Formation
Julie Delpy est une enfant de la balle. Elle figure de temps en temps au côté de ses parents dans les spectacles de Fernando Arrabal, de Copi ou de Roland Topor. A l'âge de neuf ans, elle a l'occasion de passer au grand écran où elle figure dans un épisode de Guerre civile en France de Joël Farges (1976).
Carrière au cinéma
Jean-Luc Godard est le premier cinéaste à repérer l'adolescente fragile qui se présente au casting de Détective (1984). Il l'emploie aussitôt, lui prévoyant un grand avenir. Léos Carax révèle à son tour cette beauté juvénile en lui proposant d'incarner un ange pervers dans Mauvais sang (1986) ; sa prestation lui vaut une nomination au César du meilleur espoir féminin.
Bertrand Tavernier lui offre son premier grand rôle - celui de la fille bafouée d'un cruel seigneur du Moyen Âge - dans La passion Béatrice (1987). Après avoir une nouvelle fois connu la caméra de Godard (King Lear, 1987), Julie Delpy continue à jouer les héroïnes sombres dans L'autre Nuit de Jean-Pierre Limosin (1988). Puis elle est réclamée par des réalisateurs européens de renom : Carlos Saura (La nuit obscure, 1989), Agniezka Holland (Europa-Europa, 1990), Volker Schlöndorff (The voyager 1990), Krzysztof Kieslowski qui l'emploie pour trois rôles dans son cycle Trois couleurs en 1992 et 1993.
La jeune femme décide de s'installer aux Etats-Unis pour y faire des études de cinéma et poursuivre sa carrière, mais ses débuts y sont difficiles. Elle apparaît dans Killing Zoe de Roger Avary (1993), un polar chargé en hémoglobine dans lequel elle interprète une jeune étudiante des Beaux-Arts qui se prostitue occasionnellement et finit comme otage lors d'un hold-up. Le succès du film reste modeste. Elle joue Constance dans un énième remake du roman d'Alexandre Dumas, Les trois mousquetaires, réalisé par Stephen Herek en 1993, puis tourne dans Before sunrise (1994) de Richard Linklater - une histoire d'amour dans un train entre une Française et un Américain - qui retient l'attention des critiques mais pas du public. L'échec commercial de Tykho moon d'Enki Bilal (1995), où elle est une putain tueuse, est un nouveau coup dur pour celle qui était promise à une grande carrière en Europe.
Après avoir tourné dans des petits films, Julie Delpy revient sur le devant de la scène avec Le loup-garou de Paris (1996) d'Anthony Waller, une comédie fantastique et vivifiante dans laquelle elle interprète Séraphine, un ravissant loup-garou femelle que l'amour délivrera d'une damnation prétendue éternelle. Infatigable travailleuse, l'actrice ambitionne à nouveau de travailler avec les plus grands aux Etats-Unis ou en Europe. Mais c'est aussi le moment où elle décide de passer à la réalisation : après un court métrage en 1995, Julie Delpy écrit et tourne en 1998 Looking for Jimmy, dans lequel elle tient également le premier rôle ; dans cette comédie dramatique, à la caméra réaliste, le scénario qui fait partir deux amis à la recherche d'un troisième est un prétexte à un road movie décalé dans l'Amérique contemporaine. Les années qui suivent la font apparaître dans des films indépendants et peu conséquents.
En 2003 Richard Linklater tourne Before sunset (la suite de Before sunrise), dont Julie Delpy co-écrit le scénario (scénario nominé à l'Oscar) ; neuf ans ont passé mais la fusion opère toujours entre Jesse et Céline qui se retrouvent par hasard à Paris. Trois ans plus tard, Julie Delpy s'attelle à un second long métrage : Two days in Paris, une romance atypique où elle partage l'affiche avec Adam Goldberg ; loin de la comédie romantique classique, la réalisatrice introduit un humour mordant et une liberté de ton, si bien que les critiques comparent son travail au style de Woody Allen... Julie Delpy qui a décidément pris goût à la réalisation, tourne Comtesse en 2008, où elle ressuscite la Hongrie du XVIe siècle et la célèbre comtesse Bathory. La reconstitution historique est saluée par la critique, ainsi que la personnalité complexe et sulfureuse de la Bathory qu'a su percer la réalisatrice, entre la grande passion amoureuse, la peur panique de la vieillesse et la folie meurtrière.
Il faut désormais compter Julie Delpy au rang de réalisatrice à part entière. En 2010 elle signe Le Skylab, une joyeuse comédie familiale qui ressuscite l'été 1979 (lorsqu'un satellite menaça de s'écraser en Bretagne). Julie Delpy fait revivre sa propre enfance et ses vacances en famille, avec son lot de situations qui pourraient être des clichés mais qui, traités avec délicatesse, donne au film un doux ton universel. La cinéaste poursuit les aventures de la Marion de Two days in Paris dans Two days in New York (2010), l'humour, l'absurde et la loufoquerie sont les moteurs de ce film tonique où l'héroïne, installée à New York, reçoit la visite de son père, de sa sœur et de son ex.
Autres activités
Julie Delpy enregistre un album en 2003 et compose les musiques de ses films.
Prix
- Meilleur scénario, 2013 au NSFC Award - National Society of Film Critics Awards pour le film : Before midnight
- Meilleur scénario, 2013 au Los Angeles Film Critics Association Awards pour le film : Before midnight