Isabelle Huppert s'intéresse très tôt au monde du spectacle. Sa mère les emmène souvent, ses trois soeurs et elle, au théâtre. Après l'obtention de son baccalauréat, elle intègre le conservatoire de Versailles, puis le Conservatoire National de Paris. Elle travaille au théâtre avec les metteurs en scène Robert Hossein et Antoine Vitez, avant de débuter à la télévision dans des rôles de figuration.
Actrice prolifique, Isabelle Huppert a construit sa carrière exceptionnelle sur son charme, mais sutout sur son talent, son jeu distancié et dépouillé, sa capacité d'adaptation aux univers les plus variés et la rigueur de choix qui l'ont fait tourner avec un nombre impressionnant de grands auteurs internationaux.
Elle débute à l'écran en 1971 avec un petit rôle dans Faustine et le bel été de Nina Companeez et enchaîne des rôles secondaires marquants : la campeuse violée et assassinée de Dupont Lajoie (Yves Boisset, 1974), la soeur cadette de Romy Schneider dans César et Rosalie (Claude Sautet, 1972), l'adolescente en révolte croisant la route des deux héros des Valseuses (Bertrand Blier, 1974) ou la maîtresse de Philippe Noiret dans Le Juge et l'Assassin (Bertrand Tavernier, 1976).
Dans La Dentellière (1977) de Claude Goretta, elle incarne une jeune fille qui, confrontée à un amour rendu impossible par le fossé social, se mure dans le silence. Pour l'actrice, c'est l'occasion de montrer son aptitude à susciter l'émotion. Changement de registre avec Violette Nozière (1978) de Claude Chabrol, qui deviendra son réalisateur fétiche : sa prestation dans le rôle d'une jeune fille parricide est récompensée au Festival de Cannes. Dès lors, les personnages qu'elle campe sont souvent des êtres pervers, cachant derrière une apparente innocence leur duplicité, telle la nymphomane meurtrière d'Eaux profondes (1981) de Michel Deville.
Avec Les Soeurs Brontë (André Téchiné, 1979), face à Isabelle Adjani et Marie-France Pisier, elle devient une héroïne romantique dans un film en costumes, emploi qu'elle reprendra dans plusieurs adaptations littéraires telles La Dame aux camélias (Mauro Bolognini, 1981), Madame Bovary (Claude Chabrol, 1991), Les Affinités électives (Paolo et Vittorio Taviani, 1996), Les Destinées sentimentales (Olivier Assayas, 2000) ou Gabrielle (Patrice Chéreau, 2005).
Tout en tournant des films âpres avec les auteurs français les plus exigeants - Maurice Pialat (Loulou, 1980), Jean-Luc Godard (Sauve qui peut (la vie), 1980 ; Passion, 1982), Jacques Doillon (La Vengeance d'une femme, 1990) -, elle connaît dans le même temps de grands succès populaires avec Coup de torchon (Bertrand Tavernier, 1981) Coup de foudre (Diane Kurys, 1982) ou les comédies La Femme de mon pote (Bertrand Blier, 1983) et Sac de noeuds (Josiane Balasko, 1985).
Elle travaille également souvent avec des réalisateurs étrangers, notamment Michael Cimino pour son western monumental (et catastrophique au box-office), La Porte du paradis (1979), Marco Ferreri (Histoire de Piera, 1982), Andrzej Wajda (Les Possédés, 1988), Joseph Losey (La Truite, 1982), Werner Schroeter (Malina, 1991), Hal Hartley (Amateur, 1994), le Cambodgien Rithy Panh (Un barrage contre le Pacifique, 2008), le Coréen Hong Sang-soo (In Another Country, 2012) ou le Philippin Brillante Mendoza (Captive, 2012).
En 1988, Claude Chabrol lui offre un de ses plus beaux rôles, celui d'une faiseuse d'anges durant l'Occupation, dans Une affaire de femmes, qui la consacre au Festival de Venise. C'est aussi grâce à lui qu'elle remporte son unique César pour son rôle de postière criminelle dans La Cérémonie (1995). Leur septième et dernière collaboration sera, en 2006, L'Ivresse du pouvoir (2006), variation sur Elf où elle joue un juge d'instruction inspiré d'Eva Joly.
Isabelle Huppert prouve de film en film qu'elle peut tout interpréter. A l'aise dans les drames comme dans les comédies, elle passe de la femme fragile à la criminelle. Fidèle à ses réalisateurs favoris (dont Benoît Jacquot : Les Ailes de la colombe, 1980 ; L'Ecole de la chair et La Fausse suivante, 1998 ; Pas de scandale, 1999 ; Villa Amalia, 2009), elle tourne également avec de jeunes réalisateurs tels Patricia Mazuy, incarnant Madame de Maintenon dans Saint-Cyr (1999). Laurence Fereira Barbosa (La Vie moderne, 2000), Olivier Dahan (La Vie promise (2002), Christophe Honoré (Ma mère, 2004), Joachim Lafosse (Nue propriété, 2006), Ursula Meier (Home, 2008), Marc Fitoussi (Copacabana, 2010), Guillaume Nicloux (La Religieuse, 2013)... font eux aussi partie des jeunes cinéastes qu'elle a soutenu durant cette période.
