Après avoir étudié le droit à Oxford, Ken Loach monte sur les planches avec une troupe de province. Il débute ensuite à la BBC en 1960, où il produit des téléfilms avec Tony Garnett, et se met à la réalisation dès 1964. Il signe notamment Cathy come home (1966), dont l'impact est si fort qu'il provoque un remaniement des lois anglaises pour les sans-abri.
Ken Loach fait ses débuts pour le grand écran avec Pas de larmes pour Joy (1967), Kes (1969) et Family life (1971), où il dénonce les excès de l'autorité familiale sur les enfants et les abus de la psychiatrie. Mais il continue de travailler énormément pour la télévision durant les années 70, imposant dans ses réalisations des thématiques fortement politisées, teintées des idées de la gauche sociale.
Ken Loach va devenir un des réalisateurs anglais les plus engagés de sa génération, et ouvrira la voie à ce qu'on considère comme la nouvelle vague du cinéma anglais des années 80 : un cinéma social. "Cinéaste de la classe ouvrière", selon le New York Times, "pourfendeur des injustices sociales" selon L'Humanité, Ken Loach veut amener le public à une prise de conscience. Ni distraction ni propagande, son cinéma se situe à mi-chemin entre le documentaire et la fiction. Réalisme social et revendications de gauche constituent sa signature. Dans un souci d'authenticité, il préfère les acteurs non professionnels et opte pour des individus qui viennent directement du contexte qu'il dépeint.
Tous ses films abordent des thèmes à caractère social ou politique. Le chômage dans Regards et sourires (1981) ; le passé nazi allemand dans Fatherland (1985) ; le conflit irlandais dans Hidden agenda - Secret défense (1990) ; la politique antisociale de Margaret Thatcher et la vie des travailleurs de banlieue dans Riff-raff (1991) et Raining stones (1992) ; le racisme dans Ladybird (1993) ; la guerre d'Espagne dans Land and freedom (1994) ; le Nicaragua sandiniste dans Carla's song (1996) ; ou les travailleurs immigrés syndiqués de Los Angeles dans Bread and roses (1999).
A la fin des années 90, Ken Loach est désormais un cinéaste reconnu autant pour l'esthétique que pour le message de son oeuvre. Dans Sweet sixteen (2001), Ken Loach arrive à la réflexion très noire que la société moderne n'offre aucun avenir aux classes défavorisées : pour "réussir" socialement, le personnage principal, Liam, un adolescent foncièrement bon, sombre peu à peu dans le trafic de drogue et la délinquance, seules sources de revenus faciles, et en arrive même au meurtre. Just a kiss (2003) aborde la thématique des conflits raciaux et religieux entre les différentes communautés d'immigrés à travers l'histoire d'amour prétendue impossible entre Casin, fils d'un Pakistanais musulman, et Roisin, une Écossaise catholique.
Deux ans plus tard, Ken Loach revient sur le sujet combien sensible du conflit irlandais, il signe Le Vent se lève qui décroche la Palme d'or à Cannes. Le réalisateur, à travers le genre du film de guerre, illustre les conflits internes qui secouèrent le peuple irlandais dans les années 1920, déchiré entre un radicalisme total et un consensus plus démocratique et républicain. Puis le cinéaste revient sur un de ses topos favoris, la critique du capitalisme et du libéralisme économique : dans It's a free world (2007) il décortique la perversion du système britannique en matière d'emploi des immigrés illégaux, à travers la déchéance morale d'Angie, une jeune chef d'entreprise se laissant aller à de plus en plus d'exactions pour faire vivre son agence.
Pour son film suivant, Ken Loach assume le genre de la comédie, certes toujours bien ancrée dans un réalisme social ; Looking for Eric (2008) est un conte où un postier de Manchester, qui voudrait en finir avec sa vie qu'il juge minable, se retrouve par magie "coaché" par son idole Eric Cantona. Avec humour et délicatesse, Ken Loach livre une recette de pugnacité et de solidarité, qui sont pour le réalisateur les armes majeures des petites gens. Loach s'essaie au thriller dans Route Irish (2009), en signant une dénonciation des guerres privées qui se sont greffées à la guerre en Irak
. Le cinéaste opte (enfin) pour une note d'espoir, comme il l'avait d'ailleurs fait dans Looking for Eric, avec La part des anges (2011), où il nous fait suivre les aventures drôlatiques d'une bande de jeunes Écossais, résolus à faire le casse du siècle non pas dans une banque mais dans une distillerie de whisky.
Avec Tony Garnett, il crée la compagnie de production Kestrel, en 1969.
Réalisateur du téléfilm Days of hope (1975), sur les mouvements sociaux dans l'Angleterre des années 1920, il est le producteur de Which side are you on ?, qu'il réalise en 1984.
1984 | Which Side Are You on ? | Ken Loach |
1997 | Flickering Flame (The) | Ken Loach |
1966 | Cathy Come Home [TV] | Ken Loach |
1967 | Poor Cow Pas de larmes pour Joy | Ken Loach |
1968 | Kes | Ken Loach |
1971 | Family Life | Ken Loach |
1978 | Gamekeeper (The) | Ken Loach |
1979 | Black Jack | Ken Loach |
1981 | Looks and Smiles Regards et sourires | Ken Loach |
1985 | Fatherland | Ken Loach |
1990 | Hidden Agenda Hidden Agenda - Secret défense | Ken Loach |
1991 | Riff-raff | Ken Loach |
1992 | Raining Stones | Ken Loach |
1993 | Ladybird Ladybird Ladybird | Ken Loach |
1994 | Land and Freedom | Ken Loach |
1996 | Carla's Song | Ken Loach |
1997 | My Name Is Joe | Ken Loach |
1999 | Bread and Roses | Ken Loach |
2001 | Navigators (The) | Ken Loach |
2001 | Sweet Sixteen | Ken Loach |
2002 | September 11 | Samira Makhmalbaf, Claude Lelouch, Youssef Chahine, [etc.] |
2002 | September 11 : Royaume-Uni | Ken Loach |
2003 | Ae Fond Kiss Just a kiss | Ken Loach |
2005 | Tickets | Ermanno Olmi, Ken Loach, Abbas Kiarostami |
2005 | Wind That Shakes the Barley (The) Le Vent se lève | Ken Loach |
2006 | Chacun son cinéma | Theo Angelopoulos, Bille August, Olivier Assayas, [etc.] |
2006 | Chacun son cinéma : Happy ending | Ken Loach |
2007 | It's a Free World | Ken Loach |
2008 | Looking for Eric | Ken Loach |
2009 | Route Irish | Ken Loach |
2011 | Angels' Share (The) La Part des anges | Ken Loach |
2012 | Spirit of 45 (The) L'Esprit de 45 | Ken Loach |
2013 | Jimmy's Hall | Ken Loach |
2015 | I, Daniel Blake Moi, Daniel Blake | Ken Loach |
2018 | Sorry We Missed You | Ken Loach |
1967 | Poor Cow Pas de larmes pour Joy | Ken Loach |
1968 | Kes | Ken Loach |
1978 | Gamekeeper (The) | Ken Loach |
1979 | Black Jack | Ken Loach |
2002 | September 11 : Royaume-Uni | Ken Loach |
2004 | Je t'aime... moi non plus | Maria de Medeiros |
2007 | 40 x 15 | Olivier Jahan |
2009 | Cheminots | Luc Joulé, Sébastien Jousse |
2009 | Di me cosa ne sai | Valerio Jalongo |
2009 | Great Directors | Angela Ismailos |
2016 | To Make a Comedy Is No Fun : Jirí Menzel | Robert Kolinsky |