Raymond Cauchetier entreprend des études d'ingénieur qu'il interrompt au début de la Seconde Guerre mondiale. Résistant, puis militaire, il est envoyé en 1951 en Indochine où il sert dans le service de presse des forces armées. Photographe autodidacte, on le charge, en l'absence d'un professionnel, de prendre des clichés des opérations militaires. Ses images vont être publiées dans le monde entier et donner lieu à la parution de l'album Ciel de guerre en Indochine, en 1953. A l'issue du conflit (en 1954), il reste sur place et réalise un second album intitulé Saïgon (1955).
Raymond Cauchetier est l'un des photographes emblématiques de la Nouvelle Vague.
Il débute au cinéma alors qu'il est encore en Indochine. Il y rencontre par hasard Marcel Camus qui l'engage pour les repérages puis le tournage du film Mort en fraude qu'il réalise en 1956. A son retour en France, Cauchetier se fait brièvement photographe de romans-feuilletons avant d'être à nouveau happé par le cinéma.
En douze courtes années, jusqu'en 1968, il fait un parcours extraordinaire. Il travaille en effet avec les plus grands cinéastes de la génération montante : Godard, Truffaut, Demy mais aussi Chabrol, Schoendoerffer, Rozier... Cauchetier adopte une posture radicalement nouvelle en matière de photographie de cinéma. Alors que dans la tradition américaine, le photographe capture très rapidement une scène juste après le " Coupez ! " du réalisateur, en faisant garder la pose aux comédiens, Cauchetier travaille en photo-journaliste. Ayant compris qu'il assiste " à une révolution de cinéma ", son oeuvre témoigne de l'inventivité des techniciens et du nouveau rôle assigné au réalisateur. Travail des équipes, conditions de tournage, portraits d'acteurs, tout y est présent à travers un regard renouvelé où il laisse libre cours à son instinct car selon lui " ce qui compte, c'est le flair, le regard, le sens du cadrage, le choix de l'instant. Ca ne s'explique pas, ça se ressent. " On lui doit parmi les plus célèbres photos de cinéma : Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg sur les Champs-Elysées dans A bout de souffle de Godard en 1959, le trio de Jules et Jim de François Truffaut (1961) courant sur un pont ou encore les portraits d'Anouk Aimée dans Lola de Jacques Demy (1960). Raymond Cauchetier a également été photographe sur des films de Jacques Rozier (Adieu Philippine, 1960), Jean-Pierre Melville (Léon Morin prêtre, 1961), Agnès Varda (Cléo de 5 à 7, 1961) ou Claude Chabrol (Landru, 1962).
Il interrompt cette activité en 1968 confronté à la double difficulté de faire reconnaître son statut d'auteur et de contrôler l'usage fait de ses images.
Plus de quarante ans après avoir mis un terme à sa carrière au cinéma, son travail de photographe de plateau, pour la défense duquel il s'est beaucoup investit, est reconnu mondialement de la profession et du grand public comme en témoigne l'exposition que lui consacre la célèbre académie des Oscars à Los Angeles en 2012 (Images of the French New Wave).
Amoureux de sa profession et farouchement attaché à son indépendance, Raymond Cauchetier choisit d'explorer d'autres facettes du métier de photographe. Il se consacre à l'une de ses passions d'enfance en photographiant le vaste complexe des temples d'Angkor. Féru d'art, il a photographié pendant des années les sculptures romanes dans toute l'Europe et travaille à l'informatisation de cette iconographie.
La liste des œuvres proposées ici est basée sur les collections des partenaires de Ciné-Ressources.
1968 | Baisers volés | François Truffaut | ||
1963 | Peau de banane | Marcel Ophuls | ||
1963 | Baisers : Baiser de Judas (Les) | Bertrand Tavernier | ||
1963 | Peau douce (La) | François Truffaut | ||
1963 | Baisers : Baiser de seize ans (Les) | Claude Berri | ||
1962 | Landru | Claude Chabrol | ||
1962 | Baie des Anges (La) | Jacques Demy | ||
1961 | Poupée (La) | Jacques Baratier | ||
1961 | Oeil du Malin (L') | Claude Chabrol | ||
1961 | Léon Morin prêtre | Jean-Pierre Melville | ||
1961 | Amour à vingt ans : Antoine et Colette (L') | François Truffaut | ||
1961 | Jules et Jim | François Truffaut | ||
1961 | Cléo de 5 à 7 | Agnès Varda | ||
1960 | Il suffit d'aimer | Robert Darène | ||
1960 | Lola | Jacques Demy | ||
1960 | Une femme est une femme | Jean-Luc Godard | ||
1960 | Adieu Philippine | Jacques Rozier | ||
1959 | A bout de souffle | Jean-Luc Godard | ||
1956 | Mort en fraude | Marcel Camus | ||
1943 | Domino | Roger Richebé |
Photographies numérisées visibles et dossiers de photographies consultables dans les médiathèques des institutions partenaires.