Formation
Marcel Ophuls suit l'exil de sa famille en France et aux Etats-Unis. De retour à Paris en 1950, il étudie la philosophie qu'il abandonne pour devenir l'assistant de Julien Duvivier, d'Anatole Litvak, et de son père Max sur Lola Montès (1955). Il travaille un temps à la télévision allemande.
Carrière au cinéma
Marcel Ophuls réalise le sketch français de L'amour à vingt ans (1962) puis deux comédies de tradition hollywoodienne : Peau de banane (1963) et Feu à volonté (1965). Mais c'est le scandale suscité par Le chagrin et la pitié (1971) qui le rend célèbre. Conçu pour la télévision, ce film fleuve est longtemps interdit d'antenne en France et est d'abord diffusé - avec un grand succès - dans les salles de cinéma Art et Essai. Marcel Ophuls détruit bien des mythes en faisant la chronique d'une ville française pendant l'Occupation, Clermont-Ferrand, à l'aide de bandes d'actualités et de témoignages. Impressionnant travail de montage, le film, en montrant l'absence d'héroïsme des Français sous la botte nazie, propose une perception de l'histoire qui s'appuie sur des comportements individuels et interroge la mémoire collective. Il renouvelle sa performance avec un film sur le procès de Nuremberg (The memory of justice, 1976) et avec un rigoureux document sur le procès du criminel de guerre Klaus Barbie (Hôtel Terminus, 1988). Toujours sur la brèche, il signe Veillée d'armes, histoire du journalisme en temps de guerre (1995), film d'une durée de 3 h 30 inspiré par la tragédie bosniaque. L'oeuvre de Marcel Ophuls, documentariste qui rêve de fiction, révèle non seulement un témoin patient et obstiné, mais aussi un cinéaste inventif qui brise les conventions du genre. Hostile à la notion de cinéma vérité, il affiche ostensiblement son parti pris de la dramatisation et parfois de l'autodérision.