Micheline Chassagne fait ses débuts au cinéma comme figurante à l'âge de 15 ans, en 1937, dans La Fessée de Pierre Caron. Elle enchaîne aussitôt avec Je chante (1938) de Christian Stengel, avec Charles Trenet, puis avec La Petite Peste (1938) de Jean de Limur. Elle s'inscrit au cours d'art dramatique de Raymond Rouleau, elle se fait remarquer pour un des rôles principaux de Jeunes filles en détresse (1939) de Georg Wilhelm Pabst, où elle joue Jacqueline Presle : elle adopte alors le pseudonyme de Micheline Presle.
Pour Micheline Presle, le triomphe est au rendez-vous avec Paradis perdu (1939) d'Abel Gance, somptueux mélodrame dont, dans un double rôle, elle partage la vedette avec Fernand Gravey.
Désormais vedette, l'actrice tourne sans interruption pendant l'Occupation sous la direction de Marc Allégret, Pierre Billon, Pierre Blanchar ou Marcel L'Herbier, celui-ci reformant le couple qu'elle formait avec Fernand Gravey dans Histoire de rire (1941) puis La Nuit fantastique (1942). Sa composition de jeune provinciale de la Belle Epoque devenant reine de la scène illumine Félicie Nanteuil (Marc Allégret, 1942) mais c'est Falbalas (1944) de Jacques Becker qui impose définitivement son talent et son statut, en premier véritable amour et muse d'un créateur de mode joué par son ancien professeur de théâtre, Raymond Rouleau.
Elle s'impose de la même manière en prostituée généreuse et courageuse dans l'adaptation par Christian-Jaque de Boule de suif de Maupassant. Sa popularité est telle qu'elle peut choisir le sujet de son nouveau film et l'équipe qui le mettra en oeuvre : elle opte pour Le Diable au corps (1947) de Raymond Radiguet, confié à Claude Autant-Lara. Elle impose Gérard Philipe pour incarner son jeune amant. Jean Boyer les réunit à nouveau pour Tous les chemins mènent à Rome (1949) juste avant que l'actrice ne parte effectivement pour l'Italie tourner un péplum sous la direction de Marcel L'Herbier, Les Derniers Jours de Pompéi (1950).
Durant trois ans, elle tente l'aventure à Hollywood et participe à plusieurs films aux côtés de grandes stars, dont John Garfield pour La Belle de Paris (Jean Negulesco, 1950), Tyrone Power pour Guérillas (Fritz Lang, 1950), et Errol Flynn pour La Taverne de la Nouvelle-Orléans (William Marshall, Robert Florey, 1951).
A son retour en Europe, Micheline Presle ne retrouve pas de rôles aussi denses qu'à ses débuts. Elle est pourtant la belle Marguerite Gauthier de La Dame aux camélias (1953) de Raymond Bernard et la jeune femme médecin installée dans l'île d'Ouessant de L'Amour d'une femme (1953) de Jean Grémillon. Sacha Guitry, lui, l'engage pour deux de ses fresques historiques, lui confiant les figures de Madame de Pompadour dans Si Versailles m'était conté (1954) et de Hortense de Beauharnais dans Napoléon (1955).
Elle profite de cette raréfaction des propositions intéressantes pour s'essayer à la comédie légère, sa fantaisie faisant immédiatement merveille dans Treize à table (André Hunebelle, 1955), La mariée est trop belle (Pierre Gaspard-Huit, 1956) et surtout Le Baron de l'écluse (Jean Delannoy, 1960). Les rôles les plus marquants de la période viennent de l'étranger, que ce soit d'Angleterre (l'élégante française victime d'un crime de L'Enquête de l'inspecteur Morgan (Joseph Losey, 1959) ou d'Italie (la bourgeoise entretenant des gigolos de L'Assassin, Elio Petri, 1961). Elle tourne aussi en Allemagne (le film d'aventures Les Mystères d'Angkor, William Dieterle, Richard Angst, 1960) et partage l'affiche du film d'espionnage américain Pas de lauriers pour les tueurs (Mark Robson, 1963) avec Paul Newman et Elke Sommer.
En France, alors que la Nouvelle Vague l'ignore, Jacques Demy l'engage pour son sketch des Sept péchés capitaux (1962) : c'est la première de leurs collaborations puisqu'il fera de nouveau appel à elle pour incarner la reine de Peau d'Âne (1970) et l'hilarante doctoresse de L'Evénement le plus important depuis que l'homme a marché sur la lune (1973). Jacques Rivette à son tour lui confie un rôle, la mère supérieure de sa Religieuse (1966).