A l'aube des années 2000, elle confirme l'étendue de son registre en enchaînant La Pianiste (2001) - film dérangeant de Michael Haneke où sa performance de professeur de piano succombant à ses pulsions sado-masochistes lui vaut une nouvelle consécration à Cannes - et le triomphe de la comédie Huit femmes (2002) de François Ozon, dans lequel sa métamorphose en vieille fille revêche réjouit spectateurs et critiques.
Elle récidivera sur le mode comique qu'elle affectionne, toujours avec succès, avec Les Soeurs fâchées (Alexandra Leclère, 2004) ou Mon pire cauchemar (Anne Fontaine, 2011). Elle retrouve Haneke en 2002 pour Le Temps du loup puis, pour le rôle secondaire de la fille de Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, pour Amour (2012). Et c'est au même Haneke qu'en 2009, présidente du jury du Festival de Cannes, elle remet la Palme d'or pour son Ruban blanc.
Au théâtre, Isabelle Huppert interprète Molière, Musset, Tourgueniev, Shakespeare, ou plus récemment Claudel, Virginia Woolf , Heiner Müller ou Sarah Kane, toujours sous la direction de metteurs en scène aussi renommés qu'audacieux et exigeants : Bob Wilson, Claude Régy, Krzysztof Warlikowski, Jacques Lassalle... Elle connaît notamment un grand succès sur les planches en prêtant ses traits à la Médée d'Euripide en 2000.
A la télévision, ses apparitions sont peu fréquentes. On compte tout de même parmi elles Madame Baptiste, une adaptation d'un conte de Maupassant par Claude Santelli (1974) et un épisode de la série américaine New York, unité spéciale (2009).
En 2001, elle enregistre en compagnie de Jean-Louis Murat un disque en hommage à une femme écrivain du XVIIème siècle, Madame Deshoulières.
1982 | Passion, le travail et l’amour : Introduction à un scénario ou Troisième état du scénario du film Passion | Jean-Luc Godard |
2016 | Verhoeven Versus Verhoeven [Paul Verhoeven Cinéaste de la Provocation] | Elisabeth Van Zijll Langhout |
2004 | Soeurs fâchées (Les) | Alexandra Leclère |
1971 | Faustine et le bel été | Nina Companeez |
1972 | Bar de la Fourche (Le) | Alain Levent |
1972 | César et Rosalie | Claude Sautet |
1973 | Ampélopède (L') | Rachel Weinberg |
1973 | Valseuses (Les) | Bertrand Blier |
1974 | Aloïse | Liliane de Kermadec |
1974 | Dupont Lajoie | Yves Boisset |
1974 | Grand délire (Le) | Dennis Berry |
1974 | Rosebud | Otto Preminger |
1974 | Sérieux comme le plaisir | Robert Benayoun |
1975 | Docteur Françoise Gailland | Jean-Louis Bertuccelli |
1975 | Je suis Pierre Rivière | Christine Lipinska |
1975 | Juge et l'assassin (Le) | Bertrand Tavernier |
1975 | Petit Marcel (Le) | Jacques Fansten |
1976 | Dentellière (La) | Claude Goretta |
1976 | Indiens sont encore loin (Les) | Patricia Moraz |
1977 | Des enfants gâtés | Bertrand Tavernier |
1977 | Violette Nozière | Claude Chabrol |
1978 | Retour à la bien-aimée | Jean-François Adam |
1978 | Soeurs Brontë (Les) | André Téchiné |
1979 | Heaven's Gate La Porte du paradis | Michael Cimino |
1979 | Loulou | Maurice Pialat |
1979 | Örökség Les Héritières | Márta Mészáros |
1979 | Sauve qui peut (la vie) | Jean-Luc Godard |
1980 | Ailes de la colombe (Les) | Benoît Jacquot |
1980 | Dame aux camélias (La) | Mauro Bolognini |
1981 | Coup de torchon | Bertrand Tavernier |
1981 | Eaux profondes | Michel Deville |
1981 | Passion | Jean-Luc Godard |
1981 | Voyage à travers un film (Sauve qui peut (la vie)) [TV] | Jean-Luc Godard |
1982 | Coup de foudre | Diane Kurys |
1982 | Storia di Piera L'Histoire de Pierra | Marco Ferreri |
1982 | Truite (La) | Joseph Losey |
1983 | Femme de mon pote (La) | Bertrand Blier |
1983 | Garce (La) | Christine Pascal |
1984 | Sac de noeuds | Josiane Balasko |
1984 | Signé Charlotte | Caroline Huppert |
1985 | Cactus | Paul Cox |
1986 | Bedroom Window (The) Faux témoin | Curtis Hanson |
1987 | Migrations | Aleksandar Petrovic |
