Formation
Promis à une carrière d'ébéniste pour suivre les traces de son père, Marcel Carné se désintéresse de son apprentissage de la menuiserie et suit des cours de photographie aux Arts et Métiers, qu'il finance en étant agent d'assurances. Il rencontre par hasard l'épouse du cinéaste Jacques Feyder, Françoise Rosay, qui le recommande à son mari. Quelques mois plus tard, il est engagé comme assistant-réalisateur pour les Nouveaux Messieurs (1928). Simultanément, il participe à un concours de critique organisé par Cinéagazine et débute dans le journalisme. Il écrit ainsi dans les revues Hebdo-Film, Cinémonde ou encore Film-Sonore. Quelques économies lui permettent d'acheter sa première caméra. Il s'essaie au documentaire avec Nogent, El Dorado du dimanche (1929).
Carrière au cinéma
Séduit par les premiers pas de Marcel Carné, René Clair en fait son assistant dans Sous les toits de Paris (1930). Jusqu'en 1936, Marcel Carné reste dans l'ombre de ses aînés auprès desquels il apprend le métier de réalisateur. Il est le second de Jacques Feyder, qu'il considère comme son maître, à trois reprises : le Grand Jeu (1933), Pension Mimosa (1935) et la Kermesse héroïque (1935). Grâce à Feyder, Carné rencontre Jacques Prévert et réalise son premier long métrage, Jenny (1936), sur un scénario du poète. C'est le début d'une longue collaboration entre les deux hommes. Au souci méticuleux de Carné de donner à ses films la vérité et le réalisme des scènes tournées en extérieur, Prévert ajoute la poésie et l'humour. Le premier délaisse les studios, promène sa caméra dans la rue, le second invente des dialogues qui enveloppent l'image dans un écrin lyrique. Après Drôle de drame (1937), qui connaît un échec à sa sortie malgré les interprétations remarquables de Louis Jouvet, de Jean-Louis Barrault et de Michel Simon, Marcel Carné et Jacques Prévert donnent au cinéma français quelques-unes de ses plus belles réussites : Quai des brumes (1938), qui obtient le prix Louis Delluc la même année, Le jour se lève (1939), les Visiteurs du soir (1942), les Portes de la nuit (1946) et, bien sûr, les Enfants du Paradis (1943), chef-d'oeuvre incontesté qui cristallise toute l'originalité du cinéma de Carné. Il ne faut pas oublier le très émouvant Hôtel du Nord servi par une Arletty rayonnante, seul film de la période 1936-1946 où Prévert laisse la place au scénariste Henri Jeanson. Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, les canons du réalisme poétique n'ont plus cours ; Carné se sépare de Prévert et abandonne les grands thèmes de l'amour et du destin qui lui ont assuré son succès. Il se laisse tenter par des films plus froids où la rigueur et le réalisme ne sont plus tempérés par la folie et le manichéisme des personnages qu'il met en scène. La Marie du port (1949), avec Jean Gabin, et Thérèse Raquin (1953), avec Simone Signoret, sont loués pour leur construction solide et leur parfaite tenue. Mais le public est déçu de ne pas retrouver la marque du premier Carné. Le cinéaste connaît dorénavant des fortunes diverses. Malgré leur ambition d'approcher les problèmes de la jeunesse, les Tricheurs (1958), qui obtient pourtant un énorme succès, Terrain vague (1960) et les Jeunes Loups (1967) sont loin de faire l'unanimité. Comme pour Prévert, tout porte à croire que Carné survit mal à leur séparation. Malgré une fin de carrière en demi-teinte, Marcel Carné compte parmi les cinéastes français les plus importants du XXe siècle.
Autres activités
Marcel Carné est l'auteur du livre la Vie à belles dents (1975).
Prix
- Prix pour l'ensemble de la carrière, 1995 au EFA - European Film Academy
- Akira Kurosawa Award, 1991 au San Francisco International Film Festival
- LUCHINO VISCONTI AWARD, 1991 au David Di Donatello Awards
- César d'honneur, 1979 au Césars du Cinéma Français
- Lion d'or, 1971 au Mostra Internazionale d'Arte Cinematografica (Venezia)
- Lion d'argent, 1953 au Mostra Internazionale d'Arte Cinematografica (Venezia) pour le film : Thérèse Raquin
- Prix international de la mise en scène, 1938 au Mostra Internazionale d'Arte Cinematografica (Venezia)