Très occupée par la série télévisée Les Saintes chéries qui lui vaut un incroyable regain de popularité, elle ne revient au cinéma qu'en 1970. Si elle participe à une nouvelle adaptation d'un roman de Radiguet, Le Bal du comte d'Orgel (Marc Allégret, 1970), cette cinéphile toujours curieuse devient surtout l'accompagnatrice attentive de jeunes cinéastes et d'expériences inattendues.
Désormais cantonnée à des seconds rôles savoureux, elle s'amuse dans les comédies populaires de Jean Girault (Deux grandes filles dans un pyjama, 1974) ou de Jean Yanne (Je te tiens, tu me tiens par la barbichette, 1979) sans négliger de soutenir les aventures de Guy Gilles (Le Clair de terre, 1970), Claude d'Anna (Le miroir éclate, 1975) ou de Jérôme Savary, dont elle a aussi accompagné les expérimentations théâtrales (Le Boucher, la Star et l'Orpheline, 1975).
Parmi les jeunes cinéastes qui la sollicitent, Jacques Davila lui confie le rôle principal de Certaines nouvelles (1980), jolie chronique d'un week-end en Algérie sur fond de guerre. Davila fait à nouveau appel à elle pour son sketch d'Archipel des amours (1983) et pour Qui trop embrasse... (1986) tandis que Gérard Frot-Coutaz, autre jeune réalisateur issu de la mouvance de Paul Vecchiali, la transforme en réjouissante ménagère mariée à Claude Piéplu (et mère de Tonie Marshall, sa propre fille) pour Beau temps mais orageux en fin de journée (1986).
C'est une troisième cinéaste de la même famille, Marie-Claude Treilhou, qui offre à Micheline Presle l'un de ses derniers rôles en vedette dans Le Jour des rois (1991) dans lequel elle joue deux soeurs, et dont elle partage surtout la tête d'affiche avec deux autres gloires du cinéma français, Danielle Darrieux et Paulette Dubost.
Dans les innombrables participations qu'accumule alors dans tous les types de films cette insatiable comédienne - comédies à succès comme Chouchou (Merzak Allouache, 2003), premiers films (Les Âmes calines, Thomas Bardinet, 2001) ou films d'auteur (Plein sud, Sébastien Lifshitz, 2009)... -, on notera son rôl
Micheline Presle mène de front sa carrière au théâtre, jouant aussi bien Feydeau (La Puce à l'oreille, 1969) qu'Edward Albee (Qui a peur de Virginia Woolf ?, 1966), Copi (Good bye Mr Freud, 1974), que Colette (Gigi, 1984), Philippe Minyana (Boomerang ou le salon rouge (1990) qu'Eric-Emmanuel Schmitt (La Nuit des Valognes, 1991).
Elle multiplie les expériences pour la télévision : elle est en effet l'une des premières stars de cinéma à accepter de tourner une série, Les Saintes chéries (1965-1971) où son personnage de Parisienne fantasque et élégante mariée à Daniel Gélin lui vaut un énorme succès.
Elle tourne par ailleurs de nombreux téléfilms dont Message pour Margaret (Georges Lacombe, 1964), Assurance de mes sentiments les meilleurs (Marcel Bluwal, 1964), Le Révolver sous la pluie (François Chatel, 1972), Le Lever de rideau (Jean-Pierre Marchand, 1973), Les Bâtisseurs d'empire (Jaime Jaimes, 1974), Carte vermeil (Alain Levent, 1981), Les Disparus de Saint-Agil (Jean-Louis Benoît, 1990), Le Lien du sang (Pierre Lary, 1990), Point d'orgue (Paul Vecchiali, 1993), Les Yeux de Cécile (Jean-Pierre Denis, 1993), Le Voyage de Pénélope (Patrick Volson, 1996), Madame Dubois, hôtel Bellevue (Jean-Pierre Améris, 1997), Anna en Corse (Carole Giacobbi, 2000), La Double Vie de Jeanne (Henri Helman, 2000), La Vie au grand air (François Luciani, 2002), La Cliente (Pierre Boutron, 2004), Candidat libre (Jean-Baptiste Huber, 2007)...
Elle tient aussi des rôles récurrents dans quelques séries ou mini-séries telles Clochemerle (1972), La Vie de Marianne (1976), Le Flic de Moscou (1991), Le Comte de Monte-Christo (1999), Myster Mocky présente (2008)...
