Fils de comédiens, (son père, Vincenzo Leone, devient réalisateur en 1908 sous le nom de Roberto Roberti), Sergio Leone est dès l'enfance un familier des plateaux de cinéma. Sympathisant communiste, son père est interdit de tournage sous l'Italie fasciste de Mussolini. Sergio Leone travaille jusqu'au début des années 1950 comme assistant réalisateur de grands metteurs en scène italiens, Carmine Gallone, Mario Camerini ou Luigi Comencini. L'arrivée d'équipes hollywoodiennes venues tourner à moindre frais aux studios de Cinecittà l'amène à collaborer à des superproductions historiques américaines : Quo Vadis de Mervyn LeRoy (1950) ou Ben-Hur de William Wyler (1958), qui lui confie la mise en place de la célèbre séquence de la course de chars. Fort de cette expérience des films à grand spectacle, Leone remplace à la réalisation Mario Bonnard, tombé malade, sur le tournage du film Les Derniers jours de Pompéi (1959), qui remporte un grand succès commercial.
Considéré comme l'inventeur du "western spaghetti", Sergio Leone a questionné dans son oeuvre les mythes fondateurs de l'Amérique.
Sergio Leone tourne en 1960 avec succès son premier film en tant que réalisateur à part entière, Le Colosse de Rhodes. Dans ce péplum doté d'un très gros budget, il insère des éléments parodiques tout en respectant les règles du genre. Mais au début des années 1960, l'industrie cinématographique italienne est en crise et le filon des péplums épuisé. Le " western européen " a le vent en poupe. Sergio Leone va réinventer ce genre emblématique de l'Amérique, moribond dans son pays d'origine. Il deviendra célèbre en portant à son sommet le " western spaghetti " (terme inventé par la critique), tourné essentiellement dans les studios romains de Cinecittà et en Espagne pour les extérieurs. Au centre de l'oeuvre de Leone, on trouve deux trilogies. La première, dite " trilogie du dollar ", est inaugurée en 1964 par un film à petit budget qui sera un succès mondial : Pour une poignée de dollars, transposition du film de Akira Kurosawa, Le Garde du corps (1961), dont il garde le personnage du samouraï errant transposé au Far West. Suivront Et pour quelques dollars de plus (1965) et Le Bon, la brute et le truand (1966). Le personnage de "l'homme sans nom "fait le lien entre les trois films, tour à tour justicier défenseur de l'opprimé, chasseur de primes, et as de la gâchette à la recherche d'un chargement d'or sur fond de Guerre de Sécession. Pour l'incarner, Sergio Leone découvre un jeune homme à l'allure élégante qui a " une curieuse façon de marcher avec un air fatigué ", l'acteur Clint Eastwood. Avec lui, il crée un personnage taciturne, sorte de cow-boy fantomatique et mystérieux, au cynisme très éloigné des cow-boys américains du western classique. Le cinéaste prend comme collaborateurs le décorateur et costumier Carlo Simi et le compositeur Ennio Morricone qui signera la bande originale de tous ses autres films, avec ses mélopées inoubliables. Nourri de cinéma américain, Sergio Leone retrace à travers ses films les grands moments de l'histoire américaine, sur lesquels il porte ses fascinations, ses rêves, et son regard personnel. Tout en reprenant les thèmes des grands westerns classiques, il reconstruit l'histoire américaine, depuis la conquête de l'Ouest sauvage au début du XIXe siècle jusqu'à l'Amérique moderne des années 1960, en proposant sa propre interprétation du mythe américain. La seconde trilogie de Leone commence en 1968 avec Il était une fois dans l'Ouest . Le film a pour cadre la construction du chemin de fer vers l'océan Pacifique, entraînant la confiscation des terres aux fermiers. Leone filme l'avènement de la Grande Amérique industrielle et capitaliste à travers un jeu de massacre. Héros sans nom (surnommé Harmonica), Charles Bronson incarne un personnage ténébreux, face à un Henry Fonda (figure archétypale et héroïque des grands westerns classiques) ici à contre-emploi dans le rôle d'un tueur à gages. Devant le succès triomphal du film, les producteurs imposent à Leone un nouveau western, Il était une fois la révolution (1971), relatant la rencontre improbable entre un pilleur de diligences et un révolutionnaire irlandais pendant la révolution mexicaine en 1913. Plébiscité par le public et la critique, le film sera néanmoins suivi d'un silence de 10 ans. En 1982, Leone réalise enfin le film qu'il porte en lui depuis longtemps, adapté des mémoires d'un petit gangster new-yorkais, Il était une fois en Amérique. Cette histoire d'amitié trahie entre gangsters, prodigieusement incarnée par Robert De Niro et James Woods, est construite en dehors de toute chronologie, sur une série de flashbacks et de flashforwards, mêlant trois époques et passant de l'une à l'autre à travers un montage qui ne répond qu'aux mécanismes de la mémoire du héros.
