korber |
1974 | Aloïse | Liliane de Kermadec |
1974 | Lily, aime-moi | Maurice Dugowson |
1974 | Mâle du siècle (Le) | Claude Berri |
1974 | Peur sur la ville | Henri Verneuil |
1974 | Sérieux comme le plaisir | Robert Benayoun |
1975 | Vécés étaient fermés de l'intérieur (Les) | Patrice Leconte |
1978 | Témoin (Le) | Jean-Pierre Mocky |
1979 | Ciao les mecs ! | Sergio Gobbi |
1980 | Cherchez l'erreur | Serge Korber |
1982 | Belle captive (La) | Alain Robbe-Grillet |
1982 | Polar | Jacques Bral |
1983 | Debout les crabes, la mer monte ! | Jean-Jacques Grand-Jouan |
1983 | Un bruit qui court | Daniel Laloux, Jean-Pierre Sentier |
1984 | Amour braque (L') | Andrzej Zulawski |
1985 | Boulevard de l'étrange | Jean-Louis Cros, Radovan Tadic, Pierre-Henry Salfati, [etc.] |
1985 | Lien de parenté | Willy Rameau |
1985 | Paulette, la pauvre petite milliardaire | Claude Confortès |
1986 | Charlotte for ever | Serge Gainsbourg |
1987 | Poisons | Pierre Maillard |
2005 | Lucifer et moi | Jacques Grand-Jouan |