En 1994, elle écrit sa biographie, L'Arrière-mémoire.
1946 | Un drame au cirque | Marc Allégret |
1984 | Voyage d'Antoine (Le) | Christian Richelme |
1997 | Citron amer | Christiane Lack |
2011 | Main dans la main | Valérie Donzelli |
1937 | Fessée (La) | Pierre Caron |
1938 | Je chante | Christian Stengel |
1938 | Petite peste | Jean de Limur |
1939 | Jeunes filles en détresse | Georg Wilhelm Pabst |
1939 | Paradis perdu | Abel Gance |
1939 | Vous seule que j'aime | Henri Fescourt |
1940 | Comédie du bonheur (La) | Marcel L'Herbier |
1940 | Elles étaient douze femmes | Georges Lacombe |
1940 | Parade en sept nuits | Marc Allégret |
1940 | Une fausse alerte | Jacques de Baroncelli |
1941 | Histoire de rire | Marcel L'Herbier |
1941 | Nuit fantastique (La) | Marcel L'Herbier |
1941 | Soleil a toujours raison (Le) | Pierre Billon |
1942 | Belle aventure (La) | Marc Allégret |
1942 | Félicie Nanteuil | Marc Allégret |
1943 | Un seul amour | Pierre Blanchar |
1944 | Falbalas | Jacques Becker |
1945 | Boule de Suif | Christian-Jaque |
1946 | Diable au corps (Le) | Claude Autant-Lara |
1947 | Jeux sont faits (Les) | Jean Delannoy |
1948 | Derniers jours de Pompei (Les) | Marcel L'Herbier |
1948 | Tous les chemins mènent à Rome | Jean Boyer |
1949 | Under my Skin La Belle de Paris | Jean Negulesco |
1950 | American Guerrilla in the Philippines Guérillas | Fritz Lang |
1950 | Taverne de New Orleans (La) | William Marshall |
1952 | Dame aux camélias (La) | Raymond Bernard |
1953 | Amour d'une femme (L') | Jean Grémillon |
1953 | Si Versailles m'était conté | Sacha Guitry |
1953 | Villa Borghese Les Amants de Villa Borghese | Gianni Franciolini |
1954 | Casa ricordi La Maison du souvenir | Carmine Gallone |
1954 | Impures (Les) | Pierre Chevalier |
1954 | Napoléon | Sacha Guitry |
1955 | Treize à table | André Hunebelle |
1956 | Beatrice Cenci Le Château des amants maudits | Riccardo Freda |
1956 | Louves (Les) | Luis Saslavsky |
1956 | Mariée est trop belle (La) | Pierre Gaspard-Huit |
1957 | Femmes sont marrantes (Les) | André Hunebelle |
1958 | Bobosse | Etienne Périer |
1958 | Christine | Pierre Gaspard-Huit |
1959 | Baron de l'écluse (Le) | Jean Delannoy |
1959 | Blind Date L'Enquête de l'inspecteur Morgan | Joseph Losey |
1959 | Herrin der Welt Les Mystères d'Angkor | William Dieterle |
1959 | Une fille pour l'été | Edouard Molinaro |
1960 | Amant de cinq jours (L') | Philippe de Broca |
1960 | Assassino (L') Assassin | Elio Petri |
1960 | Grandes personnes (Les) | Jean Valère |
1961 | Briganti italiani (I) Les Guérilleros | Mario Camerini |
1961 | Sept péchés capitaux : La Luxure (Les) | Jacques Demy |
1962 | Diable et les dix commandements (Le) | Julien Duvivier |
1962 | If a Man Answers Un mari en laisse | Henry Levin |
1962 | Loi des hommes (La) | Charles Gérard |
1962 | Vénus impériale | Jean Delannoy |
1963 | Coup de bambou | Jean Boyer |
1963 | Intrigo (L') [Meurtre par accident] | Vittorio Sala |
1963 | Prize (The) Pas de lauriers pour les tueurs | Mark Robson |
1964 | Chasse à l'homme (La) | Edouard Molinaro |
1964 | Pieds nickelés (Les) | Jean-Claude Chambon |
1965 | Je vous salue mafia | Raoul Lévy |
1965 | Religieuse = Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot (La) | Jacques Rivette |
1966 | Roi de coeur (Le) | Philippe de Broca |
1967 | Cinéma du Diable - Regard sur le cinéma fantastique français (Le) | Marcel L'Herbier |