Sergio Leone utilise dans ses films des cadrages très travaillés, parfois insolites, pour imposer au spectateur son espace, comme des vues interstitielles au travers de fentes et autres ouvertures. Ses décors, traités comme de vrais personnages, ont une fonction narrative essentielle, comme la gare et l'éolienne de Il était une fois dans l'Ouest . Leone utilise toute l'échelle des plans, en particulier les gros et très gros plans et scrute les regards comme s'il s'agissait de paysages. À ces gros plans, il associe le hors-champ, pour obtenir un étirement de l'espace (la fumée du cigarillo introduisant le personnage de Clint Eastwood). Il tourne dans le mouvement, avec de nombreux plans-séquence dans lesquels il ménage des moments de pause ou des inserts. Sergio Leone maîtrise aussi le temps. Il passe très souvent d'une action rapide à un ralentissement inattendu (dans les duels par exemple). Il utilise le flash-back et l'ellipse, manipulant la biographie de ses personnages. La musique est fondamentale dans ses films, elle construit l'action et possède une fonction dramaturgique. Elle dilate le temps (la sonnerie du téléphone dans Il était une fois en Amérique), ou identifie les personnages par des thèmes récurrents. Leone utilise beaucoup les figures de rhétorique, comme l'oxymore, l'association du contradictoire (un air doux et mélancolique accompagnant une scène de torture), ou la métonymie (désignant un tout par une partie) comme le cigarillo et le poncho de Clint Eastwood. Le style de Leone se caractérise par le goût de l'excès. Les personnages agissent avec une violence crue montrée sans fard, que le cinéaste place au fondement même de l'Amérique. Le pessimisme qui se dégage de ses films témoigne au final d'une désillusion profonde vis-à-vis d'une Amérique présentée comme un rêve, et qui se révèle être un milieu hostile et brutal. Sergio Leone meurt en 1989. Son rêve de réaliser Les 900 jours de Leningrad, d'après le roman du journaliste américain Harrison Evans Salisbury, allait enfin se concrétiser.
1959 | Ultimi giorni di Pompei (Gli) Les Derniers jours de Pompeï | Mario Bonnard, Sergio Leone |
1960 | Colosso di Rodi (Il) Le Colosse de Rhodes | Sergio Leone |
1961 | Sodoma e Gomorra Sodome et Gomorrhe | Sergio Leone, Robert Aldrich |
1964 | Per un pugno di dollari Pour une poignée de dollars | Sergio Leone |
1965 | Per qualche dollaro in più Et pour quelques dollars de plus | Sergio Leone |
1966 | Buono, il brutto, il cattivo (Il) Le Bon, la brute et le truand | Sergio Leone |
1968 | C'era una volta il West Il était une fois dans l'Ouest | Sergio Leone |
1970 | Giù la testa Il était une fois la révolution | Sergio Leone |
1971 | 12 dicembre | Luigi Magni, Elio Petri, Sergio Leone, [etc.] |
1982 | Once Upon a Time in America Il était une fois en Amérique | Sergio Leone |
1946 | Rigoletto | Carmine Gallone |
1948 | Leggenda di Faust (La) Satan conduit le bal | Carmine Gallone |
1949 | Forza del destino (La) | Carmine Gallone |
1949 | Trovatore (Il) | Carmine Gallone |
1950 | Brigante Musolino (Il) Mara, fille sauvage | Mario Camerini |
1950 | Quo Vadis | Mervyn LeRoy |
1950 | Taxi di notte Taxi de nuit | Carmine Gallone |
