Jacno
Affichiste

Naissance
06 août 1904 à Paris (France)
Décès
23 février 1989 à Paris (France)
Liens familiaux
Ossip Jachnovitch, son père, est orfèvre. La fille adoptive de Marcel Jacno, Marie-Claire Négroni a géré avec son mari le comédien Jean Négroni la Maison des Arts et de la Culture de Créteil ; Eric Pascalis, son fils adoptif est dessinateur et designer. Corinne Juresco, petite nièce de Marcel Jacno est metteuse en scène et actrice pour le théâtre et le cinéma.

Formation

Autodidacte, Marcel Jacno entre dans l'univers des arts graphiques au milieu des années 1920, comme dessinateur dans une imprimerie au côté d'un peintre en lettres. A partir de 1925, il illustre de ses caricatures les nombreuses chroniques théâtrales que publie son ami d'enfance Pierre Lazareff dans Le Soir (Bruxelles) et Paris-Midi. En 1927, à seulement 23 ans, il participe à un concours d'affiches organisé par la firme Paramount. Remarqué parmi vingt-six autres illustrateurs (dont René Brantonne, Jean Chaperon, Jacques Colombier, André Galland, Maurice Toussaint et Roger Vacher), Marcel Jacno enchaîne l'année suivante de nombreux travaux pour la distribution cinématographique.

Carrière au cinéma

Représentant français de l'" Art publicitaire ", Marcel Jacno est un graphiste, designer et dessinateur de caractères d'imprimerie. Sous le nom de Jacno, il signe entre 1928 et 1931 plus d'une vingtaine d'affiches de films - principalement pour Cinélux - et illustre de nombreux matériels publicitaires pour Aubert-Franco-Film (Gaumont).
Jacno réalise sa première affiche pour Le Crime de Vera Mirtzewa (Rudolf Meinert et Giulio Antamoro, 1928), distribué conjointement par Les Sélections Cinégraphiques Maurice Rouhier et Cinélux - une société spécialisée dans la distribution de films pour petites salles et salles d'oeuvres (laïques et paroissiales). Les visages de Jean Angelo et Maria Jacobini occupent la moitié de l'affiche, en arrière-plan l'héroïne est représentée de trois quarts, pistolet à la main, la signature caractéristique de Jacno occupe le coin gauche. L'affichiste impose sa griffe, moderne et originale, à un univers graphique que dominent classicisme et réalisme. Pour Jacno, l'affiche de film doit répondre à deux objectifs : artistique et commercial. Simple et efficace elle doit frapper le regard. Visages expressifs, bandes verticales, camaïeux de couleurs et caractères stylisés, Jacno s'inspire de l'Avant-garde russe et soviétique. De La Valse d'adieu (Henry Roussel, 1927) à Force (John Cromwell, 1929), le procédé est toujours identique. Son affiche de La Valse d'adieu avec Pierre Blanchard au piano se distingue ainsi de celles proposées par Maurice Toussaint et Georges Braun. Si la palette de couleurs peut surprendre (bleu roi et noir), ces différentes maquettes révèlent que Jacno, contrairement aux usages, exécute à la fois illustration et conception graphique du titre et du bandeau (activité dévolue normalement au typographe). Pour le film de propagande coloniale Le Bled (Jean Renoir, 1929), Jacno fait une nouvelle fois preuve d'originalité et de hardiesse. Quand la plupart des représentations montrent le héros, l'acteur Enrique Rivero, à califourchon sur un chameau, Jacno affiche le visage de l'acteur maghrébin Aïssa Berardi coiffé d'un chèche et un titre aux caractères arabisants. Créatif, moderne, son style n'en finit pas de bousculer les codes. Véritable " oeuvre d'art ", son illustration de Steppe tragique (Iakov Protazanov, 1927) pour Aubert subjugue le journaliste Daniel Abric. Cette affiche " nous fait croire que nous reverrons, et avec plaisir, ce nom. Croyez-vous qu'il serait désagréable que les halls des cinémas devinssent de véritables salons de peinture, au lieu de nous offrir d'abominables collections de chromos sans goût. L'élan est donné, il ne faut pas que ce mouvement s'arrête ", espère le critique de Paris-Midi. Unique format horizontal de Jacno, son affiche de Rien que l'amour (Rowland V. Lee, 1928) est peut-être l'une de ses oeuvres les plus ambitieuses. Pour Paramount, il compose une affiche " possiblement influencée par le mouvement Constructiviste et les frères Sternberg en particulier " (Michel Wlassikoff, biographe de Marcel Jacno) : barrée de bandes bleues et orangées, l'illustration présente quatre personnages (cette fois en entier) disposés à la manière d'un collage. Jacno réalise en 1930 une série pour Cinélux de 12 affiches pour la re-sortie de courts métrages de Charlie Chaplin. Ne pouvant travailler à partir de photographies de promotion, il reproduit sur chacune d'elles le même portrait de Charlot ; et les différencie par une couleur spécifique et un dessin original. Deux de ces affiches (pour L'Imposteur et Une cure) seront sélectionnées à Munich pour la célébration du Centenaire de l'Affiche (Internationale Plakate) en 1971. Après une dernière série pour des westerns (Justice d'abord, Le Sauveur, Infamie et Vengeance sacrée), Marcel Jacno abandonne l'affiche de cinéma en 1931 à la suite d'un désaccord artistique avec un exploitant ou un distributeur (très certainement Cinélux). Il faut attendre 52 ans pour retrouver sa signature en bas d'une affiche de film. Pour Peter Brook, il conçoit celle de La Tragédie de Carmen (1982), avec l'actrice Hélène Delavault photographiée derrière un feu et un titre rouge reprenant les caractères du T.N.P., créés par Jacno.
Parallèlement à son activité d'affichiste, Marcel Jacno illustre les matériels publicitaires de la société Aubert-Franco-Film (Gaumont). Au total, Jacno collabore à 28 " notices d'exploitation " entre 1929 et 1930 de L'Appassionata à Quatre de l'infanterie en passant par Le Chevalier d'Eon, Waterloo et Loulou. Il y dessine des " pavés presse " - de petites illustrations publicitaires destinées à être reproduites dans les quotidiens - ainsi que des " projets de façades ". Simples peintures ou collages à l'entrée des cinémas, celles-ci peuvent s'évérer plus complexes, avec effets articulés, sonores ou lumineux (Coeur embrasé, Immoralité, La Merveilleuse Vie de Jeanne d'Arc, ou encore Princesse Oh la la).
En 1955, Jacno crée, à la demande d'Agnès Varda (alors photographe pour le T.N.P. et le festival d'Avignon), le générique de son premier film : La Pointe courte (1954).

