Formation
Leos Carax suit des études de cinéma à l'université de Paris VII. Il assiste aux cours de Serge Toubiana et de Serge Daney, puis aux cours de technique et de pratique du cinéma de Steve Murez à l'American College of Paris. Il réalise deux courts métrages dont Strangulation Blues, remarqué et primé au festival d'Hyères en 1981.
Carrière au cinéma
En 1984, Leos Carax réalise son premier long métrage, Boy Meets Girl. Tourné en noir et blanc, ce film fait référence au cinéma muet, à l'univers de Jean Cocteau et au cinéma de Jean-Luc Godard. Considéré par la critique comme l'héritier de la Nouvelle Vague, Leos Carax ouvre de nouvelles voies au cinéma français, au même titre qu'un Jean-Jacques Beineix ou qu'un Luc Besson. Présentée à la Semaine de la critique à Cannes, cette errance nocturne romantique et tragique entre deux jeunes gens impressionne une large part de la presse.
Il retrouve son acteur fétiche, Denis Lavant (dont les personnages portent le prénom du réalisateur, Alex), pour Mauvais sang (1986), un thriller expressionniste et poétique avec Juliette Binoche, qui le révèle au grand public. Secret et mystérieux, le réalisateur cultive volontiers une image d'auteur maudit qui se dérobe à la presse et à son public, devenant le cinéaste culte d'une génération de cinéphiles. Ses films parlent de l'imposture, de la vieillesse, de la légèreté, de la manipulation.
En 1988, il commence le tournage des Amants du Pont-Neuf avec Juliette Binoche et Denis Lavant. Le budget est dépassé à cause de la reconstitution du pont en province, le projet est menacé d'asphyxie économique et il faut la mobilisation d'une partie de la profession pour qu'il soit achevé et sorte finalement en salle en 1991. Si la presse accueille favorablement cette ode lyrique dédiée à l'amour fou entre deux clochards magnifiques, le public boude et le film est un grave échec financier dont Carax aura du mal à se remettre. Après sa rupture avec Juliette Binoche, il s'enferme dans le silence. En 1994, quand elle reçoit son César pour Trois couleurs : bleu de Krzysztof Kieslowski, Binoche lui demande publiquement de revenir au cinéma : il faudra attendre 1999 pour qu'il tourne à nouveau.
Ce sera Pola X, adapté du roman Pierre ou les Ambiguïtés d'Herman Melville. Le film, présenté à Cannes, fait un flop : ni la critique ni le public ne comprennent la violence quasi tellurique qui se dégage de la descente dans les bas-fonds d'un jeune homme de bonne famille tel que mis en scène dans ce film. Carax en proposera une version plus longue pour la télévision sous le titre de l'oeuvre originelle.
Le réalisateur retourne dans le silence et il faut attendre 2008 pour découvrir son sketch du film collectif Tokyo ! dont Denis Lavant est l'interprète, dans le rôle trash et irrésistible de Monsieur Merde. Ledit Merde se retrouve dans Holy Motors (2012), nouveau long métrage du cinéaste à nouveau présenté à Cannes dont il repart bredouille mais dans l'enthousiasme quasi général de la presse. Centré sur un Denis Lavant qui multiplie les métamorphoses en endossant les identités les plus variées, Holy Motors rappelle l'extraordinaire virtuosité visuelle et narrative de Leos Carax.
Prix
- Léopard d'honneur, 2012 au Festival International du Film (Locarno)