1950 | Voto (Il) | Mario Bonnard |
1952 | Jolanda la figlia del corsaro nero | Mario Soldati |
1952 | Tratta delle bianche (La) Traite des blanches | Luigi Comencini |
1952 | Tre corsari (I) Les Trois corsaires | Mario Soldati |
1953 | Frine, cortigiana d'Oriente Phryné, courtisane d'Orient | Mario Bonnard |
1953 | Uomo, la bestia e la virtu (L') | Steno |
1954 | Hanno rubato un tram | Aldo Fabrizi |
1954 | Helen of Troy Hélène de Troie | Robert Wise |
1954 | Questa è la vità : La Patente | Luigi Zampa |
1954 | Tradita Haine, amour et trahison | Mario Bonnard |
1955 | Ladra (La) Les Anges aux mains noires | Mario Bonnard |
1955 | Quai des illusions | Emile Couzinet |
1956 | Mi permette babbo ! | Mario Bonnard |
1957 | Maestro (Il) | Aldo Fabrizi |
1958 | Afrodite, dea dell'amore L'Esclave de l'orient | Mario Bonnard |
1958 | Ben-Hur | William Wyler |
1958 | Nun's Story (The) Au risque de se perdre | Fred Zinnemann |
1958 | Nel segno di Roma Sous le signe de Rome | Guido Brignone |
1959 | Ultimi giorni di Pompei (Gli) Les Derniers jours de Pompeï | Mario Bonnard, Sergio Leone |
1960 | Colosso di Rodi (Il) Le Colosse de Rhodes | Sergio Leone |
1961 | Romolo e Remo Romulus et Rémus | Sergio Corbucci |
1964 | Per un pugno di dollari Pour une poignée de dollars | Sergio Leone |
1965 | Per qualche dollaro in più Et pour quelques dollars de plus | Sergio Leone |
1966 | Buono, il brutto, il cattivo (Il) Le Bon, la brute et le truand | Sergio Leone |
1968 | C'era una volta il West Il était une fois dans l'Ouest | Sergio Leone |
1970 | Giù la testa Il était une fois la révolution | Sergio Leone |
1982 | Once Upon a Time in America Il était une fois en Amérique | Sergio Leone |
1986 | Troppo forte | Carlo Verdone |
1965 | Per qualche dollaro in più Et pour quelques dollars de plus | Sergio Leone |
1966 | Buono, il brutto, il cattivo (Il) Le Bon, la brute et le truand | Sergio Leone |
1968 | C'era una volta il West Il était une fois dans l'Ouest | Sergio Leone |
1970 | Giù la testa Il était une fois la révolution | Sergio Leone |
1973 | Mio nome è nessuno (Il) Mon nom est personne | Tonino Valerii |
1977 | Gatto (Il) Qui a tué le chat ? | Luigi Comencini |
1978 | Giocattolo (Il) Un jouet dangereux | Giuliano Montaldo |
1980 | Un sacco bello | Carlo Verdone |
1986 | Troppo forte | Carlo Verdone |
1973 | Mio nome è nessuno (Il) Mon nom est personne | Tonino Valerii |
1975 | Un genio, due compari e un pollo Un génie, deux associés, une cloche | Damiano Damiani |
1981 | Bianco, rosse e verdone | Carlo Verdone |
1960 | Sette sfide (Le) Ivan le conquérant | Primo Zeglio |
1961 | Romolo e Remo Romulus et Rémus | Sergio Corbucci |
1962 | En avant la musique | Giorgio Bianchi |
1962 | Verdi bandiere di Allah (Le) Les Canons de San Antioco | Guido Zurli |
1975 | Un genio, due compari e un pollo Un génie, deux associés, une cloche | Damiano Damiani |
1980 | Un sacco bello | Carlo Verdone |
1941 | Bocca sulla strada (La) | Roberto Roberti |
1947 | Ladri di biciclette Le Voleur de bicyclette | Vittorio De Sica |
1978 | An Almost Perfect Affair | Michael Ritchie |
1985 | Bellissimo : Immagini del cinema italiano | Gianfranco Mingozzi |