Formation

Après une enfance passée en Afrique auprès de parents missionnaires luthériens, Sven Nykvist étudie la photographie à Stockholm. Après ses études, il entre à l'école municipal de Photographie de Stockholm. Il débute sa carrière comme assistant opérateur pour les studios suédois Sandrews sur En fattig miljonär (Lennart & Sigurd Wallén, 1941) et General von Döbeln (Olof Molander, 1942), puis part comme photographe à la Cinecitta, à Rome, pendant neuf mois. De retour en Suède, à l'âge de vingt-trois ans, il se voit confier la photographie de films documentaires Östersjöns nyckel (Carl-Åke Wadsten, 1943), En Stockholmssilhuett (Bibi Lindström, 1943) et de fictions I mörkaste Småland (Schamyl Bauman, 1943), Barnen från Frostmofjället (Rolf Husberg, 1944).

Carrière au cinéma

En 1948, il part pour le Congo avec l'acteur Olof Bergström, réalise plusieurs documentaires, I fetischmannens spår (Sur les traces de l'homme fétiche), sur l'impact des missions chrétiennes en Afrique, Bisi Congo (1950), un reportage sur le Congo d'hier et d'aujourd'hui, In the Footsteps of the Witch Doctor (1950), Vördnad för livet (1952) consacré au philosophe, médecin Albert Schweitzer, sa vie et son œuvre, et Landet under ekvatorn (1953), qui montre le travail et la vie quotidienne des gens au Congo. Il co-réalise avec Bergström en 1952 Under Södra korset, où un missionnaire suédois âgé visite le Musée ethnographique de Stockholm et se souvient de son séjour en Afrique, le film qui remporte un succès critique. Indissociable de l'oeuvre d'Ingmar Bergman, Sven Nykvist a acquis une réputation internationale grâce à une utilisation remarquable de la lumière. Nykvist a déjà plusieurs longs métrages et documentaires tournés en Afrique derrière lui lorsqu'il rencontre Bergman. Décisive, leur rencontre en 1953 est pourtant le fruit du hasard. Nykist est, en effet, chargé de remplacer au pied levé le chef opérateur pour les scènes d'intérieur de La Nuit des forains (1953). Soucieux tous deux de la lumière, de l'atmosphère et de l'expression des sentiments, ils apprennent à s'apprécier sur le tournage, mais le chef opérateur attitré de Bergman est alors Gunnar Fischer. Il faut attendre La Source, en 1959, pour que débute une véritable collaboration. Les Communiants (1962), en le faisant sortir de la lumière artificielle des studios, marque une première étape dans l'évolution de son style. Bergman et Nikvist découvrent ensemble la couleur avec Toutes ces femmes (1963). Qu'il s'agisse des gros plans de Persona (1965), où la lumière brûle l'image, de la prédominance du rouge dans Cris et Chuchotements (1971), de la description d'un Berlin hideux, submergé par la folie, dans L'Oeuf du serpent (1976), ou encore des gris nuancés de De la vie des marionnettes (1979), la maîtrise technique de Nykvist fait corps avec l'univers de Bergman. Il réalise Lianbron (1965), avec Harriet Andersson, sur un couple de scientifiques suédois qui va dans un petit village africain pour lutter contre le paludisme. En 1977, il co-réalisé avec Ingrid Thulin et Erland Josephson En och en. A partir de Last Run (Richard Fleischer, 1971), son premier film étranger, la carrière de Sven Nikvist se divise entre les films suédois d'Alf Sjöberg (Barabbas, 1953 ; Domaren, 1960), d'Arne Mattson (Får jag låna din fru? , 1959) de Mai Zetterling (Älskande par, 1964), de Jörn Donner ((Att älska, 1964), 1964), de Vilgot Sjöman (Klänningen, 1963), aussi avec Bergman, et les films internationaux avec des réalisateurs comme Louis Malle (Black moon, 1975), Roman Polanski (Le Locataire, 1976), Bob Rafelson (Le Facteur sonne toujours deux fois, 1981), Volker Schlöndorff (Un amour de Swann, 1983), Andreï Tarkovski (Le Sacrifice, 1986), Woody Allen(Une autre femme, 1988 ; Crimes et délits, 1989), Lasse Hallström (Gilbert Grappe, 1993), Philip Kaufman (L'Insoutenable Légèreté de l'être, 1988), Bob Fosse (Star 80, 1982), Norman Jewison (Agnes of God, 1985) ou encore Liv Ullmann (Kristin Lavransdatter, 1994). Sa dernière réalisation Oxen (1991), avec Max von Sydow et Liv Ullmann, un drame se déroulant dans le sud rural de la Suède, a été nominé pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Sa carrière a pris fin brutalement en 1998 quand il a été diagnostiqué aphasique. Sven Nikvist est l'un des rares techniciens étrangers à être membre de l'American Society of Cinematographers.

Autres activités

Il a réalisé pour la télévision Kallelsen (La Vocation, 1973), un montage de films et de vues fixes pris par son père durant les années qu'il passa au début du XXe siècle comme missionnaire au Congo.
Il a écrit un livre sur Albert Schweitzer Resan till Lambarene/Journey to Lambarene (1959).
Son autobiographie Vördnad för ljuset (Révérence pour la lumière) a été publiée en 1997.

Prix

• Prix pour l'ensemble de l'oeuvre, 1996 au ASC - American Society of Cinematographers
• Prix pour l'ensemble de l'oeuvre, 1993 au Camerimage (Torun, Pologne)
• Prix pour l'ensemble de l'oeuvre, 1991 au Telluride Film Festival (Colorado)
• Meilleure photographie, 1989 au Film Independent Spirit Awards pour le film : L'Insoutenable Légèreté de l'être
• Meilleure photographie, 1989 au Boston Society of Film Critics Awards pour le film : L'Insoutenable Légèreté de l'être
• Meilleure photographie, 1986 au Festival de Cannes pour le film : Le Sacrifice
• Meilleure photographie, 1984 au BAFTA - The British Academy of Film and Television Arts pour le film : Fanny et Alexandre
• Meilleure photographie, 1984 au AMPAS - Academy of Motion Picture Arts and Sciences pour le film : Fanny et Alexandre
• Meilleure photographie, 1983 au BSC - The British Society of Cinematographers pour le film : Fanny et Alexandre
• Meilleure photographie, 1983 au Los Angeles Film Critics Association Awards pour le film : Fanny et Alexandre
• Meilleure photographie, 1976 au Césars du Cinéma Français pour le film : Black Moon
• Meilleure photographie, 1974 au AMPAS - Academy of Motion Picture Arts and Sciences pour le film : Cris et Chuchotements
• Prix spécial du jury, 1973 au Guldbagge Awards
• Meilleure photographie, 1972 au NSFC Award - National Society of Film Critics Awards pour le film : Cris et Chuchotements