Formation
Mathieu Kassovitz découvre le cinéma très jeune en fréquentant les tournages dirigés par son père. En 1979, ce dernier le fait jouer aux côtés de Jane Birkin dans Au bout du bout du blanc. Jeune lycéen, il suit des stages pendant les vacances dans une maison de production. Il devient ensuite assistant réalisateur sur le tournage de Moitié moitié de Paul Boujenah.
Carrière au cinéma
Réalisateur intrépide osant s'attaquer à des sujets polémiques, Mathieu Kassovitz est aussi un amoureux des films d'action à l'américaine qui mène en parallèle une carrière d'acteur doué, capable de donner la réplique aux plus grands. En 1990, Mathieu Kassovitz réalise un premier court métrage, Fierrot le pou. Ce premier essai reçoit des prix dans divers festivals. Après deux autres courts métrages, Cauchemar blanc (1991) et Assassins (1992), véritables plaidoyers antiracistes, il passe au long métrage avec Métisse (1993), comédie romantique multiraciale multiraciale des films du réalisateur américain Spike Lee. Il y est à la fois derrière caméra et devant, partageant l'affiche avec son copain Vincent Cassel et Hubert Koundé, dont il fera (aux côtés de Saïd Taghmaoui) les deux héros de son film suivant, La Haine. La même année, il joue dans Regarde les hommes tomber, premier film de Jacques Audiard, où il incarne un jeune paumé fasciné par ses aînés, Jean-Louis Trintignant et Jean Yanne. Sa performance d'acteur est saluée par la critique et le public.
Il se fait vraiment connaître grâce à La Haine (1995), récompensé au festival de Cannes (Prix de la mise en scène) et à la cérémonie des Césars (Meilleur film). Fortement ancré dans la réalité sociale, son film, tourné en noir et blanc, décrit les errances de trois jeunes banlieusards dont l'un a récupéré une arme oubliée par un agent des forces de l'ordre sur les lieux d'une émeute provoquée par une bavure policière. La Haine devient un film culte.
En tant qu'acteur, il alterne simples apparitions clin d'oeil (La Cité des enfants perdus, Jean-Pierre Jeunet, 1995 ; Mon homme, Bertrand Blier, 1996), rôles secondaires (Le Cinquième élément, Luc Besson, 1997) et rôles principaux. Il retrouve ainsi Jacques Audiard pour Un héros très discret (1996) où il interprète un faux résistant. En 1997 sort en salles Assassin(s). Ce troisième film d'un des grands espoir du cinéma français, version longue de son court métrage homonyme, fait scandale : le cinéaste - qui y tient aussi le rôle principal au côté de Michel Serrault - y dénonce l'influence de la télévision sur la jeunesse désoeuvrée en ayant recours à des images choc ; la critique et le public du festival de Cannes sont divisés. Les uns sont terrifiés par ce portrait de la société, les autres crient au grotesque.
Après cette polémique et l'échec public du film, Kassovitz abandonne cette veine et consacre son énergie et son talent à des films plus commerciaux : il signe ainsi le thriller Les Rivières pourpres (2000), avec Vincent Cassel et Jean Reno, dont l'efficacité lui ouvre les portes de Hollywood. Il est ainsi choisi pour réaliser le film d'action horrifique avec Halle Berry, Gothika (2003), qu'il accepte dans l'espoir de pouvoir mener à bien ensuite un projet qui lui tient à coeur : l'adaptation du roman d'anticipation Babylon .D. de Maurice G. Dantec. Lorsqu'il y parvient en 2008, avec Vin Diesel et Michelle Yeoh en vedette, il renie quasiment le film dans la version que distribue la 20th Century Fox.
L'aventure américaine lui laisse un goût amer. Il lui faudra trois ans pour s'en remettre et revenir à la réalisation en renouant avec sa veine politique et sociétale puisqu'il porte à l'écran dans L'Ordre et la morale (2011) l'assaut donné par les gendarmes français contre les indépendantistes néo-calédoniens retranchés dans la grotte d'Ouvéa en 1988, en pleine campagne présidentielle. Il tient par ailleurs dans ce film le rôle du directeur du GIGN dont le récit a inspiré ce film controversé.
Si c'est la première fois depuis Assassin(s) qu'il joue dans un de ses propres films, Kassovitz n'en a pas pour autant abandonné sa carrière d'acteur. Il tient ainsi un des rôles centraux du Plaisir (et ses petits tracas) (1998), film à épisodes de son compère Nicolas Boukrief, co-scénariste de La Haine et Assassin(s), apparaît dans Jakob le menteur (1999) réalisé par son père, Peter Kassovitz, et triomphe dans Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (Jean-Pierre Jeunet, 2001) dans lequel il interprète Nino Quincampoix, curieux employé de sex-shop et collectionneur de Photomatons dont l'héroïne (Audrey Tautou) s'éprend. Sur un registre plus grave, il incarne dans Amen. (Costa-Gavras, 2002) un jeune jésuite idéaliste servant d'intermédiaire auprès du Vatican à un officier SS qui cherche à prévenir le pape du génocide en cours.
Il est engagé par Steven Spielberg pour Munich (2005) : il y est un fabriquant de jouets devenu l'artificier du commando du Mossad chargé de punir les terroristes palestiniens de l'organisation Septembre Noir en 1972. Il apparaît brièvement dans deux films du duo Gustave Kervern-Benoît Delépine, qu'il produit à travers la société MNP : Avida (2006) et Louise-Michel (2008). Mari d'une Juliette Binoche amnésique dans La Vie d'une autre (Sylvie Testud, 2012), il défie le flic Daniel Auteuil dans le polar Le Guetteur (Michele Placido, 2012).
Autres activités
En 1990, Mathieu Kassovitz réalise un clip pour le chanteur Tonton David, Peuple du monde et en 2008 celui de XY pour Kery James. Il a également tourné un clip dans le cadre d'une campagne contre le sida. En 1999, il fonde avec les réalisateurs Luc Besson et Jan Kounen une société de production, 1B2K, puis MNP.
Prix
- Meilleure interprétation masculine, 1997 au Prix Jean Gabin pour le film : Un héros très discret
- Meilleur montage, 1996 au Césars du Cinéma Français pour le film : La Haine
- Prix de la mise en scène, 1995 au Festival International du Film (Cannes) pour le film : La Haine
- Meilleur espoir masculin, 1994 au Césars du Cinéma Français pour le film : Regarde les hommes tomber
- Meilleur espoir masculin, 1993 au Festival du Film (Paris) pour le film : Métisse
- Meilleur espoir masculin, 1993 au Festival du Jeune Comédien de Cinéma (Béziers) pour le film : Métisse