Emmanuelle Riva
Interprète

Naissance
24 février 1927 à Cheniménil (Vosges, France)
Etat civil
Paulette Riva
Décès
27 janvier 2017 à Paris (France)

Formation

Alors que ses parents la destinent au métier de couturière, Emmanuelle Riva réussit le concours d'entrée au Centre d'art dramatique de la rue Blanche. Elle vient à Paris en 1953 et est prise sous son aile par Jean Meyer, un des grands noms de la Comédie Française, séduit par son intensité. Elle commence peu après une carrière théâtrale, se faisant remarquer dans des pièces de George Bernard Shaw, Henri Bernstein, Georges Bernanos, Racine ou Dominique Roli.

Carrière au cinéma

Etonnante carrière que celle de cette actrice au jeu singulier révélée en 1958 par son rôle mythique dans Hiroshima mon amour, un peu perdue de vue par la suite et ressuscitée de manière éblouissante cinquante-cinq ans plus tard par Amour de Michael Haneke !
Emmanuelle Riva a 30 ans lorsqu'elle est remarquée sur scène par Alain Resnais qui la choisit immédiatement pour le rôle principal de son premier film de fiction, Hiroshima mon amour (1958). Elle se distingue par un jeu intériorisé, riche d'émotion et de vérité, et une voix douloureuse qui révèle toute la poésie des textes de Marguerite Duras. Son rôle en fait une héroïne populaire dans le monde entier, mais il est aussi un boulet pour la suite de sa carrière tant il marque celle-ci.
Désignée souvent comme une actrice " intellectuelle ", elle contribue à cette image en refusant le statut de vedette et en montrant une grande exigence dans ses choix artistiques. Elle trouve des rôles à sa mesure, le plus souvent de femme passionnée, dans Le Huitième jour (1959) de Marcel Hanoun, dans Léon Morin, prêtre (1961) de Jean-Pierre Melville (où elle interprète une veuve athée amoureuse d'un religieux incarné par Jean-Paul Belmondo) et surtout dans Thérèse Desqueyroux (1962) de Georges Franju qui lui vaut un prix d'interprétation à Venise.
Elle retrouve Franju en 1965 pour Thomas l'imposteur où elle incarne une comtesse s'improvisant ambulancière durant la guerre de 14 et s'éprenant d'un jeune imposteur, d'après un scénario de Jean Cocteau.
En Italie, les metteurs en scène s'intéressent aussi à elle : Antonio Pietrangeli en fait une prostituée dans Adua et ses compagnes (1960), tandis que Gillo Pontecorvo lui offre le personnage écrasant d'une prisonnière juive d'un camp de concentration dans le terrible Kapo (id.). Cette succession de grands rôles marquants et de succès s'achève sur Les Risques du métier d'André Cayate, où elle incarne la courageuse épouse d'un enseignant (Jacques Brel) accusé de viol par un de ses élèves.
Son exigence artistique lui fait ensuite refuser de nombreux films qu'elle juge trop commerciaux ou sans intérêt, préférant se risquer dans des aventures plus avant-gardistes (sous la direction d'Arrabal, de Dominique Delouche ou de Sotha) ou retourner au théâtre. Si Jean-Pierre Mocky lui offre un savoureux second rôle dans Y a-t-il un Français dans la salle ? (1982), ce sont deux auteurs majeurs du cinéma d'art et essai qui la remettent à l'honneur : Marco Bellocchio dans Les Yeux, la bouche (1982) et Philippe Garrel dans Liberté, la nuit (1983).
Après quelques seconds rôles, en 1991, elle retrouve un magnifique personnage de premier plan, celui d'une mère indigne, toujours séductrice et farouchement attachée aux plaisirs de la vie dans le méconnu Loin du Brésil, premier film du dramaturge Tilly. Krzsztof Kieslowski (Trois couleurs : Bleu, 1993), Aline Issermann (L'Ombre d'un doute, 1993), Tonie Marshall (Vénus beauté (institut), 1999), Pascal Bonitzer (Le Grand Alibi, 2008), Julie Delpy (Le Skylab, 2011) ou Brigitte Roüan (Tu honoreras ta mère et ta mère, 2013) font appel à sa grande liberté de jeu et lui confient de petits rôles dans des registres exrêmement divers (comédie, drame, policier...) où elle brille à chaque fois.
C'est pourtant sa rencontre avec le cinéaste autrichien Michael Haneke qui marque son grand retour, rappelant à tous l'originalité de son talent et provocant une incroyable reconnaissance internationale pour une comédienne de 85 ans. Dans Amour (2012), elle joue Anne, une ancienne professeure de musique vivant seule avec son mari, et qui va être victime d'une attaque cérébrale après laquelle elle va glisser longuement vers la déchéance (perte de son autonomie, de la parole, de l'envie de vivre...) et la mort, accompagnée par son époux. Son interprétation magistrale de ce rôle terrible et magnifique lui vaut un César de la meilleure actrice, un BAFTA, un Prix du cinéma européen, un Prix Lumière, une Palme d'or partagée avec le film et son partenaire (Jean-Louis Trintignant) sans oublier une nomination à l'Oscar !