1969 | Bal du comte d'Orgel (Le) | Marc Allégret |
1969 | Clair de terre (Le) | Guy Gilles |
1970 | Peau d'Ane | Jacques Demy |
1971 | Diavolo nel cervello (Il) | Sergio Sollima |
1971 | Pétroleuses (Les) | Christian-Jaque |
1973 | Boucher, la star et l'orpheline (Le) | Jérôme Savary |
1973 | Evénement le plus important depuis que l'homme a marché sur la lune (L') | Jacques Demy |
1973 | Gueule de l'emploi (La) | Jacques Rouland |
1973 | Oiseau rare (L') | Jean-Claude Brialy |
1974 | Deux grandes filles dans un pyjama | Jean Girault |
1974 | Preda (La) L'Ile des passions | Domenico Paolella |
1974 | Trompe l'oeil | Claude d' Anna |
1975 | Mords pas, on t'aime = Rose et Frédéric | Yves Allégret |
1976 | Certaines nouvelles | Jacques Davila |
1976 | Diable dans la boîte (Le) | Pierre Lary |
1976 | Néa | Nelly Kaplan |
1977 | Va voir maman, papa travaille | François Leterrier |
1978 | Démons de midi | Christian Paureilhe |
1978 | Je te tiens, tu me tiens par la barbichette | Jean Yanne |
1978 | On efface tout | Pascal Vidal |
1978 | S'il vous plaît, la mer ? | Martine Lancelot |
1979 | Rien ne va plus ! | Jean-Michel Ribes |
1979 | Tout dépend des filles | Pierre Fabre |
1982 | Archipel des amours : Remue ménage | Jacques Davila |
1982 | Voleurs de la nuit (Les) | Samuel Fuller |
1983 | Chien (Le) | Jean-François Gallotte |
1983 | En haut des marches | Paul Vecchiali |
1983 | Sang des autres (Le) | Claude Chabrol |
1984 | Fausses confidences (Les) | Daniel Moosmann |
1985 | Beau temps mais orageux en fin de journée | Gérard Frot-Coutaz |
1986 | Qui trop embrasse | Jacques Davila |
1987 | Alouette je te plumerai | Pierre Zucca |
1987 | Mignon è partita Mignon est partie | Francesca Archibugi |
1988 | I want to go home | Alain Resnais |
1989 | Après après-demain | Gérard Frot-Coutaz |
1989 | Fête des pères (La) | Joy Fleury |
1990 | Jour des rois (Le) | Marie-Claude Treilhou |
1991 | Andere Blick (Der) | Johanna Heer, Werner Schmiedel |
1992 | Fanfan | Alexandre Jardin |
1992 | Je m'appelle Victor | Guy Jacques |
1993 | Casque bleu | Gérard Jugnot |
1993 | Pas très catholique | Tonie Marshall |
1994 | Misérables (Les) | Claude Lelouch |
1995 | Enfants de salaud | Tonie Marshall |
1995 | Journal du séducteur (Le) | Danièle Dubroux |
1995 | Mille et une recettes du cuisinier amoureux (Les) | Nana Djordjadze |
1996 | Fallait pas ! | Gérard Jugnot |
1997 | Grève party | Fabien Onteniente |
1998 | Coeur à l'ouvrage (Le) | Laurent Dussaux |
1998 | Mauvaises fréquentations | Jean-Pierre Améris |
1998 | Vénus beauté (institut) | Tonie Marshall |
1998 | Voyage à Paris (Le) | Marc-Henri Dufresne |
1999 | Charmant garçon | Patrick Chesnais |
2001 | Ames câlines (Les) | Thomas Bardinet |
2001 | Mauvais genres | Francis Girod |
2001 | Vertiges de l'amour | Laurent Chouchan |
2002 | Chouchou | Merzak Allouache |
2002 | France boutique | Tonie Marshall |
2002 | Saltimbank | Jean-Claude Biette |
2004 | Grabuge ! | Jean-Pierre Mocky |
2006 | Vous êtes de la police ? | Romuald Beugnon |
2007 | Musée haut, musée bas | Jean-Michel Ribes |
2008 | Plein sud | Sébastien Lifshitz |
2008 | Un homme et son chien | Francis Huster |
2009 | Hitler à Hollywood HH, Hitler à Hollywood | Frédéric Sojcher |
2009 | Thelma, Louise et Chantal | Benoît Pétré |
2010 | Biette | Pierre Léon |
2011 | Comme des frères | Hugo Gélin |
2012 | Rue Mandar | Idit Cebula |
2015 | Je veux être actrice | Frédéric Sojcher |