Autres activités

Dans les années 1930, Marcel Jacno entreprend de réaliser des films d'animation. Assisté d'un technicien des studios Fleischer, il dessine des milliers de dessins, écrit scénarios et dialogues, conçoit le découpage et participe aux prises de vue. Inspiré par les aventures du clown Koko des frères Fleischer (Paramount), Jacno crée sa propre mascotte : Moko. Parmi ces projets de courts métrages, il conçoit de nombreuses séries publicitaires nommées " Idées-marques " ou " Notes-animées " (principalement pour les Galeries Barbès). Sur le modèle des " Bouncing balls ", Jacno imagine de petits films d'animation musicaux, une boule rebondissant sur les paroles d'une chanson pour donner le rythme. Ray Ventura devait enregistrer la musique composée par Jacno lui-même.
Toujours en quête d'innovation, Marcel Jacno dépose le brevet de " l'Affiche parlante " en 1934 pour la promotion du journal L'Intransigeant.
Marcel Jacno modernise l'imprimerie en créant de nombreux caractères pour la fonderie Deberny et Peignot. Il dessine notamment les caractères Film (1934) et Scribe (1936). Graphiste pour la presse écrite, il dessine de nombreux titres et caractères comme ceux du Nouvel Observateur (1966) et Ici-Paris. Devenu patron de presse, Lazareff lui confie le soin de créer ou redessiner titres et caractères du Journal du dimanche (1963) et de France-Soir (1969). Passionné de théâtre, Jacno crée pour Jean Vilar le logo du T.N.P. (1951) et signe la plupart des affiches.
Après-guerre, il se spécialise dans l'emballage et le flaconnage. Pour la S.E.I.T.A., Jacno modernise le paquet de Gauloises (1946), crée des packagings et flacons pour les parfums et cosmétiques Revillon (1953), Guerlain (1966) ou Chanel, pour lequel il redessine le flacon du mythique n° 5 (début des années 1970).
Marcel Jacno reçoit l'Oscar de la Publicité pour l'ensemble de son oeuvre en 1968.

Ouvrages

Liens Internet

La liste des oeuvres proposées ici est basée sur les collections des partenaires de Ciné-Ressources.

Affiches de films (classées suivant l'année de production des films)

1982 Tragédie de Carmen (La) Peter Brook
1927 Valse de l'adieu (La) Henry Roussell