Autres activités

Emmanuelle Riva a plusieurs fois tourné pour la télévision, reprenant dans La Fin de la nuit (Albert Riera, 1966), le personnage de Thérèse Desqueyroux, ou incarnant la mère de Rimbaud dans L'Homme aux semelles de vent (Marc Rivière, 1995). Elle se produit régulièrement au théâtre, auss bien dans des oeuvres contemporaines (Pinter, Copi, Nathalie Sarraute, Tilly...) que dans des classiques (Shakespeare, Tourgueniev, Pirandello, Molière ou Euripide, dont Médée, en 2001, dirigé par Jacques Lassalle, sera sa dernière pièce : elle y joue le choeur face à Isabelle Huppert). Elle a également publié trois recueils de poèmes.

Prix

Périodiques

Courts métrages

en tant que : Interprète

1969 Modification (La) Michel Worms
1982 Dérapage Marie-Christine Questerbert

Longs métrages

en tant que : Interprète

1958 Grandes familles (Les) Denys de La Patellière
1958 Hiroshima, mon amour Alain Resnais
1959 Huitième jour (Le) Marcel Hanoun
1959 Recours en grâce Lazslo Benedek
1960 Adua e le compagne
Adua et ses compagnes
Antonio Pietrangeli
1960Kapo Gillo Pontecorvo
1961 Climats Stellio Lorenzi
1961 Léon Morin prêtre Jean-Pierre Melville
1962Ore dell' amore (Le)
Les Heures de l'amour
Luciano Salce
1962 Thérèse Desqueyroux Georges Franju
1963 Gros coup (Le) Jean Valère
1964 Coup de grâce (Le) Claude Durand, Jean Cayrol
1964 Or et le plomb (L') Alain Cuniot
1964 Thomas l'imposteur Georges Franju
1965 Io uccido, tu uccidi Gianni Puccini
1966 Désordre a vingt ans (Le) Jacques Baratier
1966 Fruits amers Jacqueline Audry
1967 Risques du métier (Les) André Cayatte
1969Eiko no 5000 kiro Koreyoshi Kurahara
1969 Homme de désir (L') Dominique Delouche
1971 Portes de feu (Les) Claude Bernard-Aubert
1973 J'irai comme un cheval fou Arrabal
1974 Ariane Pierre-Jean de San Bartolomé
1974 Au long de la rivière Fango Sotha
1975 Diable au coeur (Le) Bernard Queysanne
1975Mort de l'utopie (La) Jorge Amat
1979Règlement intérieur (Le) Michel Vuillermet
1980 Jeux de la comtesse Dolingen de Gratz (Les) Catherine Binet
1982 Occhi, la bocca (Gli)
Les Yeux, la bouche
Marco Bellocchio
1982 Y a-t'il un Français dans la salle ? Jean-Pierre Mocky
1983 Liberté la nuit Philippe Garrel
1983 Un homme à ma taille Annette Carducci
1987 Funny boy Christian Le Hémonet
1988Niezwykla podróz Baltazara Kobera
Les Tribulations de Balthazar Kober
Wojciech Has
1989Passion de Bernadette (La) Jean Delannoy
1990 Pour Sacha Alexandre Arcady
1991 Loin du Brésil Tilly
1992 Ombre du doute (L') Aline Issermann
1992 Trois couleurs bleu Krzysztof Kieslowski
1994 Dieu, l'amant de ma mère et le fils du charcutier Aline Issermann
1996 Capitaine au long cours Bianca Conti Rossini
1996 XXL Ariel Zeïtoun
1998 Vénus beauté (institut) Tonie Marshall
2001 C'est la vie Jean-Pierre Améris
2002 Eros thérapie Danièle Dubroux
2003 Vert paradis Emmanuel Bourdieu
2005 Mon fils à moi Martial Fougeron
2007 Grand alibi (Le) Pascal Bonitzer
2008 Un homme et son chien Francis Huster
2010 Skylab (Le) Julie Delpy
2011 Amour Michael Haneke
2011 Tu honoreras ta mère et ta mère Brigitte Roüan
2012 Michael Haneke - Porträt eines Film-Handwerkers
Michael Haneke, profession réalisateur
Yves Montmayeur
2015 Marie et les naufragés Sébastien Betbeder
2015 Paris pieds nus Dominique Abel, Fiona Gordon