Formation
Après une enfance et une adolescence passées à Valenciennes, Pierre Richard s'installe à Paris et prend des cours d'art dramatique au Centre Dullin puis chez Jean Vilar. Il mène ensuite une carrière théâtrale, essentiellement orientée vers le cabaret. Il joue des sketches comiques co-écrits avec Victor Lanoux, puis rencontre le metteur en scène Antoine Bourseiller qui le fait jouer avec Yves Robert.
Carrière au cinéma
Yves Robert écrit pour Pierre Richard le rôle sur-mesure d'un personnage farfelu, et le dirige dans Alexandre le Bienheureux (1967). Ce premier rôle est à l'origine de la création et de la maturation d'un personnage plus consistant, inventé par Pierre Richard lui-même, dont l'aboutissement se révèle dans Le Distrait (1970), un film que Richard écrit, scénarise, tourne et interprète. Dès lors, il cultive un personnage de pierrot lunaire, bondissant et maladroit, timide et malicieux, séduisant et anticonformiste, dans la lignée de Buster Keaton, de Danny Kaye et de Jacques Tati.
Les années 70 voient le triomphe de l'acteur grâce à des comédies devenues cultes comme celles d'Yves Robert, Le Grand Blond avec une chaussure noire (1972) et Le Retour du Grand Blond (1974), ou encore La Moutarde me monte au nez (Claude Zidi, 1974), Le Jouet (1976, première réalisation de Francis Veber qui crée pour Pierre Richard le personnage récurrent de François Perrin, devenu un peu plus tard François Pignon). En parallèle, l'acteur approfondit le personnage qu'il a créé avec Le Distrait, et réalise une oeuvre attachante avec des comédies satiriques telles que Les Malheurs d'Alfred (1971), Je ne sais rien mais je dirai tout (1973) et Je suis timide mais je me soigne (1978).
Au cours des années 80, la popularité de Pierre Richard ne fait que croître, par sa collaboration avec Francis Veber, qui l'associe à Gérard Depardieu dans une série de comédies à succès, ce sont les triomphes successifs de La Chèvre (1981), Les Compères (1983) et Les Fugitifs (1986). A la fin des années 1980, il semble donner un tour plus dramatique à sa carrière et interprète des rôles sombres et inattendus dans Mangeclous (Moshé Mizrahi, 1988), une adaptation libre du roman d'Albert Cohen où il campe Mangeclous le charlatan "baratineur" et dans Bienvenue à bord (Jean-Louis Leconte, 1989) où il interprète un étrange auto-stoppeur qui par son flot de paroles en arrive à retourner la personnalité du conducteur, joué par Martin Lamotte.
Cette évolution que Pierre Richard a souhaité donner à ses personnages, passant du gentil bouffon au clown émouvant, puis au beau parleur, se concrétise encore dans le film qu'il réalise et interprète en 1990 : On peut toujours rêver où il campe un riche industriel rongé par l'ennui, qui n'a plus rien de drôle. Durant la décennie 90, Pierre Richard se fait plus rare sur le grand écran et en 1997 réalise Droit dans le mur, qui met en abîme - en forçant un peu le trait - sa situation à cette époque : un acteur comique tombé dans l'oubli. Son film passe inaperçu et Pierre Richard connaît une "traversée du désert".
Il faut attendre En attendant le déluge de Damien Odoul (2003) pour revoir l'acteur dans un rôle conséquent, celui d'un vieil homme reclus dans son château, à l'aube de sa mort. Puis il joue des seconds rôles efficaces dans les comédies Le Cactus (Gérard Bitton, Michel Munz, 2004), Essaye moi (Pierre-François Martin-Laval, 2005) ou le thriller Le Serpent (Eric Barbier, 2006).
En 2006, il reçoit un César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. Thomas Gilou permet à Pierre Richard d'être une nouvelle fois tête d'affiche dans Victor (2008), où l'acteur semble se régaler d'incarner un octogénaire encombrant et escroc. Dans Et si on vivait tous ensemble ? (Stéphane Robelin, 2010), l'acteur est aux côtés de Jane Fonda, Claude Rich et Guy Bedos pour un émouvant film choral traitant de la vieillesse.
Autres activités
Pierre Richard réalise pour la télévision un documentaire sur Che Guevara, Parlez moi du Che (1987). Il a tourné dans quelques téléfilms, dans les années 60 et 2000. Au théâtre il a joué dans des pièces contemporaines, et a monté trois one-man shows, à dominante autobiographique en 2003, 2009, 2012. Il a aussi écrit trois livres (1989, 2003, 2010), où il revient sur son parcours et ses rencontres.
Prix
- Prix pour l'ensemble de la carrière, 2015 au Les Magritte du Cinéma
- César d'honneur, 2006 au Césars du Cinéma Français