Diplômé des Beaux-Arts de Petrograd, Georges Annenkov devient décorateur pour le théâtre à Petersbroug en 1913. Passionné de peinture, il signe les portraits de peintres, écrivains et hommes politiques russes d'avant 1917, année où il embrasse la cause révolutionnaire.
Artiste protéiforme, tour à tour peintre officiel de la révolution d'Octobre (portraitiste de Lénine et Trotski), décorateur, régisseur, Annenkov s'ouvre au constructivisme et participe en 1920 aux "spectacles de masse à ciel ouvert" : L'Hymne au Labeur affranchi et surtout La Prise du Palais d'hiver et ses 8000 acteurs.
Contraint à l'émigration par Staline, Annenkov s'établit définitivement en France en 1924, après un bref séjour en Allemagne. A Paris, il retrouve écrivains et dramaturges russes en exil pour lesquels il conçoit décors et costumes (La Dame de Pique, Le Revisor, L'Evénement).
Peintre, décorateur et costumier, Georges Annenkov impose sa griffe sur le cinéma français entre 1934 et 1957 en travaillant notamment avec le réalisateur Max Ophuls.
Après un premier essai cinématographique en Allemagne (Faust - Eine deutsche Volkssage de Friedrich Wilhelm Murnau, 1926), Georges Annenkov, costumier de théâtre réputé, est appelé à collaborer aux productions de ses camarades d'exil : Alexis Granowsky (Les Nuits moscovites, 1934), Anatole Litvak (Mayerling, 1935), Fedor Ozep (Tarakanowa, 1937) et enfin Victor Tourjansky (Le Mensonge de Nina Petrovna, 1937 et Nostalgie, id.). En vingt-trois ans de carrière cinématographique, des Nuits moscovites à Montparnasse 19 (Jacques Becker, 1957), Georges Annenkov figure au générique de trente-cinq long métrages signés par les principaux réalisateurs de l'époque avec lesquels il collabore à plusieurs reprises : Georg Wilhelm Pabst (Mademoiselle Docteur, 1936 et Le Drame de Shangaï, 1938) ; Marcel L'Herbier qui partage avec lui un même engouement pour la stylisation (Nuits de feu, 1936 et L'Affaire du collier de la reine, 1945) ; Carmine Gallone (La Signora dalle camelie, 1947 ; La Leggenda di Faust, 1948 et Puccini, 1953) ; Jean Delannoy (Pontcarral, colonel d'Empire, 1942 ; L'Eternel retour, 1943 ; Le Bossu, 1944 et La Symphonie pastorale, 1946). Le travail d'Annenkov prend une toute autre dimension sous la direction de Max Ophuls (La Ronde, 1950 ; Le Plaisir, 1951 ; Madame de..., 1953 - qui lui vaut une nomination aux Oscars - ; et enfin Lola Montès, 1955). Réalisateur exigeant, Ophuls travaille en étroite collaboration avec Annenkov qui se voit consulter sur l'ensemble de l'élaboration des films, de la préparation à la réalisation finale.
Annenkov, qui a une haute estime pour son art, préfère l'appellation de "créateur de costumes" à celle de simple "costumier". Maîtrisant parfaitement un art qu'il considère complexe, à la jonction de plusieurs disciplines (telles la peinture, l'histoire du costume, la culture générale, la sociologie et la psychologie), Annenkov impose ainsi sa griffe sur les films d'époque de qualité. Artiste consciencieux, il habille chaque interprète, de la vedette aux figurants, avec une grande attention.
Par la qualité de son travail, Annenkov contribue à magnifier les jeunes vedettes de la période : Maria Casarès, en duchesse Sanseverina dans La Chartreuse de Parme (Christian-Jaque, 1947) ; Simone Signoret, en petite prostituée dans La Ronde ; Danielle Darrieux, en petite aristocrate de Mayerling ; Maria Mauban et sa somptueuse collection de robes dans Patrie (Louis Daquin, 1945), Jean Marais et son célèbre pull Jacquard dans L'Eternel retour.
Pour la littérature, Georges Annenkov illustre de nombreux livres pour des auteurs français ou russes ; à Berlin, en 1934, il publie sous le pseudonyme de B. Timiriazev un roman traduit en français sous le titre La Révolution derrière la porte (1994).
Tout au long de sa carrière cinématographique, il continue de travailler pour le théâtre (Le Gouffre en 1946), signant les costumes d'Apaches pour l'adaptation du roman de Francis Carco : Jésus la Caille, mis en scène par Pierre Valde en 1952.
En 1957, il retrouve Max Ophuls sur la scène du Théâtre National de Hambourg pour la pièce La Folle journée ou Le Mariage de Figaro.
George Annenkov avait pour projet de participer à une comédie musicale à Broadway, inspirée d'une nouvelle de Guy de Maupassant (La Maison Tellier), mise en musique par Dimitri Tiomkin (organisateur, sous le nom de Dimitri Temkine, des spectacles de masse de Petersbourg).
1926 | Faust - Eine deutsche Volkssage Faust | F.W. Murnau |
1934 | Nuits moscovites (Les) | Alexis Granowsky |
1935 | Mayerling | Anatole Litvak |
1936 | Mademoiselle Docteur = Salonique, nid d'espions | Georg Wilhelm Pabst |
1936 | Nuits de feu | Marcel L'Herbier |
1937 | Mensonge de Nina Petrovna (Le) | Victor Tourjansky |
1937 | Nostalgie | Victor Tourjansky |
1937 | Tarakanowa | Fedor Ozep |
1938 | Drame de Shanghaï (Le) | Georg Wilhelm Pabst |
1938 | Louise | Abel Gance |
1939 | Cavalcade d'amour | Raymond Bernard |
1941 | Duchesse de Langeais (La) | Jacques de Baroncelli |
1942 | Pontcarral, colonel d'Empire | Jean Delannoy |
1943 | Eternel retour (L') | Jean Delannoy |
1944 | Bossu (Le) | Jean Delannoy |
1945 | Affaire du collier de la reine (L') | Marcel L'Herbier |
1945 | Patrie | Louis Daquin |
1945 | Père Serge (Le) | Lucien Gasnier-Raymond |
1946 | Colère des dieux (La) | Carl Lamac |
1946 | Symphonie pastorale (La) | Jean Delannoy |
1947 | Chartreuse de Parme (La) | Christian-Jaque |
1947 | Signora delle camelie (La) Traviata | Carmine Gallone |
1948 | Leggenda di Faust (La) Satan conduit le bal | Carmine Gallone |
1949 | Lady Paname | Henri Jeanson |
1949 | Valse brillante (La) | Jean Boyer |
1950 | Ronde (La) | Max Ophuls |
1951 | Plaisir (Le) | Max Ophuls |
1952 | Puccini Puccini = Puccini, une vie d'amour | Carmine Gallone |
1953 | Grand jeu (Le) | Robert Siodmak |
1953 | Madame de... | Max Ophuls |
1953 | Raspoutine | Georges Combret |
1954 | Castiglione (La) | Georges Combret |
1954 | Due orfanelle (Le) Les Deux orphelines | Giacomo Gentilomo |
1954 | Tre ladri (I) Les Trois voleurs | Lionello De Felice |
1955 | Lola Montès | Max Ophuls |
1957 | Montparnasse 19 = Les Amants de Montparnasse | Jacques Becker |