Formation
Après ses études secondaires, Claude Miller entre à l'Idhec en 1962. Il remplit ses obligations militaires au Service cinématographique des armées. A partir de 1965, il est l'assistant de Marcel Carné (Trois chambres à Manhattan, 1965), de Robert Bresson (Au hasard Balthazar, 1966), de Michel Deville (Martin soldat, id.), de Jacques Demy (Les demoiselles de Rochefort, 1967) et de Jean-Luc Godard (Week-end, 1967). Régisseur général pour Jean-Luc Godard et René Allio, il est également directeur de production des films de François Truffaut de 1968 à 1975, hormis pour La nuit américaine (1973).
Carrière au cinéma
Après trois courts-métrages Juliet dans Paris (1967), La question ordinaire (1970) et Camille ou la Comédie catastrophique (1971), Claude Miller, tourne son premier long métrage, La meilleure façon de marcheren 1975. Pour Claude Miller, cet air bien connu des colonies de vacances, c'est l'intolérance. Miller offre là à Patrick Dewaere un de ses meilleurs rôles. Dites-lui que je l'aime (1977), tiré du Mal étrange de Patricia Highsmith, avec Depardieu et Miou-Miou, construit une tragédie sur la non-réciprocité du désir. Avec Garde à vue (1981), gros succès commercial, Miller change de style mais pas de sujet. La forme du polar, servi par Lino Ventura en grand prêtre du puzzle criminel, lui permet de démonter pièce par pièce le mystère de la haine qui oppose Romy Schneider à Michel Serrault : l'amour du mari pour une fillette. Mortelle randonnée (1982) retrouve Serrault sur la piste d'Isabelle Adjani, la tueuse qu'il prend pour sa fille disparue. Poétique et violent, ce film est à la croisée du roman noir, du fantastique et du passionnel. Puis Claude Miller s'interroge : " Quelle est la chose la plus mystérieuse et la plus inconnue pour moi ? C'était une jeune fille. " (Ecran noir, mars 2000.) Une jeune fille comme Charlotte Gainsbourg qu'il révèle sur la brèche entre deux amours identitaires dans L'effrontée (1985) ou bien décidée à voler de ses propres ailes dans La petite voleuse (1988). Romane Bohringer signe un portrait inverse de jeune fille : L'accompagnatrice (1992) qui, brimée par trop d'idéalisme, passe à côté de la vie. Claude Miller écrit et tourne Le sourire (1993) sur la course qui s'engage entre la vieillesse et le désir. Après Nana (1997), adapté du roman éponyme d'Emile Zola, il signe un film onirique sur les terreurs d'un enfant liées à l'image du père et compensées par les fantasmes : c'est La classe de neige (1998), inspiré du roman d'Emmanuel Carrère. La chambre des magiciennes (2000), ou la rencontre entre trois femmes cantonnées dans la même chambre d'hôpital, donne la part belle à l'interprétation d'Anne Brochet et de Mathilde Seigner. En 2001, Miller réalise Betty Fisher et autres histoires. Dans ce chassé-croisé entre trois mères blessées, Nicole Garcia, Sandrine Kiberlain et Mathilde Seigner de nouveau, s'affrontent pour un enfant dans un suspense psychologique tendre et cruel à la fois. La petite Lili (2003), transposition moderne de de Tchékov, déroule une galerie de personnages autour de l'éclatante Ludivine Sagnier. Jean-Pierre Marielle, Robinson Stévenin ou Julie Depardieu notamment, donnent à ce film choral, cruel et lucide, sur le cinéma et son reflet, toute sa profondeur. En 2007, Miller adapte le roman autobiographique de Philippe Grimbert, Un secret. Servi par Patrick Bruel et Cécile de France notamment, Miller s'approprie avec talent cette histoire d'une passion ravageuse qui laisse sur les épaules d'un jeune garçon juif le poids d'un lourd secret de famille dans la France d'après-guerre. Coréalisé avec son fils Nathan Je suis heureux que ma mère soit vivante (2008), relate avec intensité un fait divers, l'histoire d'un garçon qui recherche sa mère biologique, une histoire de crime passionnel et de résilience. Il s'essaie au documentaire avec Marching band (2008), qui dissèque les élections américaines de 2008, via les Marching band (fanfares des campus) de deux universités de Virginie. Il tourne au Canada Voyez comme ils dansent (2010), d'après un roman, La Petite fille de Menno de Roy Parvin, dans lequel Marina Hands et Maya Sansa partent sur les traces de leur ex-mari, James Thiérrée. Un magnifique carnet de voyage et une réflexion aiguisée sur le couple, l'amour et la liberté. En 2011, il commence le tournage de Thérèse Desqueyroux adapté d'un roman de François Mauriac, avec Audrey Tautou, Gilles Lellouche et Anaïs Demoustier. Ce sera son dernier film. En effet, Claude Miller décède le 4 avril 2012. Dans cet ultime film, le cinéaste nous raconte l'histoire de Thérèse Desqueyroux, une jeune femme emprisonnée dans un mariage malheureux où règnent les conventions bourgeoises. Le film clôturera la 65e édition du Festival de Cannes.
Autres activités
Pour la télévision, il réalise Traits de mémoire (1974), une série de six émissions documentaires sur la bande dessinée.
Il a été président du conseil d'administration de la Fémis (École nationale supérieure des métiers de l'image et du son), de 2007 à2010 ; Administrateur de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) (2002) ; Président de la Société cicile des auteurs réalisateurs producteurs (1998-1999), et depuis 2002, il est Président Europa Cinemas (le réseau de salles de cinéma subventionnées).
Prix
- Meilleur réalisateur, 1990 au Césars du Cinéma Français pour le film : La Petite voleuse
- Meilleur scénario, 1982 au Césars du Cinéma Français pour le film : Garde à vue