Formation
Tony Gatlif s'intéresse très tôt au cinéma par le truchement du ciné-club de son école. Il tombe amoureux de Brigitte Fossey, la petite fille de Jeux interdits (1951) de René Clément. Il poursuit ensuite des études aux Beaux-Arts à Paris, puis prend des cours d'art dramatique. Il débute en 1969 une carrière de comédien au théâtre et à la télévision.
Carrière au cinéma
En 1973, Tony Gatlif réalise un premier court-métrage, Max l'Indien. Il puise son inspiration dans ses origines algériennes et gitanes. La Terre au ventre (1978), son premier long métrage, dresse le portrait d'une famille dépassée par les événements de la guerre d'Algérie. Avec Les Princes (1982), il s'intéresse à une famille de Gitans sédentarisés dans une banlieue sans âme. Gatlif observe sans complaisance ces êtres marqués par les vicissitudes de la vie mais qui savent garder leur fierté. Le film reçoit de nombreux prix et connaît un franc succès auprès du public. Rue du départ (1986) confirme son attirance pour les communautés marginales, mais cette fois le réalisateur traite son sujet sur le ton du polar. En 1992 il consacre un documentaire à la communauté tsigane, Latcho Drom, et en 1994, il adapte un roman de Jean-Marie Le Clézio, Mondo. En 1997, il tourne Gadjo dilo, une plongée dans une communauté gitane en Roumanie. Les Tsiganes ne sont pas le sujet de Je suis né d'une cigogne (1998), mais le film est imprégné de leur esprit. Tourné au coeur de l'Andalousie, le sud profond où les codes de l'honneur prennent une telle proportion qu'ils peuvent amener à tuer, Vengo (1999), qui oscille entre la fiction et le documentaire, est l'aboutissement d'un désir qu'il avait depuis vingt ans de faire un film sur le flamenco. Le héros de l'histoire est le danseur et chorégraphe, Antonio Canales - Caco dans la fiction -, qui se trouve mêlé à une dette de sang avec une autre famille de gitans. Pour Gatlif, ce film est : " un cri, un chant, un hymne à l'amour, au deuil, au prix du sang. Un hymne à la Méditerranée. Swing (2001), à travers l'amitié de deux adolescents, Max fan de jazz manouche, et d'une fillette nommée Swing, raconte la découverte du monde des gitans, leur culture, leur histoire et leurs chants. Récompensé par le Prix de la mise en scène au festival de Cannes en 2004, Exils (2003) évoque le parcours de deux enfants d'exilés à la recherche de leurs origines. Cette histoire, est étroitement liée à son propre parcours et au désir de se pencher sur ses racines. Transylvania (2005), road-movie avec Asia Argento et Amira Casar, à mi-chemin entre le documentaire et la fiction et rythmée par la musique tsigane, parle d'une femme et de sa quête d'amour. Partie avec une amie en Roumanie pour retrouver l'homme qu'elle aime et qui l'a brutalement abandonnée, elle se laisse envoûter par la magie du pays et décide de tout envoyer promener. Pour la première fois Gatlif, parle d'un individu et non plus d'une ethnie ou d'un peuple. Aboutissement de 20 d'enquêtes , Tony Gatlif signe avec Liberté (2009) son film le plus militant. A travers le récit des heures tragiques d'une famille tsigane dans la France occupée, il nous plonge dans l'histoire terrible des persécutions et exactions perpétrées par le régime de Vichy à l'encontre des tsiganes de nationalité française. Parti de rien, autodidacte, Tony Gatlif est considéré comme le cinéaste qui construit, film après film, la mémoire du peuple auquel il appartient. Librement inspiré du livre Indignez-vous ! de Stéphane Hessel, Indignados (2011), présenté dans la section Panorama de la 62ème Berlinale, est le témoignage fictionné de ce qui se passe aujourd'hui, et nous plonge dans la réalité dense et palpable d'une Europe révoltée. Mélangeant fiction et documentaire, rythmé par une musique omniprésente, le film nous fait découvrir, à travers le regard et le voyage de Betty, jeune clandestine africaine, des hommes et femmes qui se dressent face à un système, pour juste pouvoir vivre.
Autres activités
Pour la télévision, Tony Gatlif réalise entre autres Lucumi, l'enfant rumbeiro de Cuba (1995) et I Muvrini (1996), un documentaire musical pour la chaîne Arte. Gatlif a co-signé la B. O. de certains de ses films, et fondé sa propre société de production, Princes Films. Il peint et dessine à la main ses "story-board".
Prix
- Meilleur réalisateur, 2004 au Festival International du Film (Cannes) pour le film : Exils
- Meilleure musique, 2001 au Césars du Cinéma Français pour le film : Vengo
- Meilleure musique, 1999 au Césars du Cinéma Français pour le film : Gadjo dilo