1987 | Milan noir | Ronald Chammah |
1987 | Possédés (Les) | Andrzej Wajda |
1988 | Une affaire de femmes | Claude Chabrol |
1989 | Vengeance d'une femme (La) | Jacques Doillon |
1990 | Madame Bovary | Claude Chabrol |
1990 | Malina | Werner Schroeter |
1991 | Après l'amour | Diane Kurys |
1991 | Contre l'oubli : Archana Guha (Inde) | Francis Girod |
1992 | Navodneniye L'Inondation | Igor Minaiev |
1993 | Amateur | Hal Hartley |
1994 | Séparation (La) | Christian Vincent |
1995 | Affinità elettive (Le) Les Affinités électives | Vittorio Taviani, Paolo Taviani |
1995 | Cérémonie (La) | Claude Chabrol |
1995 | Lumière et compagnie | Sarah Moon, Patrice Leconte, Gabriel Axel, [etc.] |
1995 | Poussières d'amour | Werner Schroeter |
1996 | Palmes de M. Schutz (Les) | Claude Pinoteau |
1996 | Rien ne va plus | Claude Chabrol |
1998 | Ecole de la chair (L') | Benoît Jacquot |
1999 | Comédie de l'innocence | Raoul Ruiz |
1999 | Destinées sentimentales (Les) | Olivier Assayas |
1999 | Fausse suivante (La) | Benoît Jacquot |
1999 | Pas de scandale | Benoît Jacquot |
1999 | Saint-Cyr | Patricia Mazuy |
1999 | Vie moderne (La) | Laurence Ferreira Barbosa |
2000 | Klavierspielerin (Die) La Pianiste | Michael Haneke |
2000 | Merci pour le chocolat | Claude Chabrol |
2001 | Deux | Werner Schroeter |
2001 | Huit femmes | François Ozon |
2001 | Vie promise (La) | Olivier Dahan |
2002 | Temps du loup (Le) | Michael Haneke |
2003 | I Heart Huckabees J'adore Huckabees | David O. Russell |
2003 | Ma mère | Christophe Honoré |
2004 | Gabrielle | Patrice Chéreau |
2004 | Soeurs fâchées (Les) | Alexandra Leclère |
2005 | Ivresse du pouvoir (L') | Claude Chabrol |
2006 | Madre e ossa L'Amour caché | Alessandro Capone |
2006 | Nue propriété | Joachim Lafosse |
2007 | Fantastic Mr. Fox | Wes Anderson |
2007 | Home | Ursula Meier |
2007 | Médée miracle | Tonino De Bernardi |
2007 | Un barrage contre le Pacifique | Rithy Panh |
2007 | White material | Claire Denis |
2008 | Copacabana | Marc Fitoussi |
2008 | Villa Amalia | Benoît Jacquot |
2009 | Sans queue ni tête | Jeanne Labrune |
2009 | Traversée du désir (La) | Arielle Dombasle |
2010 | Dubaï Flamingo | Delphine Kreuter |
2010 | Mon pire cauchemar | Anne Fontaine |
2010 | My little princess | Eva Ionesco |
2011 | Amour | Michael Haneke |
2011 | Captive | Brillante Mendoza |
2011 | Da-reun na-ra-e-suh In another country | Sang-soo Hong |
2011 | Lignes de Wellington (Les) | Valeria Sarmiento |
2012 | Abus de faiblesse | Catherine Breillat |
2012 | Bella addormentata La Belle endormie | Marco Bellocchio |
2012 | Dead Man Down | Niels Arden Oplev |
2012 | Michael Haneke - Porträt eines Film-Handwerkers Michael Haneke, profession réalisateur | Yves Montmayeur |
2012 | Religieuse (La) | Guillaume Nicloux |
2012 | Tip top | Serge Bozon |
2013 | Disappearance of Eleanor Rigby (The) | Ned Benson |
2013 | Ritournelle (La) | Marc Fitoussi |
2014 | Louder Than Bombs Back home | Joachim Trier |
2014 | Valley of love | Guillaume Nicloux |
2015 | Asphalte | Samuel Benchetrit |
2015 | Avenir (L') | Mia Hansen-Løve |
2015 | Elle | Paul Verhoeven |
2015 | Souvenir | Bavo Defurne |
2015 | Tout de suite maintenant | Pascal Bonitzer |
2016 | Barrage | Laura Schroeder |
2016 | Ce qui nous éloigne | Wei Hu |
2016 | Happy end | Michael Haneke |
2016 | Keul-le-eo-ui Ka-me-la La Caméra de Claire | Sang-soo Hong |
2016 | Madame Hyde | Serge Bozon |
2016 | Marvin ou la belle éducation | Anne Fontaine |
2017 | Eva | Benoît Jacquot |
2017 | Greta | Neil Jordan |
2017 | Isle of Dogs L'Ile aux chiens | Wes Anderson |
2017 | Lucida follia di Marco Ferreri (La) | Anselma Dell'Olio |
2017 | Une jeunesse dorée | Eva Ionesco |
2018 | Blanche comme neige | Anne Fontaine |
2018 | Daronne (La) | Jean-Paul Salomé |
2018 | Frankie | Ira Sachs |
2020 | Promesses (Les) | Thomas Kruithof |
2021 | EO [Hi-han] | Jerzy Skolimowski |